crétacé

tyrannosaure
tyrannosaure

Système du mésozoïque, le crétacé en constitue la dernière période, après le trias, puis le jurassique, de – 145 à – 65,5 millions d'années (durée : 90 millions d'années). Sa limite supérieure est marquée par d'importantes disparitions d'organismes (ammonites, bélemnites, rudistes, etc.).
Le crétacé est caractérisé essentiellement par l'ouverture de l'océan Atlantique (naissance de l'Atlantique sud et élargissement de l'Atlantique nord) et la naissance de la Manche. Certaines régions sont stables et restent émergées pendant tout le crétacé, se recouvrant de sédiments détritiques continentaux de couleur rouge (continental intercalaire du Sahara, des Amériques). Dans les zones marines, le crétacé débute par une avancée de la mer, qui connaît une intensification au crétacé supérieur, et se termine par un recul de la mer pouvant aller jusqu'à l'émersion des terres, et au développement de roches sédimentaires continentales de couleur rouge.

1. La paléogéographie du crétacé

Au crétacé, période tectoniquement calme, le monde était divisé en deux ensembles : l'un (hémisphère Nord) massif, en cours du rupture, séparé du second (hémisphère Sud, essentiellement le Gondwana) par un Proto-Atlantique et par la Mésogée. Les événements marquants sont la naissance de l'Atlantique sud, l'élargissement de l'Atlantique nord et l'ouverture de la Manche. L'ouverture progressive de l'océan Atlantique du sud vers le nord sépare l'Amérique du Sud et l'Afrique. À la fin du crétacé, ce nouvel océan atteint déjà 3 000 km de largeur, ce qui correspond à un écartement moyen de 4 cm/an.

La dérive de l'Afrique provoque la fermeture de la Mésogée par subduction. Ce phénomène s'accompagne d'un volcanisme calco-alcalin dans les Balkans. De place en place, des mouvements d'obduction donnent les ceintures ophiolitiques (massifs de « roches vertes » des Alpes, Corse, Dinarides, Turquie, Iran, Oman), portions de la croûte océanique qui sont portées en altitude.

À la pointe nord du Gondwana, l'Apulie (Italie-Grèce) poinçonne l'Europe, et cette lente collision provoque le début de la formation de la chaîne des Alpes. L'Espagne subissant une rotation de 30 ° par rapport au Massif armoricain provoque l'ouverture du golfe de Gascogne à l'ouest, et une compression à l'est, qui sera la cause de l'érection de la chaîne pyrénéo-provençale.

L'Inde, qui s'était séparée de l'Afrique et dérivait vers le nord, donnant naissance à l'océan Indien, finit par fermer la Mésogée himalayenne. Ce mouvement s'accompagne de l'émission d'une succession d'épaisses coulées de basalte dans le Deccan (Inde), ainsi que d'une régression marine à la fin du crétacé.

Sur les plates-formes épicontinentales, la mer qui avait opéré un retrait temporaire à la fin du jurassique, revient au crétacé. Cette mer dépose des carbonates, mais elle se retire à nouveau à la fin du crétacé. À l'emplacement du futur orogène alpin, des faciès flysch et des marno-calcaires bathyaux se déposent dans les sillons, en même temps que se produit en certaines régions plus profondes un léger métamorphisme.

Sur le plan orogénique, on distingue la phase autrichienne à la fin du crétacé inférieur, la phase antésénonienne, et la phase laramienne à la fin du crétacé supérieur. Si la phase antésénonienne semble géographiquement restreinte (Dévoluy), les autres sont très importantes dans la ceinture péripacifique, où elles s'accompagnent de granitisations et d'épaisses coulées de lave : des trachyandésites (Chili).

2. Séries et étages du crétacé

On distingue deux séries : les crétacé inférieur et supérieur. Il leur correspond différents étages, à savoir respectivement :
– le berriasien, le valanginien, l'hauterivien, le barrémien, l'aptien et l'albien pour le crétacé inférieur ;
– le cénomanien, le turonien, le coniacien, le santonien, le campanien, le maastrichtien pour le crétacé supérieur ;
– le terme d'urgonien est réservé à un faciès du barrémien, au crétacé inférieur, composé de calcaires massifs à rudistes et orbitolinidés.

Les divisions stratigraphiques du crétacé

Subdivisions du crétacé

– 146 à – 65 millions d'années

Étages

Date de début

Principaux événements

crétacé supérieur

maastrichtien

– 71 millions d'années

extinction massive d'espèces

campanien

– 84 millions d'années

premiers serpents

santonien

– 86 millions d'années

 

coniacien

– 89 millions d'années

 

turonien

– 94 millions d'années

 

cénomanien

– 100 millions d'années

premières plantes à fleurs

crétacé inférieur

albien

– 112 millions d'années

 

aptien

– 125 millions d'années

 

barrémien

– 130 millions d'années

 

hauterivien

– 134 millions d'années

 

valanginien

– 140 millions d'années

 

berriasien

– 146 millions d'années

 

3. La flore et la faune du crétacé

La flore comprend déjà une majorité de formes actuelles, mais distribuées autrement, du fait des changements climatiques et des dérives continentales. Dans le domaine continental, elle est caractérisée par l'apparition des plantes à fleurs, les angiospermes (dicotylédones), notamment les palmiers et les magnolias. En même temps que les plantes à fleurs apparaissent les insectes butineurs (papillons, abeilles, fourmis) : tous les grands ordres d'insectes sont alors représentés.

