fidéisme
Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la philosophie ».
Du latin fides, « confiance », « fidélité ».
Philosophie de la Religion
Doctrine qui fait de la vérité religieuse un pur objet de foi, préférant se fier à la continuité d'une tradition plutôt qu'à l'examen de la raison.
Le fidéisme est d'abord une option quant à la détermination de la vérité dans les matières religieuses : selon le fidéisme, les seules vérités sont issues de l'adhésion à la révélation telle qu'elle est soutenue par les seuls enseignements de la tradition. Parmi les trois vertus théologales (la foi, l'amour, et l'espérance), le fidéisme soutient la prééminence de la première d'entre elles. La foi ainsi conçue n'est justiciable d'aucune démonstration rationnelle (en effet, « Dieu n'a-t-il pas frappé de folie la sagesse du monde ? »(1)).
Cette doctrine est condamnée par le concile de Vatican I (1870) : non seulement elle rejette la juridiction de la raison sur la foi (et limite donc les pouvoirs de la philosophie), mais elle limite également le rôle de la justification rationnelle du dogme, telle que la théologie entend la mener. En effet les représentants du fidéisme au xixe s. sont, en particulier en France, les défenseurs d'une foi si intériorisée que le dogme lui-même finit par se résorber dans une pure affection intime.
Mais dans cette « théologie du cœur » c'est, comme le dit Hegel, le royaume même de la foi qui se trouve dissocié de la simple aspiration vide : « ainsi la foi a perdu le contenu qui remplissait son élément et l'a enfoui dans un profond tissage de l'esprit en soi-même »(2).
Laurent Gerbier
Notes bibliographiques