Keith Richard, dit Keith Richards
Guitariste, compositeur et chanteur de rock britannique (Dartford, Kent, 1943).
Une des seules véritables légendes du rock. Une légende pourtant fondée, au-delà du sempiternel « sex, drug and rock and roll », sur une qualité dont les gazettes sont le moins friandes : la capacité de travail. Keith Richards explique ainsi le secret de sa longévité : « J'ai observé que quand …tout le monde s'affole, un calme olympien m'envahit naturellement, qui me sauve. C'est dans mon métabolisme. Ce doit être ça, être cool. » Car Keith Richards est avant tout un guitariste (sa collection de Gibson Les Paul est immense), spécialiste du contretemps et de la slide guitar, jouée avec un bottleneck, un musicien capable, comme Eric Clapton, de passer des journées entières rien que pour retrouver un certain glissando propre à tel vieux maître disparu du blues.
Les Rolling Stones forment un groupe qui a mis du temps à prétendre à une certaine maturité. Ses débuts sont orchestrés par son meilleur musicien, Brian Jones, tandis que le duo Jagger /Richards se cherche encore ; Keith ayant toujours sur son manche l'empreinte (somme toute indélébile) de Chuck Berry. Mais lorsque le groupe devra forger sa légende par l'addition d'un matériau original, c'est bien le couple Mick/Keith qui l'apportera, le premier pour les textes et le second pour la musique. Ce sera The Last Time et (I Can Get No) Satisfaction (1965) puis Paint It Black (1966), où les riffs incisifs de Richards deviennent la marque définitive des Stones. C'est à cette époque qu'il commet sa première « infidélité » au combo, en dirigeant Today's Pop Symphony exécuté par Aranbee Pop Symphony Orchestra. Cet album, sorti sur le label du producteur Andrew Oldham, contient des versions orchestrées des chansons pop favorites de Keith comme I Got You Babe. À la surprise générale, le disque est bien reçu par la critique. La période reste cependant marquée par des chefs-d'œuvre d'une tout autre ampleur, sur lesquels la guitare de Keith exprime l'essence même du rock : Jumping Jack Flash (1968), Honky Tonk Woman (1969) et Brown Sugar (1971 ; premier morceau des Stones dont la musique est composée par Jagger et non pas par Richards).
Enfer. Pour Keith, si fertiles soient-elles, les années 1970 resteront celles du cauchemar de la drogue. Cela ne l'empêchera pas d'imprimer quelques perles, dont Exile On Main Street. Dans la seconde moitié de la décennie, il s'enferme en studio pour de longues séances solo qui aboutiront sur le tardif Run, Rodolph, Run. Sorti en 1979, il a été enregistré en 1976. C'est le premier 45 tours de Keith. La même année, il est condamné par une cour de Toronto pour possession massive d'héroïne et contraint de donner un concert de charité (ce verdict clément est dû à l'intervention de Mick, qui a su faire jouer ses relations étroites avec la propre épouse du Premier ministre canadien de l'époque, Pierre Elliott Trudeau). Pour l'occasion, Richards forme The New Barbarians avec Ron Wood et le saxophoniste Bobby Keys, vieux routier des tournées des Stones. Après une apparition au Live Aid en 1985 (aux côtés de Bob Dylan et Ron Wood), Keith retrouve les Stones pour la période la plus triste du groupe, qui donnera l'album Dirty Works, sur lequel Charly Watts et Mick Jagger ne sont pratiquement pas intervenus. Les Stones sont mis entre parenthèses, les frères devenus ennemis Jagger/Richards y allant chacun de leur album solo. Si Jagger rate la marche avec She's The Boss, le Talk Is Cheap de Richards est une réussite musicale (qui n'obtient pourtant qu'un modeste succès). Mais les Stones se réconcilieront pour accoucher de Steel Wheels, leur meilleur album depuis longtemps. Cela dit, l'intermittence de leurs prestations laisse davantage de temps à Richards pour sa carrière solo. Il sort un deuxième album en 1992, Main Offender, sur lequel sa voix ne passe pas la rampe, mais dont les compositions rendent un vibrant hommage à ce « bon vieux rock and roll » qu'il personnifie au sein des Stones.