carte

Support de montage de circuits électroniques pouvant être inséré dans un micro-ordinateur pour en étendre les capacités dans un domaine donné (numérisation et restitution du son ou des images, télécommunications, etc.)

INFORMATIQUE

Une idée de génie

Fruit de recherches qui remontent à la fin des années 1960, et qui se traduisirent à travers le monde par le dépôt de nombreux brevets (aux États-Unis : Pomeroy, 1967 ; Ellingboe, 1970 ; Castrucci, 1971 ; Halpern, 1972 ; au Japon : Arimura, 1970 ; en France : Moreno, 1974 ; Ugon, 1977 ; Guillou, 1979) qui ne donnèrent pas immédiatement lieu à des réalisations, car ils anticipaient souvent sur les technologies disponibles, la carte à puce n'a réellement commencé à exister, en France, qu'à partir du moment où, devant la recrudescence du vandalisme dans les cabines téléphoniques à pièces, France Telecom décida, en 1983, d'équiper progressivement les publiphones de lecteurs de cartes à mémoire.

Si la carte mesure 8,5 sur 5,5 cm, la puce a moins de 2 mm de côté. Elle est composée d'une mémoire électronique réinscriptible associée à un compteur d'unités. La mémoire, de type EPROM, se programme par voie électrique. Sur la carte téléphonique, la puce est entourée d'un petit circuit plat et carré d'environ un 1 cm de côté. Ce circuit est composé de plusieurs points de contact métalliques. Lorsque la carte est insérée dans un Publiphone, ces points de contact se connectent avec l'électronique de la cabine, qui peut ainsi lire les informations contenues dans la puce (le nombre d'unités téléphoniques restant), mais également y réinscrire de nouvelles informations (le nouveau nombre d'unités restant). La capacité de la mémoire est de 256 éléments binaires (bits). 96 de ces éléments comportent des informations propres à la carte (comme le numéro de série d'une voiture), les 160 autres éléments servent à l'enregistrement des unités consommées.

Un nombre d'applications illimité

Si la télécarte a ouvert la voie et reste encore la plus répandue des cartes à mémoire, l'invention de Roland Moreno a trouvé bien d'autres champs d'applications. Son intérêt principal est bien sûr de pouvoir remplacer l'argent liquide et de servir de porte-monnaie électronique. Hormis le téléphone, elle permet ainsi de payer son stationnement automobile dans certaines villes, son abonnement au cinéma ou au club de gymnastique, etc. Les banques utilisent également une version sophistiquée de la carte à puce, disposant d'une mémoire de 64 000 bits. La carte bancaire est protégée par un code confidentiel destiné à sécuriser les paiements qu'elle autorise.

Outre le porte-monnaie électronique, la carte à mémoire peut également servir à contrôler l'accès à un local ou à un appareil. Badges d'entreprise, cartes de parking, clés d'entrée au Minitel, à la télévision payante, à un système informatique, les exemples pullulent… Chaque téléphone portable est également équipé d'une carte à puce qui contient toutes les informations concernant le client, son type d'abonnement, etc. Enfin, la carte à puce est aussi utilisée comme dossier d'information miniature. Ainsi, la carte de Sécurité sociale, renfermant le dossier médical d'une personne, va se généraliser dans les années à venir. De la même façon, les étudiants auront bientôt tout leur dossier universitaire sur une carte à puce.

Les cartes à puce peuvent être anonymes ou identifiantes. La carte bancaire, par exemple, contient des indications personnelles qui doivent être protégées par un code secret. Son utilisation permet de suivre son propriétaire dans les fichiers informatiques, de savoir où il se trouvait, ce qu'il faisait à tel ou tel moment… À l'inverse, la télécarte n'est qu'un porte-monnaie anonyme qui ne laisse pas de traces. Elle contient une certaine somme d'argent, mais n'est utilisable que pour un seul service (téléphone, stationnement automobile, place de cinéma…). L'avenir est-il à la carte multi-services permettant de tout payer, d'entrer chez soi, de démarrer sa voiture, etc., ou au portefeuille rempli de cartes différentes, chacune étant dédiée à une utilisation bien précise ? Difficile de le dire aujourd'hui, tant la mise au point d'une carte unique se heurte à des difficultés d'ordre administratif et sécuritaire.

Une chose est sûre, l'avenir est aux cartes sans contact. Fonctionnant par induction magnétique, ces cartes peuvent être lues et réinscrites sans être glissées dans un appareil. Les péages autoroutiers utilisent déjà cette technique, dont l'emploi se généralise aussi dans le métro.