John Lydon, dit Johnny Rotten
Chanteur de rock alternatif britannique (Finsbury Park, Londres, 1956).
« Je ne suis pas un musicien, je suis un organisateur de chaos », déclarait John Lydon en 1992. Mais il avait beau avoir réendossé sa véritable identité depuis presque quinze ans, pour la plupart de ses fans, il demeurait avant tout Johnny Rotten, celui qui mit l'Angleterre à feu et à sang en 1977 en vagissant des textes au vitriol au sein des Sex Pistols. Le statut de Lydon est unique dans le monde du rock. Contrairement à la plupart des artistes cultes, on ne lui reproche pas de publier des disques (avec PIL) qui n'arrivent pas à la hauteur de ses inégalables faits d'armes initiaux, ni de vivre en parvenu à Los Angeles. Tout ce qu'on lui demande, c'est de rester fidèle à son étiquette de citoyen punk.
Un cas. Roi de la formule choc et définitive, maître de l'humour et du sarcasme, il a établi les règles d'un jeu dont il sortira toujours gagnant. Ses innombrables volte-face, escroqueries ou entreprises plus ou moins convaincantes n'ont pour objet, officiellement, que de défier perpétuellement l'incurable et contradictoire esprit conservateur des nostalgiques de l'âge d'or du punk. Mais, avant tout, ils autorisent Lydon à agir en toute liberté. Certainement une belle revanche pour ce fils aîné d'une famille d'émigrés irlandais qui grandit dans la misère d'un quartier populaire et dur de Londres. Une revanche pour ce collégien asocial, à la santé fragile et aux habits miteux, qui se passionnait pour les matchs d'Arsenal et les disques étranges de Can, Captain Beefheart, Hawkwind ou bien de reggae. Sa langue acérée et son sens de la repartie assassine en avaient fait un paria. Son habileté avec les mots en a fait une star du rock et un orfèvre dans l'art de divertir ou de manipuler les médias. En juin 1997, il sort son premier disque sous son nom où il explore les liens entre rock et techno.