discrimination
(latin discriminatio, -onis, séparation, avec l'influence de l'anglais discrimination)
Discrimination et exclusion
La discrimination, en tant que différenciation entre individus ou groupes d'après des critères particuliers, induit un traitement inégalitaire des personnes, renforcé par les coutumes, voire par les lois d'une société donnée.
Le terme « discrimination » est marqué par une connotation négative dans les sociétés démocratiques, qui mettent le principe d'égalité au centre de leurs valeurs (il revêt au contraire une signification plus neutre et descriptive dans les sociétés fondées sur les différences de statuts ou de castes). Il désigne ainsi toutes les formes de distinctions opérées dans la vie sociale aux dépens d'individus ou de groupes, justifiées par une partie de la population, mais jugées comme inacceptables et contraires aux normes édictées par la majorité.
Les plus extrêmes sont les discriminations raciales (dont la politique d’apartheid en Afrique du Sud a constitué un exemple de mise en application légale) ; d'autres sont omniprésentes dans la société française : discriminations à caractère sexuel (l'inégalité de salaire entre hommes et femmes par exemple), religieux, ou encore fondées sur l’âge, le handicap, l’état de santé, l’orientation sexuelle, etc. Afin de coordonner l’ensemble des actions de lutte contre toutes ces formes de discriminations, une Haute Autorité de lutte contre les discriminations et pour l'égalité (H.A.L.D.E.) est créée en 2004.
Il existe en outre une forme de discrimination fondée sur des critères sociaux : le chômage, la pauvreté, la résidence dans certains lieux sont autant de situations précaires qui exposent les victimes à de multiples comportements discriminatoires. Ces discriminations tendent à accentuer les inégalités auxquelles sont déjà confrontées les personnes en difficulté – l’accès à l'emploi leur est plus difficile, tandis qu’ils sont plus exposés à l’effritement du lien social –, jusqu'à les reléguer dans des situations d'exclusion sociale.
La discrimination positive
Le but de la discrimination positive est de favoriser certains groupes de personnes victimes de discriminations systématiques (liées à l’origine ethnique ou sociale, à des critères religieux, culturels, etc.) ; c’est une politique qui vise donc à rétablir l’égalité des chances.
La discrimination positive a été largement appliquée aux États-Unis (affirmative action) à partir des années 1960, sous la forme d’une politique de quotas en faveur des Afro-américains. Imposée par le président Nixon contre l'avis des organisations communautaires et de lutte contre les discriminations, elle a eu pour conséquence de susciter la revendication d'avantages identiques de la part d'autres minorités ou groupes également victimes de discriminations (femmes, homosexuels, Hispaniques, etc.). Les mesures d’affirmative action consistent principalement à donner une priorité ou un traitement préférentiel aux personnes issues des populations discriminées dans l'accès aux études universitaires et aux emplois qualifiés dans les entreprises. Fortement contestée par le groupe « majoritaire » (blanc, mâle, hétérosexuel et d'origine européenne), qui se sent lésée dans ses droits constitutionnels, cette politique a fait l’objet de plusieurs procès pour inconstitutionnalité.
En France, la discrimination positive est largement débattue depuis les années 1990 comme un instrument possible de la politique d’intégration des populations d’origine immigrée. Considérée comme contraire au principe d'égalité devant la loi, la discrimination positive fondée sur l’origine ethnique tendrait par ailleurs selon ses détracteurs à stigmatiser davantage les populations concernées ; elle nécessiterait en outre l’établissement de statistiques sur l’origine raciale, ce qui soulève de nombreuses questions d’ordre pratique et éthique. Il existe cependant des expériences de discrimination positive en matière d’éducation (avec la mise en place de procédures d’admission spéciale dans les grandes écoles pour des lycéens provenant de Z.E.P.). En outre, la loi prescrit des quotas en faveur de la représentation politique des femmes (loi sur la parité de 1999) et de l'accès des handicapés à l'emploi.