Harold Pinter
Auteur dramatique britannique (Londres 1930-Londres 2008).
Fils d'un tailleur israélite installé dans le quartier juif de l'East End, objecteur de conscience, Harold Pinter effectue un passage rapide à l'École nationale d'art dramatique. Il multiplie les petits métiers avant de jouer la comédie sous le pseudonyme de David Baron. Obsédé par les situations de conflit dont la seule issue est l'assujettissement sinon l'anéantissement de l'autre, son théâtre, au carrefour du théâtre de l'absurde et d'un réalisme à la Wesker, se partage en plusieurs périodes.
La première est celle des menace plays dont le ressort est la « menace » avec The Room (sa première pièce créée à Bristol en 1957), l'Anniversaire (1958), The Dumb Waiter (1960) et le Gardien (The Caretaker, 1960), qui met en scène un malade tout juste sorti d'un asile, son frère et un clochard qui se disputent un endroit où vivre.
La deuxième période, dont se détachent la Collection (1961), The Lover (l'Amant, 1963), The Homecoming (le Retour, 1965), Landscape (Paysage, 1970) ou Silence (le Silence, 1970), montre des personnages résignés à l'absurdité de leur existence bourgeoise où la violence se dissimule sous un vernis de sérénité.
La période suivante est placée sous le signe de la communication (ou de la non-communication) et de l'économie des mots avec No Man's Land (1975), The Tea Party (l'Invitation au thé, 1975), Betrayal (1978).
Les années 1980 voient un retour au texte littéraire pur avec Hot House (1980), One for the Road (Un pour la route, 1984), A Kind of Alaska (1982), Mountain Language (1988) ou Moonlight (1993).
Joué dans le monde entier, popularisé par ses pièces radiophoniques (A Night Out), Harold Pinter, pilier du théâtre britannique contemporain et du théâtre tout court, est aussi scénariste, notamment pour le cinéaste anglais Joseph Losey – The Servant (le Domestique, 1964), Accident (1967) et The Go-Between (le Messager, 1971) –, pour Elia Kazan – The Last Tycoon (le Dernier Nabab, 1977) d'après Fitzgerald –, pour Karel Reisz – la Maîtresse du lieutenant français (The French Lieutenant's Woman, 1982) d'après John Fowles. On lui doit également un roman The Dwarfs (1990).
En 2005, l'œuvre de Pinter a été couronnée par le prix Nobel de littérature, l'Académie précisant que « sa position en tant que classique moderne est illustrée par la création à partir de son nom d'un adjectif qui décrit une forme d'atmosphère et de milieu particulière dans les pièces de théâtre : " pinteresque " ».