Ford

Famille d'industriels américains.

Henry (Wayne County, près de Dearborn, Michigan, 1863-Dearborn 1947) fut le pionnier de l'industrie automobile américaine.

Son fils, Edsel (Detroit 1893-Detroit 1943), président de la société en 1919, l'étendit considérablement. Après sa disparition, son fils Henry (Detroit 1917-Detroit 1987) lui succéda.

Modèle du self-made-man dans lequel s’incarne le rêve américain, Henry Ford devint en quelques années un géant de la construction automobile. À son nom reste attachée une idéologie du travail qui associe la production de masse à la consommation de masse.

L'artisan fait industriel

Fils de fermier d’origine irlandaise et aîné de six enfants, Henry Ford quitte l’école à 15 ans. À Detroit, il entre en apprentissage dans une usine de machines-outils et se fait horloger à ses heures perdues. En 1882, il est de retour à la terre, mais c’est décidément une carrière industrielle qui l’attire. En 1891, il se fixe à Detroit et, jusqu’en 1899, travaille comme ingénieur à la Edison Illuminating Company. Stimulé par l’effervescence créatrice qui y règne, il s’intéresse au premier moteur à combustion interne mis au point par l’ingénieur allemand Nikolaus Otto. Il décide, lui aussi, d’assembler – dans l’atelier de son jardin ! – un moteur à essence, qu’il termine en 1893. Trois ans plus tard, il est en mesure de faire rouler un véhicule doté d’un moteur à quatre temps, la Tin Lizzie (« la petite Élisabeth en fer blanc »), qui n’a ni freins ni marche arrière…, mais qui fait de lui un pionnier de l’automobile.

Ford vend le brevet de son prototype pour financer de nouvelles recherches. Il se passionne pour les voitures de course, mais ses essais pour mettre sur le marché un modèle de voiture individuelle demeurent infructueux. En mal de capitaux, il ne peut fonder sa propre société, la Ford Motor Company, qu’en 1903. Il y produit la Ford « A », qui se vend bien, puis, en 1906, la Ford « N », qui le hisse au premier rang des constructeurs américains. En 1908, il lancera la Ford « T », modèle à quatre cylindres entièrement standardisé, afin de réduire les coûts de production. Avec cette voiture naît un mythe américain et commence une formidable aventure industrielle.

L'industriel fait économiste

Pour produire la Ford « T », il faut encore 14 heures. C’est alors que Ford va instaurer un nouveau système productif – le fordisme – reposant à la fois sur le travail à la chaîne (introduit en 1913), pour permettre la fabrication en série des véhicules, et sur une politique de salaires motivants (« Ce n'est pas le marché prospère qui fait les bons salaires, déclare-t-il, mais les bons salaires qui font le marché prospère »). Les gains de productivité ont forcément une incidence sur le prix de vente, qui, pour la Ford « T », passe de 1 000 à 360 $ entre 1908 et 1916. Aidés du crédit à long terme, que Ford met en place dès 1914, les ouvriers peuvent ainsi acheter les voitures qu’ils construisent et contribuer à fournir les débouchés dont a besoin la production de masse.

Dans les années 1920, la croissance des usines Ford est rapide : en 1927, 15 millions de Ford « T » auront été commercialisées. L’usine ouverte à Dearborn, sur la rivière Rouge, concentre toutes les innovations rêvées par Ford dans le domaine de la production. L’acier y est fabriqué sur place grâce au charbon et au fer provenant des mines acquises par la société. Le transport des matières premières est assuré par la compagnie de chemin de fer et les bateaux de Ford. Les véhicules sont équipés de pneumatiques, de pare-brise, de carburateur Ford… L’entreprise Ford est alors devenue un empire. Mais le refus de l’industriel de diversifier sa gamme donne des ailes à ses concurrents (General Motors, Buick), qui lui ravissent sa première place à la veille de la Seconde Guerre mondiale.

Ford n’aura jamais fait de carrière politique. Sa seule tentative pour entrer au Sénat, comme candidat des démocrates, échoue en 1918. Au début de l’ère Roosevelt, en revanche, il devient un adversaire déclaré du New Deal et engage l’épreuve de force avec les syndicats.

L'archétype de l'entrepreneur

Henry Ford y croyait dur comme fer : « L'enthousiasme est à la base de tout progrès. » Dans l’histoire du capitalisme, l'industriel américain peut être considéré comme l’archétype de l’entrepreneur tel que le dépeint l’économiste autrichien Schumpeter : celui qui « nage contre le courant » et que caractérise sa propension à l’innovation.

Avec Ford, l’innovation a revêtu, essentiellement, deux formes. D’une part, elle a consisté à appliquer dans ses usines le modèle de division du travail préconisé par son compatriote Frederick Winslow Taylor. D’autre part, elle a abouti à faire de la voiture, non plus un produit réservé à une clientèle de luxe, mais un produit accessible au plus grand nombre. À cet égard, Ford fut un pionnier de la consommation de masse qui s’est imposée à tous les pays industrialisés.