Louis XII
(Blois 1462-Paris 1515), roi de France (1498-1515), fils de Charles d'Orléans et de Marie de Clèves, et arrière-petit-fils de Charles V.
1. Duc d'Orléans
Orphelin de père à 3 ans, Louis XII, duc d'Orléans, subit la tutelle sévère de Louis XI. Ce dernier l'oblige à épouser (1476) sa fille Jeanne de Valois (ou de France), qui est contrefaite, pensant amener ainsi l'extinction de la maison d'Orléans et le retour à la Couronne de son apanage. Premier prince du sang, le duc d'Orléans tente d'usurper le pouvoir qui est exercé par Anne et Pierre de Beaujeu pendant la minorité de son cousin Charles VIII (1483-1491). Mais la Guerre folle (1485-1488) qu'il mène contre les Beaujeu avec l'aide des grands féodaux aboutit à sa défaite à Saint-Aubin-du-Cormier (1488), où il est fait prisonnier. Libéré par Charles VIII (1491), il sert la politique du roi et participe à son expédition en Italie (1494-1495).
2. Le « Père du peuple »
À la mort de Charles VIII, il devient roi (1498). Lors de son accession à la couronne, Louis XII réunit au domaine royal ses duchés d'Orléans et de Valois ; puis, pour maintenir l'union (personnelle) du duché de Bretagne à la France, il épouse en 1499 Anne de Bretagne, veuve de Charles VIII, après avoir obtenu du pape Alexandre VI l'annulation de son mariage avec Jeanne de Valois (1498). De cette seconde union il aura deux filles : Claude, future reine de France, et Renée, future duchesse de Ferrare.
Le titre de « Père du peuple » que décerne à Louis XII l'assemblée des notables réunie à Tours en 1506 témoigne de la popularité du roi ; celle-ci résulte essentiellement de la prospérité du royaume (amorcée vers 1480), que Louis XII favorise en maintenant durant tout son règne la paix intérieure : en entraînant dans ses expéditions en Italie bon nombre de gentilshommes, il évitera notamment au royaume les révoltes d'une noblesse turbulente.
Sous son règne, la monarchie atteint en effet un point d'équilibre entre le pouvoir royal et les différents ordres de la nation. Contribuant à l'édification de l'État moderne, le roi améliore le fonctionnement de la justice par la grande ordonnance de Blois (mars 1499), code d'organisation judiciaire et de procédure civile et criminelle. Il poursuit et active la rédaction des coutumes, qui sont pour la plupart mises en forme entre 1498 et 1515. En outre le pays bénéficie d'une diminution de la taille au début du règne, et la pression fiscale restera toujours modérée bien que le roi augmente les impôts dans ses dernières années pour faire face aux dépenses de sa politique extérieure, qui l'obligeront aussi à recourir aux expédients (emprunts, aliénation du domaine royal, ventes d'offices de finances).
3. Les aventures italiennes
Porté par une prospérité matérielle rassurante, Louis XII consacre la plus grande partie de son règne aux affaires extérieures. Jusqu'à sa mort, il sera dominé par la volonté de conquérir puis de garder le royaume de Naples perdu par Charles VIII (1495), et le duché de Milan, qu'il revendique en tant que petit-fils de Valentine Visconti (→ guerres d'Italie.)
Son intense activité militaire et diplomatique est jalonnée de succès éclatants et de graves échecs, d'incessants renversements d'alliances et de nombreuses inconséquences : ainsi en 1504 il conclut avec l'empereur Maximilien Ier le traité de Blois qui prévoit le mariage de l'archiduc Charles (→ futur Charles Quint) avec sa fille Claude, qui devait apporter en dot à son époux la Bretagne, la Bourgogne, Blois, le Milanais et Gênes s'il n'avait pas d'héritiers mâles.
La politique de Louis XII débute sur des succès vivement enlevés : une campagne diplomatique lui fournit l'alliance des Borgia et de Venise (1498-99) contre Ludovic Sforza le More, et celle de Ferdinand II le Catholique (traité de Grenade, 1500) contre Frédéric Ier, roi de Naples. Aussi s'empare-t-il facilement de Gênes (1499), du Milanais (1500), puis du royaume de Naples (1501). Mais dès 1504 ses troupes sont vaincues et expulsées de Naples par les Espagnols. Dupé par Maximilien Ier, il adhère à la ligue de Cambrai (1508) et aide le pape Jules II à restaurer son autorité en remportant sur les Vénitiens la victoire d'Agnadel (1509) alors que le pape ne songe qu'à expulser les Français d'Italie.
Étant alors aux prises avec une puissante coalition européenne (Sainte Ligue, 1511) formée par Jules II, Louis XII porte le combat sur le terrain spirituel en convoquant un concile à Pise (1511) pour déposer le pape. Mais, pour lui faire pièce, Jules II réunit le concile du Latran (1512).
En 1513, les défaites se succèdent, qui consacrent la fin des rêves de domination en Italie formés par Louis XII : le Milanais est perdu (bataille de Novare, 6 uin) et la France est envahie au nord par les Anglais, victorieux à Guinegatte, et à l'est par les Suisses, qui assiègent Dijon. En traitant séparément avec le pape, l'Espagne et l'Angleterre, Louis XII dissocie la Sainte Ligue (1514). Pour sceller sa réconciliation avec Henri VIII, le roi, veuf d'Anne de Bretagne, épouse Marie d'Angleterre (9 octobre 1514). Il meurt quelques semaines plus tard (1er janvier 1515), laissant la couronne à son cousin François Ier, qu'il a uni à sa fille Claude, après avoir rompu en 1506 le projet de mariage établi par le traité de Blois.
Pour en savoir plus, voir les articles maisons d'Orléans, Valois.