Chantilly (60500)
Chef-lieu de canton de l'Oise, en lisière de la forêt de Chantilly.
- Population : 11 230 hab. (recensement de 2018)
- Nom des habitants : Cantiliens
Château. Hippodrome, ouvert en 1834, centre d'entraînement dédié aux courses de plat (célèbres prix du Jockey-Club et de Diane début juin). Le grand quartier général français s'installa à Chantilly de novembre 1914 à janvier 1917.
LE CHÂTEAU DE CHANTILLY
Le château fut construit par le connétable Anne de Montmorency, de 1528 à 1532 environ, sur l'emplacement du château d'Orgemont, passé en 1484 à Guillaume de Montmorency, père du connétable. L'architecte du grand château (qui n'existe plus dans son état ancien) fut probablement Pierre Ier Chambiges. Jean Bullant édifia le petit château, qui subsiste.
Le château, séquestré après l'exécution du dernier Montmorency (1632), qui y avait accueilli le poète Théophile de Viau, fut rendu par Anne d'Autriche, en 1643, à la mère du Grand Condé. Celui-ci y fit entreprendre des travaux considérables par Le Nôtre et Mansart. Entre 1720 et 1789, l'édifice se transforma avec le duc de Bourbon. Il s'y créa une manufacture de porcelaine ; on y fabriqua des toiles peintes, des vernis de la Chine. Jean Aubert éleva les célèbres écuries (1735) – qui abritent aujourd'hui le Musée vivant du Cheval et du Poney. Sous la Révolution, le château fut dévasté.
En 1840, le duc d'Aumale, héritier du dernier Condé (mort en 1830), renoua avec l'ancienne splendeur de Chantilly. La reconstruction, interrompue sous le second Empire, fut reprise de 1875 à 1881 sous la direction de l'architecte Daumet.
Par testament (1884), puis par donation (1886), le duc d'Aumale remit à l'Institut de France le domaine et les remarquables collections qu'il avait réunies, et qui portent le nom de musée Condé.
LE MUSÉE CONDÉ
Installé à l'intérieur du château, ce musée comporte plus de 500 tableaux de premier plan, des écoles italienne (le Pérugin, Véronèse, Raphaël [la Vierge de Lorette], Titien) et française (Clouet, Ph. de Champaigne, Poussin, Largillière, Watteau, Lancret, Nattier, Gros, Ingres [Antiochus et Stratonice], Delacroix, Corot), ainsi que de très nombreuses miniatures, dont les Très Riches Heures du duc de Berry et les Heures d'Étienne Chevalier de Fouquet, des dessins, des aquarelles, des gravures, des sculptures (bas-reliefs de Jean Goujon, bronzes, céramiques, émaux, monnaies, médailles) et une riche bibliothèque réunissant manuscrits, estampes et ouvrages rares.
L'une des gloires du musée Condé est sa collection de portraits (xvie s.), acquise en 1876 du duc de Sutherland, qui la tenait d'Alexandre Lenoir ; elle comprend 75 peintures, ainsi que 142 dessins, dont une grande partie est de la main des Clouet.
LA PORCELAINE DE CHANTILLY
C'est à Chantilly que fut fondée vers 1725, par Louis-Henri de Bourbon, prince de Condé, une des premières manufactures françaises de porcelaine tendre. Elle reçut en 1735 un privilège du roi. Elle fut dirigée d'abord par Siqaire Cirou (?-1751), puis par Buquet de Montvallier et de Roussière, Peyrard, Gravant et Antheaume de Surval, jusqu'à sa vente, en 1792, à l'Anglais Christopher Potter. D'autres fabriques s'établirent à Chantilly au xixe s.
La porcelaine se caractérise à ses débuts par l'emploi d'une couverte opaque à base d'étain. Les décors s'inspirent du style japonais des kakemonos : « à la haie », « à l'écureuil », « au renard volant », « au dragon et au phénix », « aux jeux d'enfants », « aux papillons », etc. Dans la seconde moitié du xviiie s., on y exécute des services en camaïeu bleu décorés « à l'épi », « à la brindille », « au jet d'eau », etc. La marque est un cor de chasse.
LA DENTELLE DE CHANTILLY
Cette dentelle est exécutée aux fuseaux avec une soie blanche ou noire. Ses motifs rappellent ceux de la céramique produite à la même époque dans cette ville. Ils sont cernés d'un fil de soie et appliqués sur un réseau à maille hexagonale.