Pays-Bas : activités économiques
Deuxième puissance exportatrice dans le commerce intraeuropéen, les Pays-Bas n'échappent pas à la crise de l'UE qui sévit après 2011 et entrent en récession en 2012 – 2013 ; jusque-là peu élevée, leur dette publique a sensiblement augmenté depuis 2008 et leur déficit budgétaire s'est creusé (5 % du PIB en 2010) avant de retrouver l'équilibre en 2016 à la suite d'une compression des dépenses et d'une augmentation des prélèvements obligatoires. Les exportations représentent plus de 80 % de leur PIB, leurs principaux clients étant l'Allemagne, la Belgique, la Grande-Bretagne et la France. Le commerce à l'extérieur de l'Union est en revanche déficitaire, en partie sous l'effet des importations en provenance de la Chine (troisième fournisseur devant les États-Unis, la Grande-Bretagne et la France). Avec le port de Rotterdam, l'un des plus importants du monde et le plus actif d'Europe, le pays est un carrefour essentiel du commerce mondial. Troisième producteur européen de gaz naturel après le Royaume-Uni et la Norvège, il s'appuie aussi sur des filières comme les télécommunications, l'agroalimentaire, le raffinage du pétrole, les produits chimiques et pharmaceutiques ou les machines de bureau. Le secteur tertiaire repose essentiellement sur le fret maritime, les services financiers, les nouvelles technologies et l'ingénierie en eau. En augmentation depuis 2011, le taux de chômage diminue et passe en dessous de 4 % en 2018 avec la flexibilité croissante du marché du travail, tandis que la croissance atteint 1,7 % en 2019. Bien que relativement moins profonde que dans d'autres pays européens dont la Belgique, la récession due à la pandémie de Covid–19 atteint près de 4 % en 2020, tandis que le taux de chômage est maintenu autour de 4 %. Mais comme ailleurs en Europe, la situation sanitaire se dégrade à la fin de l'année, obligeant le gouvernement à imposer de nouvelles mesures de restriction, avant une reprise de la croissance en ralentissement en 2023 (0,2% à 0,6 %).
● agriculture : 2,3 %
● mines et industries : 13,9 %
● services : 83,8 %
● agriculture : 1,50 %
● mines et industries : 19,5 %
● services : 79 %
1. Une économie ouverte
Petit pays, au marché intérieur étroit, les Pays-Bas demeurent une nation commerçante largement ouverte sur l'économie mondiale (surtout européenne) et qui exporte environ 40 % de sa production. La tertiarisation de l'économie y est très poussée : l'agriculture n'emploie plus que 4 % de la population active, tandis que l'industrie régresse elle aussi (23 %), au profit d'un secteur tertiaire de plus en plus dominant (73 %).
L'état actuel de l'économie néerlandaise reflète à la fois les progrès accomplis depuis 1945 et la fragilité d'une situation de dépendance vis-à-vis de l'extérieur. Malgré le gaz naturel de Groningue et les avantages de l'intégration européenne, l'élévation du revenu par habitant et la qualité de la protection sociale auraient pu être remises en cause par la récession du milieu des années 1970. De fait, les Pays-Bas ont connu une période de doute, marquée par les difficultés à maintenir une industrie performante. Au début des années 2000, le pronostic apparaît beaucoup plus favorable. Le pays a renoué avec la croissance (4,5 % estimés pour 2000) et le chômage diminue (3,3 % en 2000). Mais le gouvernement doit veiller au maintien d'une compétitivité, qui dépend de la géographie des flux en Europe et de la capacité des Néerlandais à préserver leurs parts de marché (pour l'industrie mais aussi, de plus en plus, pour les services) face aux grandes puissances. Les atouts résident dans la situation stratégique de l'ouest des Pays-Bas et dans la qualité des infrastructures urbaines dans les grandes villes. On comprend ainsi qu'une répartition plus équilibrée des activités à l'intérieur du pays ne soit plus aujourd'hui la priorité de l'aménagement du territoire. Mais, entre cette logique économique et les nécessités de la préservation de l'environnement, les arbitrages seront de plus en plus difficiles.
