Penélope Cruz
Actrice espagnole (Alcobendas, communauté autonome de Madrid, 1974).
L’Odyssée et les Évangiles
Divine, latine, belle, pulpeuse, appétissante, piquante, torride, jamais actrice n’aura attiré les qualificatifs sur sa plastique autant que l’actrice espagnole, et pourtant Penélope Cruz est bien autre chose qu’un joli corps aux courbes de rêve. C’est d’abord un nom inoubliable qui marie l’Odyssée et les Évangiles ; c’est aussi une présence et un talent qui feraient presque passer sa beauté au second plan.
Petite fille, elle fait de la danse. Cette formation l’amène à se produire en Espagne comme à New York. Devenue mannequin, elle fait la couverture de nombreux magazines et débute au cinéma où elle est révélée en 1992 par Jambon, jambon de Bigas Luna, mais sa carrière ne sera véritablement lancée qu’en 1999, avec Tout sur ma mère de Pedro Almodóvar avec qui elle avait déjà tourné En chair et en os en 1997 (on se souvient peut-être de l’étonnante première scène du film où elle accouche dans un autobus et met au monde un des héros du film, Victor) et avec qui elle tournera notamment Volver en 2006.
Une notoriété internationale
Ce dernier film lui valut un second Prix Goya de la meilleure actrice, sept ans après le premier qu’elle reçut en 1999 pour sa prestation dans la Fille de tes rêves (1998) de Fernando Trueba. Volver eut un grand retentissement pour elle puisque l’European Film Awards la consacra aussi meilleure actrice en 2006 et que le festival de Cannes lui attribua, cette même année, au même titre que les autres actrices du film, le prix d’interprétation féminine. Elle y incarne l’héroïne, Raimunda. « Incarne », on ne saurait mieux dire pour ce corps que la caméra de Pedro Almodóvar ne se lasse pas de caresser, du creux des seins à la croupe, arrondie, renforcée par une prothèse afin de satisfaire les exigences du cinéaste, des formes qui se voient, qui se remarquent pour dire l’extraordinaire vitalité et résistance de son personnage. Faire face, c’est la devise de Raimunda, véritable montagne d’énergie, qui ne s’arrête jamais de trimer pour élever sa fille Paula. Plus la vie se complique, plus elle tient bon. Robuste et gracieuse, comme le chante le poète Machado. Une dure à cuire, toujours de bonne humeur, ne se laissant jamais abattre, une fille qui assure. Il faut dire qu’elle a des voisines formidables, toujours là pour donner un coup de main, même en cas de catastrophe. Volver est un hymne d’amour aux femmes, à toutes les femmes, et à Penélope Cruz, à son regard noir qui s’embue de larmes quand elle chante, à son surplomb royal, à son charme fonceur et à sa témérité.
L’actrice espagnole mène désormais une carrière internationale – débutée avec Vanilla Sky de Cameron Crowe, en 2001, remake américain d’Ouvre les yeux qu’elle avait tourné sous la direction d’Alejandro Amenábar en 1997. Woody Allen lui confie ainsi en 2008 le rôle de Maria Elena dans son film Vicky Cristina Barcelona. Chassés-croisés amoureux entre Vicky, Cristina, deux jeunes américaines venues passer quelque temps à Barcelone et un peintre à la mode, Juan Antonio, vite rejoint par Maria Elena, son ex-épouse, délirante et passionnée qui met le feu à tout ce qu’elle touche. Elle est interprétée par une Penélope Cruz qui déménage, au propre et au figuré, magnifique en pasionaria de l’amour impossible. Le film a été écrit pour elle, ça se voit, ça se sent, il change de rythme et prend un virage halluciné et volcanique quand elle y est lancée, cheveux emmêlés et visage défait, mais la langue acérée, le regard noir, les griffes sorties et prête à tout pour garder son homme. Cette performance lui a valu de remporter en 2009 le Goya et l'Oscar de la meilleure actrice dans un second rôle. En 2009, elle est de nouveau à l'affiche d'un film d'Almodóvar : Étreintes brisées.