éternité
Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la philosophie ».
Du latin aeternitas, contraction de aeviternitas, de aevum, « durée » ; formation parallèle au grec aion.
La définition de l'éternité engage trois problèmes différents, qui ne sont pas toujours abordés ensemble : d'une part, la question de la différence entre la sempiternité et l'éternité proprement dite, qui n'est véritablement acquise qu'avec le néoplatonisme ; d'autre part, la question de la coïncidence entre l'éternité divine et l'immortalité des âmes (cette dernière se présentant comme une expérience possible de l'éternité pour nous) ; enfin, la question de la prééminence de la connaissance éternelle de Dieu sur les faits inscrits temps, prééminence qui semble rendre impensable le libre-arbitre puisque Dieu connaît de tout temps les actes que l'homme est destiné à commettre dans le cours de son existence temporelle.
Philosophie Antique, Théologie
1. Durée indéfinie. – 2. Caractère de ce qui est en dehors du temps, ne possédant ni commencement ni fin, et ne connaissant ni succession ni changement.
Tandis qu'il est difficile de décider si Platon confond ou non éternité et sempiternité, Aristote conçoit, quant à lui, l'éternité comme une durée sans fin(1). Au-delà du temps certes, mais pas sans extension, l'éternité se comprend ainsi en termes de persistance illimitée. À ce modèle d'une éternité qui perdure, Plotin va substituer celui dans lequel elle s'oppose au temps et à la durée qui ne se distinguent plus(2). C'est sur la base de cette compréhension que Boèce fournira la définition de l'éternité comme « possession tout entière à la fois et parfaite de la vie infinie »(3), que retiendront les penseurs chrétiens ultérieurs. L'éternité est ainsi placée en Dieu, tandis que la durée perpétuelle (aevum) appartient aux anges et le temps aux êtres corruptibles(4).
Michel Lambert
Notes bibliographiques
- 1 ↑ Aristote, Traité du ciel, I, 9, 279 a, tr. P. Moraux, Les Belles Lettres, Paris, 1965.
- 2 ↑ Plotin, Ennéades, III, 7, tr. E. Bréhier (1925), Les Belles Lettres, Paris, 1995.
- 3 ↑ Boèce, Consolation de la philosophie, V, pros. 6, Les Belles Lettres, Paris, 2002.
- 4 ↑ Saint Thomas d'Aquin, Somme théologique, Ia, q. 14, Cerf, Paris, 1984-1986, vol. I.
- Voir aussi : Rodis-Lewis, G., Idées et vérités éternelles chez Descartes et ses successeurs, Vrin-Reprise, Paris, 1985.
- Moreau, P.-F., Spinoza, L'expérience et l'éternité, PUF, Paris, 1994.
→ création, durée, éternel retour, temps