Pologne : activités économiques
La reconversion des chantiers navals de Gdansk, sauvés de la fermeture, dans la production d'éoliennes, symbolise assez bien la transition de l'économie polonaise. La part d'énergies renouvelables dans la consommation finale brute d'énergie est l'une des plus basses de l'UE mais a augmenté depuis 2017 et les secteurs industriels traditionnels (sidérurgie) sont en déclin. Les réserves de charbon, principale ressource minière du pays (69 % de l'électricité) – outre le cuivre et l'argent –, lui ont permis de présenter une faible dépendance énergétique, en hausse cependant entre 2014 et 2020. L'industrie (construction automobile et agroalimentaire) reste importante, mais le secteur tertiaire a largement contribué à l'amélioration de la conjoncture économique, passant d'environ 50 % de la valeur ajoutée à 70 % depuis les années 1990. L'agriculture polonaise conserve également un poids particulier en employant plus de 8 % de la population active et en fournissant environ 14 % des exportations du pays. Après une forte croissance depuis le milieu des années 1990, la Pologne est l'un des pays d'Europe qui a le mieux résisté à la crise de 2008 (+ 15 % cumulés de 2008 à 2011) grâce à sa rigueur financière, à une industrie peu dépendante des importations, à la solidité de son système bancaire et financier et à l'accroissement de micro-entreprises dans le secteur tertiaire. . La part des exportations vers ses partenaires européens s'élève à plus de 70 %, dont 28 % vers l'Allemagne avec laquelle elle est très liée, tandis que la Chine est devenue son deuxième fournisseur avec 12 % des importations. Si le niveau de vie a régulièrement augmenté depuis dix ans et si le taux de chômage est passé en dessous de 3 % en 2022, le coût du travail relativement bas reste un avantage compétitif pour le pays. D'environ 3,5 % par an depuis 2014, la croissance, tirée par la consommation et,dans une moindre mesure, par les exportations, atteignait 4,5 % en 2019 avant la récession de 2020 due à la pandémie de Covid–19, de – 2 %, la reprise dépassant 6 % en 2021 avant un ralentissement (0,6 % en 2023). Dépendante à hauteur de 70 % de la Russie pour ses importations de gaz et de pétrole (2020), la Pologne, en première ligne dans l'opposition à Moscou depuis l'invasion de l'Ukraine, a dû diversifier ses approvisionnements tout en s'engageant dans la transition énergétique.
● agriculture : 8,4 %
● mines et industries : 30,9 %
● services : 60,7 %
● agriculture : 2,84 %
● mines et industries : 28,1 %
● services : 69,06 %
La production agricole demeure notable, associant cultures (blé, betterave à sucre, pomme de terre) et élevage (bovins et surtout porcins). Le sous-sol fournit du cuivre, du lignite et surtout de la houille, base d'une importante industrie sidérurgique et métallurgique, en haute Silésie. En dépit du retard pris dans la restructuration de certains secteurs, le passage à l'économie de marché a permis l'obtention de résultats macroéconomiques positifs. En contrepartie, il a créé du chômage et donc accru les inégalités et les tensions sociales. Aujourd'hui, dans une Europe en crise, la Pologne apparaît comme un îlot de relative croissance, avec un statut de pôle régional.
1. L'économie depuis 1945
1.1. La reconstruction économique et la socialisation
Les grandes réformes de l'après-guerre ont permis, jusqu'en 1949, de reconstruire le pays tout en engageant des transformations socialistes de type soviétique : collectivisation des moyens de production, instauration d'une planification centralisée, industrialisation rapide privilégiant les industries lourdes. Une réforme agraire, axée sur l'expropriation des domaines de plus de 50 hectares, menée entre 1944 et 1949, s'est soldée par la redistribution de parcelles de 10 hectares, créant ainsi un million de nouveaux petits propriétaires. Entre 1950 et 1955, un plan quinquennal a été adopté afin de favoriser le passage d'une économie fortement dominée par l'agriculture à une industrialisation plus développée. De 1955 à 1965, deux autres plans quinquennaux ont maintenu cet objectif. À partir du plan 1966-1970, il a été question d'encourager la production et la distribution des biens de consommation ainsi qu'une inscription de l'économie polonaise dans le cadre de la coopération internationale. Ces premières velléités se sont heurtées à la rigidité du système, tant dans l'industrie que dans l'agriculture. À partir de 1971, les dirigeants ont voulu promouvoir la décentralisation et l'indépendance du système de production, tout en développant la coopération avec les pays occidentaux. Malgré cette volonté de changement, forte à partir des années 1974-1976, un ensemble de dysfonctionnements nés de la crise internationale de l'énergie, des mauvaises récoltes et de la révision annuelle des prix au sein du Comecon (Conseil d'assistance économique mutuelle, C.A.E.M.), a abouti à une rapide dégradation économique. Après l'échec de ces tentatives de réformes de l'intérieur, la rigidité du système économique socialiste centralisé a fait l'objet de vives critiques, aboutissant aux troubles de 1980.
