Jean Zay
Homme politique et résistant français (Orléans 1904-Molles, Allier, 1944).
1. Origines et formation
Son père, issu d'une famille juive alsacienne qui a opté pour la France en 1871, est secrétaire général des Prud'hommes ; il dirige le journal radical-socialiste Le Progrès du Loiret. Sa mère, issue d'une famille protestante et républicaine, est institutrice. L'élève Jean Zay, boursier, brille à l'école comme au lycée d'Orléans (il recevra le prix de composition de littérature française au concours général de 1922 puis celui de philosophie au concours de 1923) et rédige pendant sa scolarité trois journaux de guerre. Étudiant en licence de droit à Paris, il finance ses études en étant secrétaire de rédaction du Progrès du Loiret. Militant au sein du parti radical dont il est membre dès 1925, il s'initie à la franc-maconnerie et devient avocat au barreau d'Orléans en 1928.
2. Le ministre réformateur
Élu député radical-socialiste du Loiret en 1932 (réélu en 1936), il est le porte-parole à l'Assemblée nationale du groupe des « Jeunes Radicaux » (parmi lesquels Pierre Cot, Pierre Mendès France) qui veulent réformer le parti et sont favorables au Front populaire. En juin 1936, il est nommé ministre de l'Éducation nationale et des Beaux-Arts dans le cabinet Léon Blum. Titulaire de ce portefeuille jusqu'en septembre 1939 et voulant donner un maximum de chance à tous, il conçoit un projet de réforme du système scolaire français très élaboré. Parmi ces réformes, il obtient :
– le recul de la scolarité obligatoire de 13 à 14 ans ;
– la multiplication des bourses au profit des enfants de l'école primaire ;
– la mise en réseau des centres d'orientation scolaires ;
– le développement de l'éducation physique ;
– l'accès aux bourses et la création d'une classe de 6e d'orientation ;
– l'amélioration de la formation des étudiants et le développement de la recherche pédagogique ;
– la création du comité supérieur des œuvres en faveur de la jeunesse scolaire et universitaire (qui deviendra après la Seconde Guerre mondiale, le CROUS)
Également ministre des Beaux-Arts, de la Recherche, des Sports et des Loisirs, Jean Zay développe et encourage la lecture publique et le principe des bibliothèques mobiles (bibliobus), crée le Musée de l'Homme, le Musée d'Art moderne et le Festival de Cannes. Avec le concours d'Irène Joliot-Curie, il est aussi à l'origine de la création du Centre national de la recherche scientifique (CNRS).
3. Le résistant
Démissionnaire le 2 septembre 1939, Jean Zay, hostile à l'État français et à l'Allemagne nazie, s'embarque le 21 juin avec 25 autres parlementaires sur le Massilia pour poursuivre la lutte en Afrique du Nord avec l'armée française. Arrêté le 15 août par le gouvernement de Vichy et renvoyé en métropole où il incarcéré (20 août), il est condamné (4 octobre) par le tribunal militaire de Clermont-Ferrand à la déportation et à la dégradation pour « désertion en présence de l’ennemi ». Sa peine de déportation ayant été muée en internement sur le territoire français, il est incarcéré le 7 janvier 1941 dans la prison de Riom. Pendant sa détention, il tente de mener, avec son épouse qui la rejoint accompagnée de ses deux filles, une existence normale partagée entre la vie familiale, l'écriture et le travail : continuant à concevoir des projets pour l'Éducation nationale, il écrit des carnets journaliers, des contes, et un ouvrage, Souvenir et solitude, qui sera publié en 1945.
Le 20 juin 1944, il est enlevé puis assassiné par des membres de la Milice déguisés en résistants. Son corps, découvert dans un ravin par des chasseurs en 1946 ne sera identifié qu'en 1948. Entrée au Panthéon en mai 2015 avec Pierre Brossolette, Geneviève de Gaulle-Anthonioz et Germaine Tillion.
Pour en savoir plus, voir l'article la Résistance.