Geneviève de Gaulle-Anthonioz

Résistante et militante des droits de l'homme française (Saint-Jean-de-Valériscle, Gard, 1920-Paris 2002), nièce du général de Gaulle.

1. Enfance lorraine

Elle n'a que 4 ans lorsque sa mère, Germaine, meurt. Son père, Xavier, l'aîné d'une famille de cinq enfants dont le troisième se prénomme Charles, est ingénieur des mines dans la Sarre. Pensionnaire à Metz avec sa sœur Jacqueline jusqu'en 1935, Geneviève se réfugie avec toute sa famille à Rennes lorsque la Sarre devient allemande. Inscrite en licence d'histoire, elle est, le 18 juin 1940, en compagnie de sa grand-mère à Locminé lorsqu'elle apprend que son oncle a lancé depuis Londres son appel à poursuivre le combat (→  appel du 18 juin 1940).

2. Résistante et déportée

Geneviève effectue ses premiers actes de résistance en déchirant les affiches de l'occupant. Tout en poursuivant ses études à la Sorbonne, elle rejoint en 1941 le réseau du Musée de l'homme au sein duquel elle effectue plusieurs missions de renseignement. En avril 1943, elle rejoint le mouvement Défense de la France dont elle devient membre du Comité directeur, prend part aux activités d’impression et de diffusion du journal. Dénoncée, elle est arrêtée le 20 juillet 1943, emprisonnée à Fresnes et transférée à Compiègne avant d'être déportée le 2 février 1944 au camp de Ravensbrück. Devenue le matricule 27 372, elle y retrouve d'autres résistantes telles que Marie-Claude Vaillant-Couturier et Germaine Tillion. Mise à l'écart dans un bunker par Himmler, qui espère pouvoir la maintenir en vie et l'utiliser comme monnaie d'échange lors d'éventuelles négociations avec le général de Gaulle, elle est remise, après la libération du camp par les troupes soviétiques, à son père à la frontière suisse en avril 1945.

3. Combattante humanitaire

Devenue en 1946 l'épouse de l'éditeur et résistant Bernard Anthonioz (1921-1994), elle participe à la création de l'Association des déportées et internées de la Résistance (ADIR) dont elle sera la présidente (à ce titre, elle apportera son témoignage sur la barbarie nazie lors du procès de Klaus Barbie, en 1987). En 1958, elle est en charge de la recherche scientifique dans le cabinet Malraux alors ministre de la Culture, lorsqu'elle rencontre le père Joseph Wresinski, aumônier du « camp des sans-logis » de Noisy-le-Grand ; profondément bouleversée par la détresse des hommes et des femmes de ce bidonville qui lui rappelle celle de ces codétenues à Ravensbrück, elle décide d'entamer un nouveau « combat contre l'injustice et pour les droits de l'homme ». Présidente en 1964 de l'association Aide à toute détresse (ATD, devenue ATD-Quart Monde en 1968), créée par le père Wresinski, Geneviève de Gaulle-Anthonioz poursuit, après la mort de ce dernier (1987), le combat qu'il avait mené, jusqu'à l'adoption en 1998 de la loi relative à la lutte contre les exclusions. Bien qu'ayant abandonné à cette date la présidence d'ATD-Quart Monde, elle demeure « volontaire permanente » du mouvement. Décorée de la Croix de guerre et de la médaille de la Résistance, elle est la première femme élevée en 1998 à la dignité de grand-croix de la Légion d'honneur. Entrée au Panthéon en mai 2015 avec Pierre Brossolette, Germaine Tillion et Jean Zay.

Pour en savoir plus, voir l'article la Résistance.