Steven Paul, dit Steve Jobs

Circuit électronique
Circuit électronique

Informaticien et industriel américain (San Francisco 1955-2011).

Avec son ami Steve Wozniak (né en 1950), il a fondé en 1976 la société Apple, pionnière dans le domaine de la micro-informatique, notamment dans le secteur des ordinateurs individuels, de la musique en ligne et de l’Internet mobile. Steve Jobs a incarné la « marque à la pomme » en créant des produits simples et utiles. Inventeur visionnaire, il est le père d’une des grandes sagas industrielles du xxe siècle, devenue un véritable phénomène culturel (→ informatique [dossier]).

1. Jeunesse et formation de Steve Jobs

Steve Jobs est un enfant adopté peu après sa naissance par un couple modeste, Paul et Clara Jobs. Il grandit au sud de San Francisco dans une région qui deviendra, au début des années 1970, la Silicon Valley, célèbre pour ses entreprises high-tech.

Encouragé par son père, le jeune garçon se découvre une passion pour l’électronique. À 12 ans, il conçoit un compteur de fréquence pour lequel il démarche la société Hewlett-Packard afin d’obtenir des pièces détachées et décroche un stage d’été dans l’entreprise. Au tournant des années 1970, il rencontre Steve Wozniak : les deux adolescents se lancent dans des expérimentations marquées par la contre-culture (un boîtier électronique pour pirater des cabines téléphoniques).

En 1972, Steve Jobs quitte le lycée de Cupertino (Californie) et entame des études au campus du Reed College de Portland (Oregon). Des cours de calligraphie lui font saisir l’importance des polices de caractère, exploitées ensuite sur les Macintosh. Il abandonne ses études au bout de six mois et, en pleine période hippie, découvre l’Inde, la spiritualité, le LSD, et devient végétarien. Il rentre en Californie en 1974 et trouve un emploi chez Atari, pionnier du jeu vidéo, pour qui il conçoit, avec l’aide de son ami Wozniak, une carte électronique pour le premier « casse-briques » (Breakout).

2. La création d’Apple

Au milieu des années 1970, l’informatique personnelle est encore balbutiante mais Steve Jobs a l’intuition d’un ordinateur qui pourrait intégrer tous les foyers. Wozniak conçoit le premier prototype artisanal de l’Apple I. Les deux amis créent la société Apple computer le 1er avril 1976, dans le garage des parents de Steve Jobs (alors âgé de 22 ans), avec une mise initiale de 1 300 dollars. Le premier logo de la marque fait explicitement référence à la pomme d’Isaac Newton.

2.1. Premier succès : l’Apple II

Lancé en avril 1977, l’Apple II préfigure le futur de l’informatique. Il peut accueillir un lecteur de disquette qui facilite la sauvegarde de données. Mais surtout, avec la sortie d’un premier tableur (Visicalc), il rencontre un franc succès dans le monde de l’entreprise. Le chiffre d’affaire d’Apple s’envole et la société devance IBM sur le marché des ordinateurs personnels.

2.2. Le Macintosh et l’éviction de Steve Jobs

En 1984, Steve Jobs dévoile le Macintosh et sidère le monde de l’informatique. Avec un sens aigu de la communication et du marketing (le dirigeant restera célèbre pour ses « keynotes » de présentation), il propose un ordinateur d’une simplicité inégalée : pour la première fois, une souris (inspirée des laboratoires Xerox) permet de naviguer dans une interface graphique au design épuré qui jette les bases de l’informatique grand public (le « bureau », les « icônes » et les « dossiers »). De taille réduite, doté d’un écran de 23 centimètres et d’un lecteur de disquette intégré, le Macintosh dispose d’un traitement de texte et d’un logiciel de dessin, intuitifs grâce au système d’exploitation OS. Le succès est mondial et inspirera Bill Gates pour son système Windows.

En 1983, l’entreprise florissante avait recruté John Sculley, ex-dirigeant de Pepsi, qui ne tardera pas à accuser Steve Jobs d’« irréalisme ». En raison des divergences dans leur vision stratégique, Steve Jobs est évincé d’Apple en 1985 qui ne cessera ensuite d’accumuler les pertes.

3. L’aventure NeXt computer et Pixar

En 1985, il participe à la fondation de NeXt computer, qui se consacre aux ordinateurs universitaires. Si les innovations sont au rendez-vous (port Ethernet et imprimante laser), la société ne rencontre pas le succès escompté et se contente de développer des logiciels.

Au milieu des années 1980, Steve Jobs, rachète Pixar, une filiale de LucasFilm, responsable d’une partie des effets spéciaux sur la saga La Guerre des étoiles. Dix ans plus tard, l’entreprise connaît un succès planétaire en sortant le premier film entièrement réalisé en images de synthèse : Toy Story (John Lasseter, 1995). Pixar sera englobé par Disney en 2006 et Steve Jobs en restera premier actionnaire.

4. Retour de Steve Jobs chez Apple

iMac, iBook. En 1996, Apple rachète NeXt et Steve Jobs, d’abord simple consultant, ne tarde pas à reprendre les rênes de son entreprise, parfois avec beaucoup d’autorité. Il fait alors appel au designer Jonathan Ive qui va concevoir les formes sobres et arrondies de l’iMac (1997), décliné en couleurs acidulées. Encore une fois, ce modèle anticipe l’avenir : le lecteur de disquette disparaît au profit d’un modem intégré. S’ensuivent la version portable (iBook) et plusieurs modèles à écran plat dont le design et les performances fédèrent une communauté d’utilisateurs, fidèles à la marque.
iPod. En 2001, le lancement de l’iPod, un baladeur MP3, va révolutionner l’industrie du disque en proie au téléchargement illégal. La simplicité du système de synchronisation, notamment avec la boutique en ligne iTune Store lancée en 2003, va modifier les habitudes des internautes.
iPhone. Début 2007, Steve Jobs présente l’iPhone, nouvelle génération de téléphones mobiles, dits intelligents, sans clavier mais équipé d’un écran tactile « multitouch » d’une fluidité sans pareille. Intégrant un navigateur Web, un GPS, un gyroscope, une caméra et de multiples applications téléchargeables (les « Apps »), il ouvre l’ère de l’Internet mobile.
iPad. En 2010, Apple lance la première tablette tactile, l’iPad, et rencontre encore une fois le succès, notamment grâce aux applications qui l’enrichissent, et ce malgré le côté hybride et malcommode de l’objet (ni ordinateur, ni iPhone).

5. Maladie et décès de Steve Jobs

Atteint d’un cancer du pancréas dès 2004, Steve Jobs apparaît amaigri lors de ses célèbres présentations. En 2009, il prend un congé de six mois pour subir une greffe du foie, mais restera omniprésent à la tête de la société.

Entreprise mondialisée, Apple est loin de l’esprit hippie de son dirigeant des débuts (sous-traitance à bas coût en Chine, verrouillage des applications, etc.), mais malgré les critiques, les fans de la marque sont toujours plus nombreux. Apple devient même temporairement la première capitalisation mondiale en 2011, devant les industries pétrolières.

La même année, Steve Jobs démissionne de son poste de directeur général pour raison de santé. Il décède quelques semaines plus tard à l’âge de 56 ans. Les hommages de ses admirateurs (notamment devant les boutiques Apple Store), ainsi que des nombreux dirigeants et personnalités diverses témoignent de l’importance de son apport à la civilisation informatique.