dentelle

(de dent)

Point d'Alençon
Point d'Alençon

Tissu ajouré constitué par l'entrelacement de fils formant un fond de réseau sur lequel se détachent des motifs décoratifs.

La dentelle est réalisée à l'aide d'aiguilles, de fuseaux, de crochets, de navettes ou de métiers à partir de fil de lin, coton, laine, soie, or, argent, fibres synthétiques. La broderie donne naissance à la dentelle à l'aiguille et, plus tard, la passementerie à la dentelle aux fuseaux.

Dentelle à l'aiguille

Venise revendique la primeur de cet art qui se répand ensuite dans le Bassin méditerranéen. En France, sous le règne de François Ier, paraît le premier recueil de modèles. Colbert fait venir trente dentellières de Venise, fonde une école à Auxerre et choisit Aurillac, Sedan, Reims, Le Quesnoy, Alençon, Arras et Loudun pour y établir des manufactures royales avec privilèges et monopoles. La Manufacture générale est installée à Alençon (1665). Les dentelles fabriquées en France durent porter le nom de point de France. Parmi les points célèbres, citons : ceux d'Alençon, d'Argentan, de Paris ; aux xviiie et xixe s. Bayeux est un centre actif.

Dentelle aux fuseaux

Elle eut pour centres très actifs Milan, Gênes, Raguse et Venise, ainsi que, dès la seconde moitié du xvie s., Bruxelles, qui introduisit l'emploi de personnages dans la décoration. Le point d'Angleterre n'est autre que le point de Bruxelles. Des centres actifs furent créés : Le Puy dès le xviie s., Valenciennes, Malines, puis Chantilly qui au xviiie s. produisit des dentelles noires. D'autres centres de fabrication s'établirent à Mirecourt et à Saint-Mihiel. Au cours du xixe s., la fabrication se transporta de l'Île-de-France en Normandie, près de Caen et de Bayeux. D'autres dentelles aux fuseaux tirent leurs noms de la matière dont elles sont faites plutôt que de leur pays d'origine : la blonde, par exemple, dont il existe plusieurs variétés ; la guipure des Flandres est une dentelle d'application ; ce travail se pratiqua à Honiton, en Angleterre, et surtout en Belgique.

Dentelles mécaniques

Les premiers essais sont faits à Nottingham en 1768 : un tulle uni est obtenu sur un métier à bas perfectionné. En 1824, à Lyon, la reproduction de motifs est réalisée en utilisant le système Jacquard, et en 1836, Ferguson associe ces deux méthodes et crée une imitation de la dentelle de Chantilly, qui prend le nom de dentelle de Cambrai.

Période contemporaine

La dentelle à la main a disparu du costume moderne et s'est réfugiée au début du xxe s. dans la lingerie et le linge de maison. Des ateliers nationaux créés en 1976 redonnent aujourd'hui une impulsion aux techniques de la dentelle à l'aiguille (Alençon) et de la dentelle aux fuseaux (Le Puy-en-Velay).

Le musée des Arts décoratifs est, à Paris, la meilleure source de documentation pour les dentelles anciennes. Le musée Crozatier, au Puy-en-Velay, ainsi que le musée de Bayeux présentent de riches collections de dentelles aux fuseaux ; le musée d'Ozé, à Alençon, de dentelles à l'aiguille.

Point d'Alençon
Point d'Alençon
Voir plus