Fukushima
Ville du Japon, dans le nord de l'île de Honshu, chef-lieu de préfecture ; centre industriel.
- Population : 292 280 hab. (recensement de 2010)
L’accident nucléaire de Fukushima
Fukushima-Daiichi est une centrale nucléaire située au bord de l’océan Pacifique à une cinquantaine de kilomètres au sud-est de la ville de Fukushima, sur la côte est de l’île de Honshu (environ 200 km au nord-est de Tokyo, → Japon). L’accident survenu le 11 mars 2011 sur quatre des six réacteurs de la centrale, à la suite d’un séisme de magnitude 9 sur l’échelle de Richter et d’un tsunami subséquent, est le plus sérieux de l’histoire du nucléaire civil depuis l’accident de Tchernobyl en 1986.
1. Les caractéristiques de la centrale nucléaire de Fukushima-Daiichi
La centrale de Fukushima-Daiichi, également appelée Fukushima I, comprend six réacteurs à eau bouillante (REB), de type Mark I pour les réacteurs n°1 à 5 et Mark II pour le réacteur n°6. Ils ont été construits par trois sociétés différentes : la firme américaine General Electric (réacteurs 1, 2 et 6) et les firmes japonaises Toshiba (réacteurs 3 et 5) et Hitachi (réacteur 4). À leur mise en service, respectivement en 1970, 1973, 1974, 1978, 1977 et 1979, la première tranche permettait de produire 439 MWe, les 2e, 3e, 4e et 5e tranches 760 MWe, et la 6e tranche, plus puissante, 1 067 MWe.
C’est la première centrale construite et exploitée par la compagnie d’électricité japonaise Tokyo Electric Power Company (TEPCO) – l’une des dix compagnies d’électricité du Japon. TEPCO exploite également la centrale nucléaire de Fukushima-Daini (aussi appelée Fukushima II), située à une dizaine de kilomètres plus au sud.
Au moment du séisme et du tsunami, seuls les réacteurs 1, 2 et 3 de la centrale Fukushima-Daiichi étaient en service (les trois autres étaient arrêtés pour maintenance). Bien qu’ils aient été immédiatement arrêtés, les pertes de l’alimentation électrique et des moyens de refroidissement des réacteurs, dus conjointement au séisme et au tsunami, ont abouti à une situation de crise nucléaire.
2. L’accident nucléaire du 11 mars 2011
Le 11 mars 2011, un séisme de magnitude 9 sur l’échelle de Richter frappe la côte est de l’île de Honshu. Ce séisme, dont l’épicentre est situé en mer, provoque un tsunami qui dévaste la côte (la vague initiale et celles dues aux répliques du séisme atteignant une hauteur d’environ 14 mètres), en particulier sur la partie nord, faisant plus de 25 000 morts et disparus.
Parmi les nombreuses centrales nucléaires implantées le long de cette côte, celle de Fukushima-Daiichi, conçue pour résister à un séisme de magnitude 7 sur l’échelle de Richter, subit les plus gros dégâts. Les réacteurs 1, 2 et 3 en service au moment du séisme sont immédiatement stoppés, mais la centrale perd rapidement son alimentation électrique et ses moyens de refroidissements des réacteurs (ainsi que des piscines d’entreposage du combustible). Or, même si les réactions de fission sont stoppées, le combustible dans les réacteurs doit être refroidi en permanence, sinon la température augmente dans les cœurs au point de les faire fondre partiellement, puis complètement. C’est ce qui s’est passé pour les cœurs des réacteurs 1, 2 et 3, dont une grande partie du combustible a fondu, formant un corium (mélange liquide de très haute température, de l’ordre de 3 000 °C, composé des matériaux provenant du combustible nucléaire, des gaines qui le contiennent initialement et des aciers constituant les structures du cœur). Ce corium a percé les cuves des réacteurs qui ne sont plus étanches et laissent s’échapper de l’eau contaminée par des radioéléments (→ radioactivité).
Une zone d’exclusion de 20 kilomètres autour du site de la centrale a été décrétée, impliquant l’évacuation d’environ 80 000 personnes.
En août 2011, la situation des réacteurs est enfin stabilisée et les piscines d’entreposage du combustible sont à nouveau correctement refroidies. Toutefois, les trois réacteurs accidentés et la piscine d’entreposage du combustible du réacteur n°4 (fortement endommagée) doivent toujours être refroidis par un arrosage externe.
