Mamelouks
Milice d'élite qui joua à plusieurs reprises un rôle considérable dans l'histoire de l'Égypte et, épisodiquement, en Inde.
1. Les Mamelouks bahrites
Les mamelouks étaient achetés par des fonctionnaires spéciaux et comprenaient des Slaves, des Grecs, des Tcherkesses, des Kiptchaks et surtout des Turcs. Ils étaient soigneusement élevés et étroitement hiérarchisés.
Le sultan ayyubide Malik al-Salih les utilisa pour sa garde particulière, qu'il cantonna dans une forteresse de l'île de Rodah (Rawda), en face du Caire, sur le Nil ; les mamelouks furent alors appelés bahrites (de bahr, fleuve). Cette milice devient bientôt toute-puissante, et ses chefs vont mettre fin à la dynastie ayyubide : le Turc Aybak (Aybeg), mamelouk d'al-Malik al-Salih, chargé, en 1250, de la régence d'un jeune prince ayyubide, prend le pouvoir et devient le premier sultan de la dynastie des Mamelouks bahrites. Le quatrième sultan mamelouk, Baybars Ier (1260-1277), se fait proclamer successeur des califes de Bagdad. La dynastie bahrite, fondée sur la succession des sultans en ligne héréditaire, connaît son apogée sous Qalaun (1279-1290). Connaissant, grâce à une politique commerciale habile, la prospérité économique, elle règne non seulement sur l'Égypte, mais aussi sur la Cyrénaïque, la Palestine et la Syrie orientale. Son pouvoir s'étend également sur les deux rives de la mer Rouge et jusqu'aux confins de l'Éthiopie. Après le règne de Qalaun, toutefois, l'Égypte va sombrer dans l'anarchie, les clans rivaux se livrant une lutte acharnée qui ravage le pays.
2. Les Mamelouks burdjites (1382-1517)
En 1382, la dynastie est remplacée par celle des Mamelouks tcherkesses, dits Burdjites, parce que casernés dans la citadelle (burdj). Au système héréditaire, ils substituent le système électif pour désigner les sultans, source de nombreuses crises et révoltes. Les Burdjites arrêtent les Mongols et chassent les Francs de Syrie.
Après la conquête de l'Égypte par Selim (1516-1517), les Mamelouks fusionnent avec les Turcs Ottomans entrés en Égypte. Les beys mamelouks se montrent de plus en plus indépendants des pachas délégués par Constantinople. Les sultans essaient sans succès de rétablir leur autorité et d'exterminer les beys mamelouks au xviiie siècle.
3. xvie-xixe siècles
Les Mamelouks sont vaincus aux Pyramides (1798) par Bonaparte ; l'occupation française sape leur pouvoir et, lorsqu'ils veulent s'opposer à Méhémet-Ali, nommé vice-roi par le sultan d'Istanbul, ils échouent. Mais Méhémet-Ali, sachant qu'ils voulaient le renverser, attire leurs chefs dans un guet-apens et les fait massacrer en 1811, mettant un point final à la domination des Mamelouks, qui régnaient sur l'Égypte depuis près de six siècles.
4. Les Mamelouks turcs du sultanat de Delhi
En Inde, le sultanat de Delhi fut gouverné par des mamelouks turcs de 1206 à 1290 ; le plus célèbre est Iltutmich (1211-1236).
Pour en savoir plus, voir les articles Égypte, histoire de l'Égypte après la conquête arabe, Empire ottoman, Syrie : histoire.
5. L'apport des Mamelouks dans l'art
Très grands constructeurs, les Mamelouks ont contribué à faire du Caire une grande ville d'art, et leur œuvre en Syrie n'est pas négligeable. Ils ont édifié des monuments robustes et impressionnants, doués d'un dynamisme puissant, avec un goût marqué pour les lignes verticales. Héritant de programmes parfaitement réalisés, ils n'ont pas hésité à transformer les plans et l'esthétique, pas toujours dans le sens de la logique, mais avec verve et pittoresque. Ils ont en définitive créé une école extrêmement personnelle, l'une des plus intéressantes du monde musulman.
Ils ont aussi excellé dans les arts industriels. La technique du verre émaillé a été largement exploitée par eux. Après l'invasion mongole au Proche-Orient, ils ont accueilli nombre d'artistes d'Iran : ainsi bronziers et dinandiers ont enrichi considérablement l'Égypte. Enfin, ils ont renouvelé l'art du tissage dans lequel avaient excellé les Fatimides. Tous ces objets, comme l'architecture, sont souvent décorés de blasons. Ceux-ci ne sont pas la moindre cause de l'intérêt que l'on porte à leur art.