Samuel de Champlain
Colonisateur français (Brouage entre 1567 et 1570-Québec 1635).
Premiers voyages
Si l'on en croit son récit de voyage, il aurait, de 1599 à 1601, visité les Antilles, l'Amérique centrale et le Mexique. Mais sa véritable vocation et sa gloire, ce seront « ces quelques arpents de neige », comme Voltaire désignera plus tard avec un certain dédain la Nouvelle-France. Depuis les explorations de Cartier et de Jean François de la Roque de Roberval, la colonisation du Canada n'a guère progressé. Des navigateurs français qui vont à Terre-Neuve pénètrent parfois dans l'estuaire du Saint-Laurent, et se livrent au trafic des fourrures. Le vice-amiral Aymar de Chastes acquiert le monopole de ce commerce et envoie Champlain avec un marchand de Saint-Malo, Dupont-Gravé (ou Gravé Du Pont), pour étudier les conditions d'un établissement en Nouvelle-France. Ils quittent Honfleur le 15 mars 1603. Champlain atteint Tadoussac, à l'embouchure du Saguenay, et remonte le Saint-Laurent jusqu'aux rapides de Lachine, puis visite la Gaspésie. Champlain dresse une carte des lieux visités, et établit d'excellents rapports avec les indigènes. De retour au Havre le 20 septembre1603, il publie le récit de son voyage (Des sauvages) afin de montrer la nécessité d'entreprendre la colonisation. Aymar de Chastes étant mort entre-temps, le calviniste du Gua de Monts, nommé par le roi lieutenant général pour la Nouvelle-France, reçoit le monopole du commerce de la fourrure, à charge pour lui de créer un établissement. Il recrute 120 hommes et engage Champlain et Dupont-Gravé : l'expédition part en mars 1604, reconnaît les côtes de l'Acadie et s'installe à l'île Sainte-Croix (aujourd'hui île Dochet, dans la rivière Sainte-Croix), puis à Port-Royal (Annapolis Royal), en 1605. Mais, le roi ayant révoqué le monopole, Champlain rentre avec ses compagnons en 1607.
Le fondateur de Québec
L'année suivante, il est chargé de coloniser la région du Saint-Laurent ; de Monts lui a conféré le titre de lieutenant de l'expédition. Le 3 juillet 1608, Champlain fonde Québec, où il édifie son « habitation ». Il s'allie aux Algonquins et aux Hurons, mais doit aussitôt affronter leurs ennemis les Iroquois, au cours d'une incursion qui le conduit au lac qui portera son nom (juillet 1609). L'explorateur, chez Champlain, se double d'un manieur d'hommes et d'un habile colonisateur. En 1612, le prince Henri de Condé devient vice-roi de la Nouvelle-France et nomme Champlain son lieutenant. Au cours d'un nouveau séjour au Canada en 1613, Champlain remonte l'Outaouais (ou Ottawa). Pour assurer la pénétration, il confie aux Hurons des jeunes gens comme élèves interprètes. Il rentre en France au mois de septembre de la même année pour recruter des colons et des missionnaires récollets. En 1615-1616, c'est le grand voyage d'exploration vers l'Ouest : Champlain, avec quelques compagnons, remonte l'Ottawa, découvre le lac Nipissing et le lac Huron, franchit la partie orientale du lac Ontario, conduisant contre les Iroquois une expédition au cours de laquelle il est blessé. Il passe une partie de l'hiver chez les Hurons, puis regagne Québec en été 1616 avant de regagner la France en septembre de la même année. Après un nouveau séjour au Canada (1618), son titre de lieutenant-gouverneur est confirmé en 1619 par le duc de Montmorency, qui a hérité de la charge de Condé. Il a pleine autorité sur tout le Canada, sauf en ce qui touche le contrôle du commerce, et retourne à Québec en 1620, avec sa femme. Il y reste jusqu'en 1629, ne faisant que deux séjours en France. Il utilise tout son temps à organiser et affermir l'établissement français, construisant habitations, couvents et forts, aidant l'œuvre d'évangélisation des missionnaires. En 1627, Richelieu, qui a pris la Nouvelle-France sous sa juridiction, crée la compagnie des Cent-Associés, chargée de peupler la colonie de Français catholiques. Mais la guerre avec les Anglais vaut à Québec un blocus qui met le poste au bord de la famine. Le 19 juillet 1629, Québec doit se rendre. À Londres, Champlain se démène pour sa colonie et obtient sa restitution par le traité de Saint-Germain-en-Laye (29 mars 1632). En 1633, il se rendra pour la dernière fois à Québec. À sa mort (25 décembre 1635), la colonie ne compte encore que 150 personnes. Elle n'en est pas moins à l'origine d'un peuple qui comptait plus de 7 millions d'âmes au début du xxie s.