contrefactuel

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la philosophie ».


Calque de l'anglais counterfactual.

Linguistique

Se dit d'énoncés conditionnels qui possèdent la forme suivante : « si P était le cas, Q serait aussi le cas », dans des circonstances où l'on sait que ce n'est pas le cas que P. Synonyme : énoncé conditionnel subjonctif.

De tels énoncés posent un épineux problème d'interprétation. On ne peut pas les analyser à l'aide du connecteur d'implication matérielle « si P, alors Q » de la logique propositionnelle. Il suffit en effet que l'antécédent d'une implication matérielle soit faux pour que l'implication soit vraie. Or, l'antécédent d'un énoncé contrefactuel est faux par définition, mais cela ne le rend pas toujours vrai.

L'analyse contemporaine la plus influente des contrefactuels est celle de D. Lewis(1), qui soutient qu'un contrefactuel « si P était le cas, Q serait le cas » est vrai si Q est vrai dans les mondes possibles suffisamment semblables au monde réel dans lesquels P est vrai. La difficulté de cette analyse réside dans la notion de mesure de similarité entre mondes possibles. Une telle notion semble présupposer celle de loi de la nature : des mondes semblables doivent au moins être soumis aux mêmes régularités naturelles. Mais l'analyse des lois de la nature fait elle-même appel, de façon centrale, au concept de contrefactuel. En effet, un critère essentiel permettant de distinguer une simple généralisation accidentelle d'une loi consiste en ce que la seconde, contrairement à la première, peut justifier un contrefactuel.

Pascal Ludwig

Notes bibliographiques

  • 1 ↑ Lewis, D., Counterfactuals, Blackwell, London, 1973.
  • Voir aussi : Jackson, F. (éd.), Conditionals, Oxford University Press, Oxford, 1991.
  • Kistler, M., Causalité et lois de la nature, Vrin, Paris, 1999.

→ conditionnel, logique, logique modale, monde