structure

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la philosophie ».


Du latin struere, « disposer en piles, construire ». En allemand, Struktur ; Bau (n. masc.), Aufbau (n. masc.), de bauen, « construire ».

Psychanalyse

Chez Freud, organisation d'un ensemble biologique ou psychique en parties, et relations des parties entre elles. Le terme est parfois synonyme de « topique », mais ce dernier prévaut pour signifier les lieux de l'appareil psychique.
Chez Lacan, le terme est spécifié par les théories linguistique et anthropologique. Il introduit à une psychanalyse structurale.

Connaissant la distinction biologique structure / fonction, Freud oppose, dès 1891, le point de vue « fonctionnel » au point de vue « topique » des localisations cérébrales(1). Puis l'échec de la cure de Dora est imputé à l'investigation de « la structure interne d'un cas d'hystérie »(2) : la dynamique du transfert a échappé. Désormais, les facteurs temporel et énergétique du psychisme – la dynamique – prévalent sur le facteur structural ou topique.

La cure comme expérience de parole et la rhétorique de l'inconscient (déplacement, condensation), plus les acquis de la linguistique structurale (Saussure, Jakobson) amènent Lacan à une psychanalyse structurale. L'élément susceptible de figurer dans des lois est le signifiant, défini comme coupure laissant choir un objet perdu – le signifié. Trait unitaire par lequel un sujet s'identifie à un autre, selon Freud, « le signifiant, c'est ce qui représente un sujet pour un autre signifiant »(3). Quatre termes : objet perdu (a), sujet barré par l'ordre signifiant ($), chaîne des signifiants déroulée (S1) et signifiant suivant (S2), nécessaire puisque chacun n'existe que dans sa relation aux autres, constituent une première structure. Lacan lui confère des interprétations topologiques, puis l'enrichit d'autres objets formels, dont le nœud borroméen, Réel, Symbolique, Imaginaire.

Associant à toute structure une dynamique sous-jacente(4), le concept mathématique de stabilité structurelle devrait permettre de surmonter le conflit entre historicité de la dynamique et statique de la structure.

Michèle Porte

Notes bibliographiques

  • 1 ↑ Freud, S., Résumés des travaux scientifiques du Dr. Sigm. Freud Privatdocent, 1897, in Œuvres complètes, Psychanalyse, III, PUF, Paris, 1989, pp. 181-213.
  • 2 ↑ Freud, S., Bruchstück einer Hysterie-Analyse (1901-1905), « Fragment d'une analyse d'hystérie », in Cinq Psychanalyses, PUF, Paris, 1970, pp. 6 et 83-89.
  • 3 ↑ Lacan, J., Écrits, Seuil, Paris, 1966.
  • 4 ↑ Thom, R., « Le rôle de la topologie dans l'analyse sémantique » (1971), in Modèles mathématiques de la morphogenèse, Bourgeois, Paris, 1980, pp. 163-166.

→ dynamique, énergie, inconscient, signifiant, sujet, topique

Logique

Structure S pour un langage L, donnée d'un ensemble non vide D, appelé domaine ou univers de la structure, et d'une fonction d'interprétation qui associe à chaque constante d'individu de L un objet de D, à chaque symbole de prédicat unaire ɸ1 de L un sous-ensemble de D, à chaque symbole de prédicat binaire ɸ2 de L un ensemble de couples formés d'éléments de D, et, de façon plus générale, à chaque symbole de prédicat n-aire de L une partie de l'ensemble Dn ; ainsi, une structure pour le langage de la théorie des groupes G, qui comporte pour unique symbole non logique la relation ternaire R (« Rxyz » se lisant : « x, composé avec y, donne z ») sera, par exemple, la donnée de l'ensemble Z des nombres entiers relatifs, R étant interprété par l'ensemble des triplets <α, β, γ> tels que α + β = γ ; cette structure particulière est, du reste, un modèle de G, au sens où tous les théorèmes de G y sont vrais.

La notion de structure est le concept central de la sémantique formelle des langages. On notera qu'une langue naturelle peut être vue comme un langage interprété, c'est-à-dire non comme un pur système de symboles, mais comme la donnée d'un tel système et d'une structure qui en indique l'interprétation « naturelle ».

Jacques Dubucs

Notes bibliographiques

  • Hodges, W., « Truth in a Structure », Proceedings of the Aristotelian Society, vol. 86, 1986, pp. 135-151.

→ interprétation, modèle




structure du comme


En allemand : Als-Struktur.

Ontologie, Philosophie Contemporaine

Désigne chez Heidegger la structure de l'explicitation propre à la compréhension telle qu'elle appréhende l'étant disponible comme tel.

Jean-Marie Vaysse

Notes bibliographiques

  • Heidegger, M., Sein und Zeit (Être et Temps), Tübingen, 1967, § 32.

→ compréhension, explicitation