L’eau déversée sur les réacteurs pour les refroidir a été contaminée au contact des produits de fission, et leur récupération et surtout leur décontamination restent très difficile. La société TEPCO a fait appel à plusieurs prestataires, dont le consortium français Areva et l’entreprise américaine Kurion, pour monter une unité de décontamination de cette eau hautement radioactive (qui contient notamment du césium 139). Une fois décontaminée, cette eau pourra être réutilisée pour refroidir les réacteurs. Il reste cependant de ce processus de décontamination, des boues très radioactives qu’il faut stocker pour une très longue durée.
3. Les conséquences de l’accident de Fukushima
Le bilan de l’accident de la centrale de Fukushima-Daiichi est encore provisoire, mais certains éléments permettent néanmoins de donner une estimation de l’ampleur de la catastrophe, classée niveau 7 – le plus élevé – sur l'échelle internationale INES (→ accident nucléaire). L’un des enjeux principaux de la gestion de cette crise consiste en l’évacuation des combustibles entreposés dans les piscines des réacteurs 1 à 4, ce qui nécessite au moins un à deux ans. À plus long terme, le démantèlement complet des installations et l’assainissement du site s’étaleront sur 10 à 20 ans.
3.1. Conséquences médicales et sanitaires
S’il n’est à déplorer aucun décès directement lié à l’accident nucléaire, une trentaine de pompiers et liquidateurs sont intervenus sur le site de la centrale sans protection suffisante et ont reçu des doses de radioactivité telles qu’ils ont considérablement augmenté le risque de contracter un cancer dans les prochaines années. Par ailleurs, plus de 3 000 personnes se sont déjà succédées sur le site de la centrale, principalement pour refroidir les différentes installations. Ces personnes, bien que percevant de faibles doses de radioactivité, devront faire l’objet d’une enquête épidémiologique pour étudier les risques associés à une contamination par faible dose sur le long terme.
Des conséquences sanitaires à long terme et un suivi médical des personnes ayant été évacuées autour de la zone d’exclusion de la centrale (près de 80 000 personnes), sont également à prévoir.
Pour en savoir plus, voir l'article irradiation.
3.2. Conséquences environnementales
Des rejets atmosphériques d’éléments radioactifs continuent d’être émis et ces émissions se poursuivront jusqu’à l’arrêt complet des réactions de fission du combustible des réacteurs concernés ou jusqu’à la construction d’une « couverture » stoppant ces émissions. Les retombées radioactives atmosphériques, en particulier au cours des premiers mois qui ont suivis l’accident, ont contaminé de manière non uniforme les végétaux cultivés et les pâturages autour de la centrale sur un rayon d’environ 20 km. De grandes quantités de paille de riz, utilisée pour nourrir le bétail, ont notamment été contaminées, entraînant l’abattage d’environ 3 000 bêtes nourries par ce fourrage.
Par ailleurs, les rejets d’eau contaminée dans l’océan, principalement au cours des premiers mois qui ont suivi l’accident, constituent une autre voie importante de contamination (notamment de la faune et de la flore côtières). Le stockage et le traitement de l’eau contaminée sur le site depuis le mois de juillet permettent toutefois de limiter ces rejets.
3.3. Conséquences socio-économiques
L’accident de Fukushima-Daiichi a bien entendu des conséquences économiques, liées à la perte d’exploitation de la centrale, aux coûts de sa stabilisation et de son futur démantèlement…, mais aussi des coûts liés à l’indemnisation des victimes de l’accident nucléaire : des milliers de personnes ne pourront revenir chez eux avant plusieurs années.
3.4. Conséquences politiques
Un rapport du gouvernement japonais reconnaît que l’archipel n’était pas préparé à un accident de cette ampleur qui a largement dépassé les prévisions. Il conclut qu’il est désormais nécessaire de séparer l’Agence de sûreté nucléaire et industrielle, chargée de superviser les centrales nucléaires, du ministère de l’Industrie dont elle dépend aujourd’hui.
Plus profondément, cet accident nucléaire a également entraîné une remise en question du nucléaire civil au Japon et à travers le monde. Le premier ministre japonais, Naoto Kan, a notamment déclaré que le Japon « devrait construire une société qui n’est pas dépendante de l’énergie nucléaire ». Par ailleurs, il a dû démissionner sous la pression, en raison de sa gestion très critiquée de l'après-tsunami. En attendant l’éventuelle sortie du nucléaire du Japon, le gouvernement japonais a demandé de nouveaux tests de résistance de l’ensemble des centrales nucléaires japonaises.
Pour en savoir plus, voir les articles risque, environnement.