milieu

Bisons d'Amérique à Yellowstone.
Bisons d'Amérique à Yellowstone.

Ensemble des facteurs extérieurs qui agissent de façon permanente ou durable sur un animal, une plante, une biocénose et auxquels les organismes doivent être adaptés pour survivre et se perpétuer.

ÉCOLOGIE

1. Types de milieu

À la surface de la Terre, les êtres vivants occupent des milieux très divers : milieux terrestres et aériens, aquatiques (eaux douces courantes ou stagnantes, eaux marines, eaux saumâtres), sols et, pour les espèces parasites, autres organismes.

Un milieu restreint, défini par des caractéristiques physico-chimiques, climatiques et de luminosité stables, et occupé par une communauté particulière d’êtres vivants, est appelé un biotope – l’ensemble du biotope et de sa biocénose (les êtres vivants qui l’occupent) étant appelé écosystème.

Un milieu peut être naturel (forêt sauvage, désert, lac non aménagé, haute montagne, savane…), artificiel (ville, champ cultivé, mare ou étang créés par l’homme…), ou encore semi-naturel (cours d’eau utilisé pour la navigation, littoral aménagé, forêt exploitée…). En réalité, aujourd’hui, il n’existe que très peu de milieux entièrement naturels, à l’abri de tout impact humain ; la majorité est semi-naturelle ou artificielle.

2. Relation des êtres vivants avec leur milieu

Chaque être vivant est en relation continuelle avec tout ce qui constitue son milieu. Il y trouve sa nourriture, l’air qu’il respire, pour les espèces qui se construisent des abris les matériaux nécessaires, son ou ses « supports » de vie (les arbres pour les espèces arboricoles, le sol pour les espèces terrestres, etc.). Il dépend également de ce que l'on appelle le milieu inerte (qui ne vit pas) : l’air, le climat, les substances minérales…

L'écureuil, par exemple, dépend de son milieu naturel pour trouver noisettes, glands, fruits et bourgeons, auxquels il ajoute parfois des insectes, des œufs ou de jeunes oiseaux. Il passe la plus grande partie de sa vie dans les arbres, où il construit son nid à l'aide de feuilles, de mousses, de brindilles. Il dépend également du sol sur lequel il court, de l'eau dans laquelle il nage parfois, et de l'air qu'il respire, etc.

La majorité des plantes ont besoin du sol pour s’enraciner. Elles y puisent de l’eau et des sels minéraux pour leur croissance. Elles utilisent le dioxyde de carbone de l’air et la lumière du Soleil pour réaliser la photosynthèse, et l’oxygène pour leur respiration.

Par ailleurs, une espèce peut diminuer ses échanges ou ses contacts lorsque son milieu devient défavorable : repli dans un abri pour la nuit ou les journées trop froides, hibernation, etc. À la mauvaise saison, certaines espèces semblent ainsi disparaître de leur milieu, alors qu’elles sont simplement camouflées au regard.

À l’inverse, l’activité des espèces influe sur leur milieu. Les plantes et les arbres, grâce à leurs racines, stabilisent les sols ; la décomposition de leurs feuilles mortes entretient l’humus qui enrichit ces derniers ; leurs feuilles limitent, voire coupent, le passage de la lumière jusqu’au sol. Les animaux creusent des terriers (lapin), des galeries (taupe, ver de terre), construisent des nids (oiseaux, écureuil, chimpanzé) ou des barrages (castor d’Amérique), perforent l’écorce des arbres (pic vert)… Les espèces herbivores ont un impact sur la pousse des plantes, les espèces prédatrices régulent les populations de proies. Les insectes sociaux (termites, fourmis, abeilles) élaborent leurs propres villes. Au plus haut degré d’intervention sur le milieu – en fait sur quasiment tous les milieux – se situe l’espèce humaine. Ses actions sur l’environnement sont multiples. Certaines sont directes : construction de villages et de villes, déforestation pour la mise en culture, l’exploitation du bois, l’urbanisation), chasse, pêche, éradication d’espèces perçues comme nuisibles, introduction volontaire d’espèces… D’autres sont indirectes : modification du climat en raison de l’augmentation des gaz à effet de serre, érosion ou inondations liées à la déforestation, disparition d’espèces, etc.

3. Un ou plusieurs milieux

La plupart des espèces occupent un seul milieu (les poissons le milieu aquatique, les vers de terre et la taupe le sol, le chamois et l’edelweiss les zones montagneuses escarpées, diverses chauves-souris les cavernes, la jacinthe d’eau les eaux douces…). Mais quelques-unes vivent à cheval sur deux milieux différents. Ainsi le périophtalme, petit poisson d’Indonésie, sort régulièrement du milieu marin pour aller chercher sa nourriture dans la vase, à l'air libre.

Par ailleurs, un certain nombre d’espèces occupent deux milieux différents de façon successive grâce au phénomène des migrations : les animaux migrateurs quittent le milieu où ils se reproduisent quand les conditions y deviennent défavorables à leur survie (hiver, sécheresse), pour un milieu plus accueillant, où ils restent jusqu’à la saison de reproduction suivante. C’est le cas pour de nombreux oiseaux (beaucoup d’espèces se reproduisant dans les régions tempérées vont passer la mauvaise saison dans une région tropicale), mais aussi certains insectes (papillon monarque), des poissons, des crustacés et quelques mammifères.

4. Colonisation de nouveaux milieux

Les espèces sont capables de coloniser de nouveaux milieux, pour peu que les conditions qui y règnent soient favorables à leur survie, leur installation et leur reproduction. Cette conquête nécessite un déplacement de certains individus de l’espèce. Dans le règne animal, il est assuré par la locomotion : les animaux gagnent de nouveaux lieux de vie en marchant, en rampant, en volant, en nageant, en se laissant emporter par les courants… Les végétaux, qui vivent enracinés, peuvent se déplacer eux aussi, grâce à la dispersion des graines, assurée par le vent, les oiseaux qui les ingurgitent et les éliminent ailleurs dans leurs excréments, les mammifères qui les accrochent involontairement dans leur pelage… Chez les champignons et les bactéries, la colonisation de nouveaux milieux est le fait des spores.

Enfin, l’homme introduit lui-même un certain nombre d’espèces dans des milieux qui ne sont pas les leurs au départ, soit volontairement (introduction du bougainvillier d’Amérique du Sud en Europe comme plante ornementale, du crapaud-buffle d’Amérique latine dans de nombreuses îles des Caraïbes et de l’Indopacifique pour lutter contre les ravageurs des cultures comme les insectes et les souris), soit involontairement (transport de moustiques dans les cales de bateaux et les soutes des avions, déplacement de virus avec des personnes contaminées, etc.). Certaines de ces espèces peuvent trouver dans leur nouveau milieu des conditions tellement favorables (abondance de ressources, absence de compétition écologique, de prédateur) qu’elles deviennent envahissantes, perturbant l’équilibre écologique du milieu colonisé et menaçant les espèces indigènes.

Les espèces capables de s’installer sur des milieux encore inhabités, comme une épave dans l’océan, un éboulis, l’eau d’un vase, un mur nouvellement construit, un nouvel îlot émergé, sont appelées espèces pionnières. Ce sont des bactéries, des algues, des lichens, des mousses, qui « préparent le terrain » à l’installation d’animaux, à commencer par des invertébrés comme les insectes, les crustacés, les myriapodes (mille-pattes)…