Jean Borotra
Joueur de tennis français (Biarritz 1898-Arbonne, près de Bidart, 1994).
Ce petit-fils d'un Basque parti faire fortune « aux Amériques » n'était pas destiné à devenir l'idole d'un sport. Au lendemain de la Première Guerre mondiale, qu'il termina comme lieutenant à vingt ans, il entra à l'école Polytechnique et s'intéressa également au droit. Adolescent, il pratiquait la pelote basque et c'est ce qui lui donna l'idée de s'inscrire à Wiesbaden, alors qu'il n'était pas encore démobilisé, à un tournoi militaire de tennis : il y mit en œuvre une technique particulière, jouant alternativement de la main droite ou de la main gauche selon le côté où il recevait la balle – et il gagna. Il prit goût à ce jeu et fut bientôt remarqué sur les courts parisiens.
L'un des Mousquetaires
Borotra fut un grand joueur de volée et son smash était célèbre. Son jeu fondé sur la vitesse était épuisant, mais ses ressources physiques et son intelligence en faisait un joueur de match incomparable. Il s'intégra à l'équipe de France afin de disputer la coupe Davis. En 1927, lorsqu'il affronta, avec ceux qui allaient devenir les Mousquetaires (Lacoste, Cochet et Brugnon), l'équipe américaine à Philadelphie, Borotra avait déjà remporté les Internationaux de France (en 1924) et gagné deux fois à Wimbledon (en 1924, battant Lacoste en finale, et en 1926), dans un style toujours aussi peu orthodoxe que celui de ses débuts, ainsi que la médaille de bronze, en double, avec Lacoste, aux jeux Olympiques de Paris, en 1924. Son style lui permit cependant de remporter six coupes Davis (de 1927 à 1932), les Internationaux d'Australie, en 1928, et de remporter une nouvelle fois les Internationaux de France, à Roland-Garros, en 1931. Il fut la véritable coqueluche du public anglais, étant six fois victorieux à Wimbledon, deux fois en simple et quatre fois en double. Douze fois champion de France sur le plancher des courts couverts, onze fois champion de Grande-Bretagne et quatre fois champion des États-Unis, il a offert l'exemple d'une remarquable longévité sportive, puisqu'il connut sa dernière sélection en coupe Davis en 1947, à 49 ans (il détient, avec 17 campagnes, le record de participation en coupe Davis), et disputait encore les épreuves du double messieurs et du double mixte de Wimbledon en 1963, à l'âge de 65 ans.
Le « Basque bondissant »
Borotra jouait coiffé de son béret qui allait devenir un mythe français, d'où son surnom de « Basque bondissant ». Homme du monde sur le court (il refusait de bénéficier des points qui lui paraissaient douteux) comme à la ville (suivi de son valet de chambre, il offrait des fleurs aux dames qui lui demandaient un autographe), il fréquenta les magnats et les têtes couronnées : partenaire en double du roi de Suède Gustave V, il allait d'ailleurs devoir au monarque de n'être pas fusillé par les Allemands, lorsqu'il fut arrêté par la Gestapo. En effet, commissaire général à l'Éducation physique et aux Sports en 1940, il démissionna en 1942 et chercha à gagner la France libre en passant par l'Espagne : il a été déporté jusqu'en 1945. Il a été député gaulliste de 1968 à 1976. (→ tennis.)