association

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la philosophie ».

Psychologie

Relation élémentaire entre contenus mentaux individualisés (sensations, représentations, émotions), par ressemblance, contiguïté ou contraste.

Historiquement, le concept d'association est né du souci de fournir pour l'esprit un pendant à l'explication newtonienne de la nature, après Locke, et jusqu'à Hartley et à Hume. Son inspiration mécaniciste a dominé la réflexologie (Carpenter) et la psychologie naturaliste du xixe s. (Ribot). La causalité qu'il implique entre contenus mentaux n'a plus eu enfin de sens que dans les « tests d'association », dus à Cattell et à Jung, et encore, d'un point de vue plus esthétique (la manifestation de tendances subjectives) que scientifique et expérimental.

Le problème central du concept d'association est la contrainte qu'il fait peser sur les « éléments » supposés de l'esprit, en les reliant d'une manière compatible avec une idée de la causalité tirée des sciences de la nature. Ce naturalisme a deux versions : soit un flux mental originaire (la puissance créatrice de l'imagination) explique la liaison causale telle qu'elle s'observe dans la nature (Hume, et Kant si on le comprend de façon psychologique), soit on décide que l'esprit objectivé par les associations n'est une partie de la nature, ce qui est la condition minimale de positivité pour faire naître la psychologie scientifique, qui sera donc « associationniste » ou rien.

L'association est impuissante à expliquer deux traits importants de la vie de l'esprit : le langage, dont les unités sémantiques sont intrinsèquement compositionnelles, et le sentiment de continuité personnelle. Aussi la psycholinguistique s'est-elle tournée plutôt vers une théorie des règles (la vie de l'esprit, c'est suivre des règles, pas juxtaposer des unités psychiques), tandis que la notion d'« actes psychiques » aux enchaînements résolument intentionnels a fourni une réponse à la question de l'identité subjective. Toutefois, on peut rester un humien critique : l'association devient alors un moyen de détruire l'illusion du moi, ou du moins, de dénoncer sa fragilité eu égard à la complexité idéative sous-jacente. L'usage des tests d'association a eu une postérité en psychanalyse.

Pierre-Henri Castel

Notes bibliographiques

  • Bergson, H., Essai sur les données immédiates de la conscience, PUF, Paris, 1927.
  • Bergson, H., Matière et Mémoire, PUF, Paris, 1939.
  • Husserl, E., L'Idée de la phénoménologie, PUF, Paris, 1969.

→ association (psychanalyse), empirisme

Psychanalyse

Modalités selon lesquelles des représentations, envisagées comme des éléments discrets, donnent lieu, dans le cadre d'une dynamique psychique, à des formes relativement continues – chaînes associatives, complexes, etc. Le terme s'emploie à divers niveaux : phénoménologie, expérience (Jung), stylisation du psychisme, de ses mémoires, de ses défenses et de son déterminisme, travail de la cure : « association libre ». REM. : Terme emprunté par Freud à l'associationnisme (en allemand Assoziation).

Dès 1895, Freud propose une « dynamique de la représentation » susceptible de rendre compte des processus associatifs qui ont cours dans les cures(1). Il suppose un appareil psychique multidimensionnel dans lequel les traces mnésiques sont associées selon au moins trois « stratifications » : la première, chronologique et linéaire ; la deuxième, concentrique, fonction, d'un côté, de thèmes sémantiques, de l'autre côté, de l'intensité du déplaisir que les représentations en cause suscitent ; la troisième, « [...] la plus essentielle, [...] a un caractère dynamique au contraire du caractère morphologique des deux autres ». Créant parmi les précédentes des trajectoires compliquées, elle comporte des « bifurcations » et des « nœuds de communication ». Ses dessins correspondent à la surdétermination des formations symptomatiques et aux associations de pensée pendant la cure.

L'analyse freudienne contredit le schéma selon lequel les associations psychiques décalqueraient des successions temporelles linéaires, voire causales, éprouvées dans les relations à la réalité extérieure. Elles procèdent de résonances entre deux systèmes dynamiques – réalité psychique, réalité extérieure – qui s'y représentent. Ce processus compliqué dépend de l'histoire individuelle autant qu'il la constitue.

La psychanalyse structurale a tenté de rendre compte du déterminisme psychique tel qu'il s'avère dans le processus associatif par des « lois (combinatoires) du signifiant ». C'est privilégier la seule morphologie au détriment de la dynamique.

Michèle Porte

Notes bibliographiques

  • 1 ↑ Freud, S., 1895, Studien über Hysterie, G. W. I, pp. 290-303. Études sur l'hystérie, PUF, Paris, 1971, pp. 232-241.

→ complexe, déterminisme, idée incidente, mémoire, représentation