1.2. La place de la Pologne au sein du Comecon et l'ouverture à l'Ouest
Après la Seconde Guerre mondiale et jusqu'à la fin des années 1980, le commerce extérieur de la Pologne dépend des règles du Comecon et des problèmes monétaires posés par les échanges avec les pays non socialistes. À la fin des années 1970, avant que l'économie polonaise ne soit gravement désorganisée par la crise sociale et politique, les exportations vers les pays du Comecon consistaient essentiellement en produits des industries électriques et mécaniques, en matériel de transports (notamment issu de l'industrie navale), en combustibles, en produits dérivés du sous-sol et en biens de consommation courante. La Pologne importait des biens d'équipement, des matières premières énergétiques ainsi que des denrées agricoles. Les échanges avec les pays du Comecon représentaient 57 % des exportations et 49 % des importations, les rapports avec les pays non socialistes connaissant alors une augmentation notable. Cette accélération des échanges avec l'Europe occidentale correspondait à une forte volonté d'accélérer la croissance grâce, notamment, à l'augmentation du pouvoir d'achat et à la relance de la consommation. D'importants efforts d'investissement étaient mis en place, un retour à la liberté des prix industriels amorcé. Le plan de 1971-1975 s'inscrivait dans cette optique. Cette politique économique volontariste a cependant entraîné un fort endettement extérieur, la charge de la dette ayant quintuplé entre 1973 et 1977. En outre, les investissements n'ont pas toujours été judicieusement choisis. La crise du logement, les difficultés de la mise en place d'une agriculture extensive et les dysfonctionnements dans la production et la distribution compliquaient encore la modernisation de l'économie. Ces dérapages ont conduit les gestionnaires à freiner le rythme de la croissance.
1.3. Les crises du système économique socialiste
L'échec des réformes des années 1970 a démontré l'incapacité du système économique polonais à se développer. Il a aussi créé une situation économique et sociale paradoxale. La large participation des travailleurs aux décisions des entreprises s'est accompagnée d'une réelle augmentation du niveau des salaires, que les autorités ont cru pouvoir compenser par des augmentations de prix. La spirale inflationniste s'est rapidement installée, alors que la progression du pouvoir d'achat n'était suivie d'aucune croissance de l'offre en biens de consommation courante. Des phénomènes de pénurie, dans un contexte inflationniste, ont contribué à la frustration de la population. Les autorités ont cru pouvoir améliorer la situation en instaurant une grille des salaires (de 1 à 10) en rapport avec le mérite au travail, mais gagner davantage n'a pas de sens s'il n'y a rien à acheter. Les revendications des salariés, déjà habitués à des prises de décision décentralisées, se sont donc concentrées sur des aspects qualitatifs liés aux conditions de travail. La crise des années 1980 est née dans un contexte de frustration sociale, le sentiment que le système était devenu impossible à réformer étant largement partagé. Pendant la « normalisation » du général Jaruzelski, les autorités estimèrent pouvoir mener de front la répression et les réformes économiques. Mais réformer le système socialiste centralisé sans abandonner la prédominance de l'État et le parti unique s'est avéré une tâche impossible. Seul l'éclatement du monde communiste, auquel la Pologne a fortement contribué, a rendu l'évolution économique envisageable.
1.4. La « thérapie de choc »
Pour sortir le pays de la crise et l'intégrer à l'économie mondiale, les autorités ont opté, depuis le 1er janvier 1990, pour une « thérapie de choc ». Ce terme désigne un ensemble de réformes économiques importantes et appliquées rapidement, mises en place par le ministre des Finances Leszek Balcerowicz, qui s'est attaché à réduire l'inflation tout en résolvant le problème des pénuries. Un programme de stabilisation économique a été mis au point : convertibilité monétaire, libéralisation des prix, austérité budgétaire et ouverture aux marchés extérieurs. Ces premiers éléments ont été suivis de réformes plus profondes, telles que la privatisation rapide des grandes entreprises d'État et l'appel aux capitaux étrangers. Les premiers effets de ces réformes se sont rapidement fait sentir, positifs avec une nette réduction de l'inflation, mais aussi négatifs avec une baisse sensible de la production et une augmentation du chômage consécutive à la réduction des subventions de l'État. Les investissements étrangers et le développement de petites entreprises privées étaient censés pallier ces difficultés. Cette expérience risquée, étant donné la vétusté des grandes entreprises d'État et l'inexistence de marchés financiers au début du processus, a néanmoins permis de maintenir une croissance élevée entre le milieu de l'année 1992 et 1997, ainsi qu'une progression de la production industrielle. Ces bons résultats ont été favorisés, dès 1992, par une amélioration de la productivité du travail industriel et, à partir de 1994, par un développement important de l'investissement. Le solde de la balance commerciale extérieure s'est légèrement amélioré, bien que la Pologne ait subi, en 1996 et 1997, le contrecoup du ralentissement conjoncturel de l'économie des pays de l'Union européenne. La croissance très rapide de la demande intérieure laisse cependant planer le risque d'une « surchauffe » de l'économie et d'une réapparition de l'inflation. Malgré ces quelques fragilités, le parcours économique de la Pologne est l'un des plus réussis de la transition des pays de l'Europe de l'Est.
