sainteté

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la philosophie ».


Du latin sanctitas, formé sur sanctus, « vénéré ».

Morale, Philosophie de la Religion

1. Qualité d'une personne sainte, qui recherche la perfection évangélique. – 2. Perfection morale (chez Kant).

Si le saint contient en lui-même, défini négativement, l'idée d'une séparation du profane, la sainteté a une dimension positive, et a sa source en Dieu. L'Écriture pose le problème de la nature de la sainteté, qui est finalement celui du mystère de Dieu et de sa communication aux hommes. Plus qu'un attribut divin, la sainteté caractérise Dieu lui-même. Au libre choix de Dieu qui veut sa sanctification, Israël doit répondre en se sanctifiant. Tel est le commandement que Dieu adresse à Israël : « Soyez saints car moi, YHVE, je suis saint(1) ». Dans le Nouveau Testament, la sainteté du Christ est intimement liée à sa filiation divine et à la présence de l'esprit de Dieu en lui.

Catégorie au départ religieuse, la sainteté désigne également un concept moral, lorsqu'on la rapporte à la volonté. Kant définit en effet la volonté sainte comme celle « dont les maximes s'accordent nécessairement avec les lois de l'autonomie »(2). Une telle volonté serait donc incapable de maximes en opposition avec la loi morale. Cette sainteté de la volonté ne peut être, pour l'homme, qu'« une idée pratique qui doit nécessairement servir de prototype ; et la seule chose qui convienne à tous les êtres finis raisonnables consiste à s'en approcher à l'infini »(3). Aucun être raisonnable appartenant au monde sensible n'est capable d'atteindre cette perfection que constitue l'entière conformité de la volonté à la loi morale. Celle-ci est néanmoins exigée comme un progrès à l'infini. C'est d'ailleurs de cette exigence que découle le postulat kantien de l'immortalité de l'âme. Kant distingue en effet sainteté et vertu : « [L'état moral de l'homme], quand il peut y atteindre, est la vertu, c'est-à-dire une disposition au bien en lutte [contre le mal], et non la sainteté, en prétendue possession d'une pureté parfaite des dispositions de la volonté »(4).

Sophie Nordmann

Notes bibliographiques

  • 1 ↑ Lévitique, 19, 2.
  • 2 ↑ Kant, I., Fondements de la métaphysique des mœurs, Gallimard, Pléiade, Paris, 1985, pp. 307-308.
  • 3 ↑ Kant, I., Critique de la raison pratique, Gallimard, Pléiade, Paris, 1985, p. 646.
  • 4 ↑ Ibid., I, chap. III, § 84.