George Clinton
Auteur-compositeur-interprète de soul et de funk américain (Kannapolis, Caroline du Nord, 1941).
George Clinton forme son premier groupe, Parliament, en 1955. Il enregistre ses premiers disques à la fin des années 1950, mais ne perce réellement qu'à la fin des années 1960. Tournant le dos au conformisme ambiant, il reprend à son compte les couleurs chatoyantes et l'extravagance musicale du mouvement psychédélique qu'il associe à une rythmique soul. Un premier succès en 1967, avec I Just Wanna Testify, l'encourage à poursuivre dans cette voie. Après une scission au sein des Parliaments en raison d'un différend avec sa maison de disques, George Clinton fonde en parallèle le groupe Funkadelic. Pendant quelques années, il concentre son énergie sur cette formation culte, avec laquelle il sort plusieurs disques, dont Funkadelic (1970) où Sly Stone figure comme invité.
L'explosion du « P. Funk ». Puis il relance Parliament en 1974, récupérant au passage quelques pointures à qui James Brown doit nombre de ses meilleures rythmiques : le bassiste Bootsy Collins, le saxophoniste Maceo Parker et le tromboniste Fred Wesley. Parliament, qui réunit pas moins d'une quarantaine de musiciens sous la bannière de son P. Funk (la version Parliament du funk), remporte un énorme succès, avec des albums comme Mothership Connection (1976) et The Clones Of Doctor Funkestein (1976). La formation entreprend aussi une série de tournées avec une mise en scène extravagante et mégalomaniaque, marquée notamment par l'arrivée sur scène en soucoupe volante des musiciens vêtus de costumes délirants, à la fois futuristes et provocateurs. Une ambiance qu'on retrouve dans l'album Parliament Live-P. Funk Earth Tour (1977). George Clinton est alors une énorme vedette.
Le retour du docteur Funkenstein. La fin des années 1970, avec la dissolution de Parliament, annonce une période difficile. George Clinton passe difficilement à travers la vague disco et accumule les problèmes avec les maisons de disques, ce que n'arrange pas sa dépendance à la cocaïne. Certains le disent fini, mais ils se trompent. Toujours aussi excentrique, avec ses cheveux longs colorés et ses multiples gris-gris, il crée une nouvelle structure, le P. Funk All Stars, un groupe un peu familial, à la composition fluctuante, avec lui-même dans le rôle du sage, et remporte plusieurs succès, dont Atomic Dog numéro un (soul) aux États-Unis en 1983. On y retrouve régulièrement l'éternel complice, Bootsy Collins, et des musiciens plus jeunes, qui apportent un nouveau souffle. La fin des années 1980 annonce son grand retour avec le renouveau de la soul et du funk traditionnels. Il signe une série d'albums, dont Cinderella Theory (1992) et Hey Man, Smell My Finger (1994), enregistré avec des vieux complices de Parliament, auxquels s'ajoutent Herbie Hancock ainsi que les rappeurs Flavor Fav, de Public Enemy et de Ice Cube. Avec James Brown, George Clinton, surnommé Dr. Funkenstein, est sans doute celui qui a le plus influencé la scène funk afro-américaine de ces trente dernières années. Il est le premier à avoir combiné rhythm and blues, guitares psychédéliques et influences rock pour un cocktail des plus explosifs. Nombre de groupes de la jeune génération, allant du rap à la fusion, se réclament directement de lui et le considèrent comme le père du funk. Il a d'ailleurs collaboré avec plusieurs d'entre eux en tant que producteur. La musique de Clinton a, de fait, été tellement samplée par les rappeurs que celui-ci a sorti à leur intention une série d'albums constitués de ses meilleurs extraits exclusivement destinés au sample.