Dans le domaine marin épicontinental, le benthos est très diversifié : les spongiaires, les brachiopodes, les lamellibranches, les gastéropodes et les échinodermes prolifèrent dans les mers chaudes. Au niveau du necton, les mollusques céphalopodes (les ammonites dont certaines espèces sont alors déroulées, et les bélemnites (achevant leur évolution) connaissent un développement très important ainsi que les reptiles, comme au jurassique (dinosaures notamment). Dans les mers chaudes, les foraminifères (orbitolines ou formes voisines, coccolites) et les algues planctoniques pullulent. Les rudistes caractérisent les dépôts de récifs. Le calcaire de la membrane des algues unicellulaires (formant des petites plaques ou coccolithes) se sédimente pour former la craie.

Les marsupiaux sont nombreux.

3.1. Les dinosaures

Durant cette période, plusieurs lignées de dinosaures carnivores se différencient. L'une accentue encore les tendances au gigantisme amorcées au jurassique par l'allosaure (10 m de long) et culmine à la fin du crétacé avec le tyrannosaure et Tarbosaurus, formidables prédateurs de 14 m de long, ainsi qu'avec une espèce plus grande encore, découverte en 1995, Gigantosaurus. Les carnivores de taille moyenne, comme le vélociraptor (2 m de long) et Deinonychus (3 m), devaient chasser en meute et blesser leurs proies au moyen des griffes acérées de leurs pattes arrières. Une troisième lignée de carnivores fournit des dinosaures à morphologie d'autruche, tels que Ornithomimus (4 m). Les derniers dinosaures côtoient les ptérosaures, adaptés à la vie aérienne, dont le ptéranodon, dépourvu de dents. Les oiseaux à dents se développent vers – 80 millions d'années.

Parmi les herbivores, les dinosaures quadrupèdes cuirassés du groupe des ornithischiens sont abondants : cératopsiens (tel tricératops), stégosaures et ankylosaures, quadrupèdes, ainsi que les pachycéphalosaures, bipèdes. D'autres dinosaures bipèdes, les iguanodontes, tel iguanodon (9 m de long), ont une large répartition géographique. Ils avaient une puissante denture précédée d'un bec. Leurs doigts étaient terminés par de véritables sabots et, sur les pattes avant, en plus des quatre doigts, une grosse griffe faisait office de « pouce ».

Durant la seconde partie du crétacé, les iguanodontes sont supplantés par leurs descendants, les hadrosaures, au large museau plat prolongé par un bec corné (dinosaures « à bec de canard »).

3.2. L'établissement des subdivisions stratigraphiques

Les principaux groupes utilisés pour l'établissement des subdivisions stratigraphiques sont, pour la macrofaune : les ammonites, les bélemnites, les oursins et les rudistes. Parmi la microfaune, on utilise notamment : les calpionelles, ainsi que les orbitolines, les préalvéolines et surtout les globotruncanidés.

4. La fin des dinosaures

Le crétacé s'achève il y a 65 millions d'années avec la disparition brutale de plus de la moitié des espèces vivantes, dont l'ensemble du groupe des dinosaures et les ammonites, les bélemnites, les rudistes et les globotruncanidés. La fin du crétacé est aussi marquée par un refroidissement général, lié à la naissance de reliefs dans les cordillères de l'Ouest des États-Unis et dans certaines chaînes alpines, à la fermeture de la Mésogée et au changement des circulations océaniques associé à l'ouverture de l'Atlantique. La flore terrestre et le plancton des mers semblent en avoir été très affectés, ce qui a certainement appauvri les premiers maillons de la chaîne alimentaire. Les épanchements très volumineux de laves qui se sont produits en Inde ont été invoqués comme autre cause possible du refroidissement de l'atmosphère. On a observé en outre dans les sédiments déposés à la limite crétacé-tertiaire une teneur anormalement élevée en iridium, que quelques scientifiques ont attribuée à la chute de météorites dans le Yucatán au Mexique. Le phénomène éruptif se serait accompagné de pluies acides et cendreuses qui auraient détruit la flore dont les herbivores s'alimentaient.

Cependant, beaucoup de groupes survivent au cénozoïque sans être affectés : les nautiles, les insectes, les poissons, les crocodiles, les tortues, etc., comme autant de formes « conservatrices ».