Turquie : géographie physique
Le relief
La plus grande partie du territoire de la Turquie se trouve en Asie, dans l'Anatolie (ou Asie Mineure), haute terre (altitude moyenne : 1 132 m) massive, organisée autour de fragments de socle (massif de Kirşehir dans le plateau central) et de noyaux hercyniens (massif caro-lydien au sud-ouest) soudés par les diverses phases du cycle orogénique alpin, pénéplanée ensuite dans la seconde moitié du tertiaire, puis exhaussée par des mouvements d'ensemble très récents (pliocène et quaternaire), accompagnés de grandes fractures et qui se traduisent par une sismicité encore très active.
Le plateau anatolien est également affecté d'un gigantesque mouvement de bascule dans le sens est-ouest. Vers l'ouest, il s'enfonce sous les eaux de la mer Égée, qui pénètre dans la masse continentale en donnant une côte d'ennoyage très découpée. Il s'élève vers l'est, dans l'ancienne Arménie (Anatolie orientale), où la surface de base dépasse 2 000 m d'altitude.
Accidenté de reliefs en creux, bassins tectoniques à fond souvent occupé par des lacs plus ou moins salés (lac de Van, Tuz Gölü dans la steppe centrale, etc.), il porte d'autre part des édifices montagneux : grands cônes volcaniques isolés, comme l'Erciyas en Anatolie centrale (3 916 m), ou le Süphan et l'Ararat (5 165 m) en Anatolie orientale, etc. ; blocs cristallins encadrés par des failles (Sultan Dağ). À l'ouest, cette masse anatolienne se morcelle en fossés longitudinaux, parcourus par les cours d'eau est-ouest qui se jettent dans la mer Égée (Grand et Petit Méandre, Gediz, Bakir Çayi) et séparés par des blocs faillés de même direction. Au nord-ouest, vers la mer de Marmara, le style tectonique passe à une marqueterie de blocs montagneux (Ulu Dağ, ou Olympe de Bithynie, 2 543 m) et de bassins, souvent lacustres (lacs de Manyas, d'Apolyont) ou envahis par la mer (golfes d'Izmit, de Gemlik). Le même dispositif se retrouve dans la partie européenne du pays, la Thrace, dont le cœur est occupé par le vaste bassin de l'Ergene, encadré vers la mer Noire par les hauteurs cristallines de l'Istranca (1 018 m) et vers la Marmara par des collines plus modestes (700 m).
Ce plateau anatolien est enserré au nord et au sud entre deux bourrelets montagneux périphériques. Au nord, le long de la mer Noire, les chaînes pontiques, constituées dans tout le secteur occidental d'alignements d'altitude médiocre, séparés par des sillons de plaines longitudinales, prennent à l'est du Yeşil Irmak de la hauteur et de la continuité, dressant jusqu'à la frontière géorgienne une barrière cristalline et volcanique, fortement englacée au quaternaire et portant encore de petits glaciers actuels, approchant 4 000 m d'altitude et difficilement franchissable, qui a joué un rôle historique majeur en isolant longtemps du haut plateau arménien, dans ce secteur, les côtes de la mer Noire. Au sud, les chaînes du Taurus, en bordure de la Méditerranée, de structure très complexe, avec d'intenses nappes de charriage, sont à l'ouest morcelées en blocs isolés (Bey Dağlari, 3 086 m) ; elles dessinent ensuite dans le Taurus central une grande virgation convexe vers le sud, s'exhaussent au maximum au-dessus de la plaine cilicienne et du golfe d'Alexandrette (Iskenderun), où elles se dédoublent avec l'axe parallèle de l'Anti-Taurus et atteignent 3 734 m à l'Aladağ, se prolongent enfin vers l'Est, dans le Taurus oriental, jusque dans l'étroit du Kurdistan (Cilo Dağ, 4 168 m) où elles se raccordent au Zagros iranien. Le matériel sédimentaire, varié, comporte de puissantes masses de calcaires crétacés, qui, dans le Taurus occidental et central, donnent une riche gamme de formes karstiques, avec de grands bassins élargis par la dissolution (poljés) souvent occupés par des lacs d'eau douce (lacs d'Eğridir, de Beyşehir, etc.).
2. Le climat
Dans cet ensemble, des provinces climatiques bien tranchées se distinguent d'abord par les rythmes pluviométriques. Dans les régions côtières de l'Égée et de la Méditerranée, le climat est typiquement méditerranéen, avec des pluies de saison froide. Dans les régions de la Marmara et sur le plateau, dans l'intérieur, apparaissent des pluies continentales de printemps et d'été, qui prennent de plus en plus d'importance vers l'est et deviennent dominantes en Anatolie orientale. Sur les côtes de la mer Noire, où circulent toute l'année les dépressions de la zone tempérée, règne un climat à pluies en toute saison. Mais les contrastes majeurs sont liés à la quantité des précipitations. Les chaînes périphériques et toutes les régions côtières sont abondamment arrosées (de 600 mm à 1 m annuels, dans les plaines ; jusqu'à 2 m, sur les reliefs). Sur le plateau intérieur, les pluies diminuent rapidement, sous le vent des chaînes montagneuses, pour tomber à 200 mm environ dans le cœur de l'Anatolie intérieure, dont la majeure partie reçoit moins de 400 mm. La culture pluviale des céréales y reste néanmoins possible, quoique aléatoire, jusque dans les secteurs les plus secs, près du Tuz Gölü. Les précipitations se relèvent d'autre part dans la haute Anatolie orientale (400 à 600 mm). Cette opposition pluviométrique, qui se double d'un contraste thermique entre le haut plateau aux hivers froids et les franges côtières aux hivers tièdes, se marque vigoureusement dans le tapis végétal.
3. La végétation
Les plaines côtières abritent toute la végétation arbustive méditerranéenne, et les chaînes tauriques et pontiques portent encore de belles forêts : pins et chênes dans l'étage inférieur méditerranéen, avec des îlots de sapins et de cèdres en altitude ; hêtres, épicéas et sapins, surtout dans les forêts pontiques, avec un sous-bois très dense (rhododendrons, vigne sauvage et nombreux buissons). L'Anatolie intérieure est steppique (y compris la haute Anatolie de l'Est), ainsi que le bassin de l'Ergene en Thrace, où la formation végétale naturelle était la forêt, mais qui a été presque totalement déboisé par l'action humaine. Les forêts s'y limitent à quelques rares témoins de bois de pins et de genévriers qui écharpent les flancs des reliefs montagneux. Les hautes terres arides nourrissent des cours d'eau peu abondants (Sakarya, Kizil Irmak, Grand et Petit Méandre), tandis que les fleuves mieux alimentés du versant extérieur des chaînes périphériques sont généralement courts et de régime irrégulier. Les seules ressources appréciables sont fournies par les grands cours d'eau de la haute Anatolie de l'Est, Tigre et Euphrate, à forte alimentation neigeuse, dont la Turquie possède le cours supérieur.
Pour en savoir plus, voir les articles population de la Turquie et activités économiques de la Turquie.