1.5. La Pologne et l'Union européenne
L'Union européenne a mis en place plusieurs programmes de soutien à la « thérapie de choc » polonaise. Le programme PHARE, les contrats d'association et les actions des banques créées à cet effet ont contribué à alléger les risques de dérapage des réformes et ont atténué les effets négatifs de la première phase de la transition. Le soutien de l'opinion publique au processus d'intégration à l'Union européenne ne s'est pas démenti, malgré les querelles entre partis politiques et l'existence de nombreux antieuropéens dans le pays. Ceux-ci estiment que les importations et les investissements étrangers ont déjà causé du tort à l'économie polonaise, les allégements fiscaux dont bénéficient les investisseurs étrangers générant, selon eux, un manque à gagner pour les recettes de l'État. Le contrôle, à plus ou moins long terme, des aciéries, des sucreries et d'autres secteurs de l'économie par des capitaux étrangers, déjà présents dans les cimenteries et la grande distribution, leur semble incompatible avec l'indépendance du pays. Le « partenariat pour l'Europe », projet qui devrait remplacer le programme PHARE, est en outre jugé trop ambitieux par de nombreux parlementaires polonais. Ils critiquent tout particulièrement la libéralisation complète des mouvements de capitaux et le droit d'acquisition de terrains, accordé aux étrangers. L'adaptation de l'agriculture polonaise aux normes européennes risque de poser encore plus de problèmes. Selon les rapports de la Commission européenne, l'adhésion de la Pologne à la politique agricole commune entraînerait une baisse considérable des revenus de nombreux producteurs et une augmentation des disparités de niveau de vie entre villes et campagnes. En 1998, le gouvernement polonais a lancé une importante réforme administrative, destinée à favoriser l'apparition de régions capables de gérer les mutations structurelles. Au début des années 2000, le taux de chômage restait très élevé, alors que la croissance tendait à redémarrer. Après des négociations longues et difficiles, qui ont porté notamment sur le montant des aides budgétaires versées à la Pologne, l'Union européenne a accepté que ce pays fasse son entrée dans l'Union en 2004. En politique de défense, la Pologne a adhéré à l'O.T.A.N. en 1999.
2. Les caractéristiques économiques actuelles
2.1. L'agriculture
La Pologne a toujours maintenu la propriété privée dans le domaine agricole (75 % des terres cultivées, en petites exploitations très traditionnelles, et 70 % de la production sous le régime communiste). La pomme de terre et les céréales (seigle, blé, orge, avoine) viennent en tête, complétées par la betterave à sucre, les oléagineux et l'élevage (bovins, volailles et surtout porcins). 17 % de la population active travaille dans l'agriculture.
2.2. L'industrie et les services
Le pays dispose de ressources énergétiques très importantes, surtout avec le charbon, extrait en haute Silésie. S'y ajoutent le lignite, utilisé dans les centrales thermiques, et le gaz naturel. Le gaz russe représente cependant la moitié de la consommation totale du pays. Le cuivre (surtout en basse Silésie), le plomb, le zinc, le soufre (les gisements du bassin de Sandomierz font de la Pologne l'un des premiers producteurs mondiaux) et le sel gemme sont les autres ressources minières significatives, le fer n'étant plus exploité. L'industrialisation du pays s'est structurée autour de la sidérurgie. Principalement concentrée autour de Katowice, elle est également présente à Częstochowa, Cracovie et Varsovie. Grâce à l'industrie du cuivre, la métallurgie des non-ferreux a progressé. Ces secteurs traditionnels de l'industrie polonaise ont connu, en même temps que celui du textile, un certain déclin dans les années 1990. Le secteur dominant (un tiers des actifs de l'industrie) est celui de la métallurgie de transformation (matériel ferroviaire, camions, automobiles, constructions navales) ; représenté dans toutes les grandes villes, il occupe 34 % de la main-d'œuvre industrielle. L'industrie chimique a connu une très forte expansion – carbochimie, pétrochimie, production d'engrais, de soude et d'acide sulfurique. Viennent ensuite le textile, présent dans la région de Łódź, l'électroménager et l'alimentation. Les industries du bois et de l'alimentation se sont développées depuis 1990. Dans l'ensemble, les usines sont souvent anciennes, la pollution est notable, le pays doit donc moderniser sa production.
53 % des actifs travaillent dans les services ; le tourisme y occupant une place croissante (13 millions de touristes en 2011).
2.3. Les enjeux
La Pologne est entrée dans une ère de démocratie naissante, confortée par son entrée dans l'Union européenne en 2004. En dépit du retard pris dans la restructuration de certains secteurs, le passage à l'économie de marché (libéralisation des prix, développement du secteur privé) a permis l'obtention de résultats macroéconomiques positifs, avec un taux de croissance élevé. En contrepartie, il a créé du chômage (en voie de stabilisation) et donc accru les inégalités et les tensions sociales, notamment avec la mutation du secteur agricole.
Pour en savoir plus, voir les articles Géographie physique de la Pologne et Population de la Pologne.