impassibilité
Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la philosophie ».
En grec : apatheia.
Philosophie Antique, Morale
Figure antique du bonheur, spécialement stoïcienne et cynique, qui repose sur l'absence de troubles passionnels.
Porphyre oppose impassible (apathes) au fait d'être susceptible de passions (empathes). L'impassibilité a à voir tant avec l'ataraxie, l'absence de troubles qui définit le bonheur du sage épicurien, qu'avec la pure activité : est impassible celui qui n'est aliéné par aucune passivité, qui, quelle qu'elle soit, est nocive et pathologique. Si tout sentir est passion, l'impassibilité est insensibilité. L'impassibilité est un idéal éthique et l'objectif de la vie humaine dans sa recherche de la sagesse, chez les Stoïciens comme chez les Épicuriens. Il y a discussion sur le fait de savoir si l'idéal des sceptiques était l'insensibilité (apatheia) ou la douceur (praotès).
Mais l'impassibilité concerne également la métaphysique et la théorie de la connaissance. Platon définissait les idées ou formes, pures réalités intelligibles, comme impassibles, et cette impassibilité était le corrélat de la perfection et de leur caractère incorruptible et immuable. En théorie de la connaissance, l'opposition peut passer entre impassible (apathes) et passible (pathètikos), et l'impassibilité s'appliquer à l'intellect, (nous) actif, séparé, divin (chez Anaxagore, puis chez Aristote), comme la condition de la réussite de son activité : impassible, il ne brouille aucune des informations qu'il reçoit et devient, dans l'acte de connaître, les formes elles-mêmes.
Frédérique Ildefonse
Notes bibliographiques
- Aristote, De l'âme ; De la génération et de la corruption, trad. 1934, J. Tricot, Vrin, Paris.
- Diogène Laërce, Vies et opinions des philosophes illustres, trad. 1965, R. Genaille, Flammarion, Paris.
- Épictète, Entretiens, III, 13, 18 et 24, trad. 1995 M. Gondicas, in Ce qui dépend de nous, Arléa, Paris.