2. L'agriculture
L'agriculture néerlandaise, très intensive, est un bon exemple d'adaptation à des conditions naturelles peu favorables et à l'exiguïté d'un territoire où la poldérisation ne suffit plus à compenser les empiétements de l'industrie et des villes. L'image « agraire » des Pays-Bas correspond à un passé révolu, mais les produits agricoles conservent une place notable dans les exportations, grâce à la promotion de l'élevage et de l'horticulture, mais aussi à la modernisation des structures de production et, surtout, de commercialisation. Les gains de terres dus à la poldérisation ont été si spectaculaires qu'ils ont quelque peu masqué une évolution plus profonde vers des spécialisations qui convenaient mieux à des exploitations de petite taille qu'une céréaliculture grosse consommatrice d'espace. L'élevage laitier en est un exemple, ainsi que, plus récemment, celui des porcs et des volailles. L'horticulture sous serre ou de plein champ reste assez fortement concentrée dans l'Ouest mais a diversifié ses productions fruitières, légumières et florales. L'enseignement et la recherche agronomique sont très développés, ainsi que l'organisation coopérative (principalement au stade de la commercialisation), l'industrie agroalimentaire et la prospection des marchés étrangers. La branche agroalimentaire fournit, pour sa part, plus de 20 % des exportations et contribue de façon décisive à l'excédent de la balance commerciale. En comparaison, la pêche maritime fait figure de parent pauvre, malgré le rôle qu'elle joua jadis dans le développement d'Amsterdam.
3. L'industrie
L'industrie néerlandaise est relativement récente (fin du xixe s.). Il ne reste en effet aujourd'hui que peu de traces des activités qui étaient florissantes au Siècle d'or : le textile et la construction navale, notamment, ont connu un net déclin. La révolution industrielle a tardé à s'implanter, en raison d'une orientation essentiellement commerciale de l'économie. Le réseau ferré s'est mis en place très lentement et le gisement houiller du Limbourg ne fut véritablement exploité qu'au début du xxe s. Une sidérurgie « sur l'eau » fut implantée à IJmuiden en 1917, avec l'aide du gouvernement, mais ce sont l'électricité et le pétrole qui ont fait entrer les Pays-Bas parmi les nations industrielles, avec deux branches fortes : les constructions électriques (Philips) et la chimie (Shell, notamment).
Après la Seconde Guerre mondiale, la découverte d'un très important gisement de gaz naturel dans la région de Groningue permit de limiter la dépendance énergétique des Pays-Bas et fournit les ressources nécessaires à l'État pour financer une politique d'industrialisation ; elle accéléra par ailleurs la désaffection vis-à-vis du charbon (les mines du Limbourg fermèrent dès 1975). L'importation et le raffinage du pétrole restent l'un des points forts de l'économie néerlandaise, avec, comme principal foyer, le port de Rotterdam. Après la guerre, le gouvernement encouragea la diffusion de l'industrie dans les régions périphériques, le Nord en particulier, à l'exception des aires industrialo-portuaires. Les provinces de l'Ouest perdirent alors une grande partie de leurs activités de fabrication. Mais, progressivement, la désindustrialisation s'étendit à l'ensemble du territoire, notamment après la crise du milieu des années 1970. Les grandes firmes néerlandaises entreprirent de développer leurs investissements à l'étranger tout en réduisant leurs effectifs aux Pays-Bas. Certaines d'entre elles disparurent, comme DAF (automobile), absorbée par Volvo, ou Fokker (aéronautique), mise en liquidation. La situation n'est cependant pas catastrophique : si les activités de production continuent à régresser aux Pays-Bas, les autres secteurs (recherche, mercatique…), qui emploient une main-d'œuvre qualifiée, y restent solidement implantés. Cela n'exclut pas une certaine fragilité, commune aux petits États, pour qui le maintien des exportations industrielles est vital, en raison d'un marché intérieur restreint, et qui sont condamnés à trouver des créneaux porteurs dans une économie mondiale dominée par les grandes puissances. Dans cette compétition, les Pays-Bas disposent de certains atouts, en particulier une bonne situation géographique, la présence du plus grand port mondial (l'ensemble portuaire Rotterdam-Europoort), des secteurs industriels spécialisés (constructions électriques et électroniques, agroalimentaire, chimie), une main-d'œuvre de qualité et un bon équipement en services aux entreprises. La production de gaz naturel (6e rang mondial) couvre la moitié de la consommation intérieure totale et permet des exportations vers la Belgique, la France et l'Allemagne.
4. Secteur tertiaire et commerce extérieur
Le commerce, la finance et les transports occupent une place prédominante parmi les activités de service. La concentration portuaire a profité à Rotterdam (le trafic est environ de 380 millions de tonnes par an), accessible aux plus gros navires, et, dans une moindre mesure, à Amsterdam-IJmuiden. Le transit rhénan est en diminution relative par rapport à l'entre-deux-guerres et emprunte moins la voie fluviale. Pour améliorer l'accessibilité terrestre du port sans trop accroître le trafic autoroutier, les Pays-Bas ont entrepris la construction d'une nouvelle voie ferrée réservée aux marchandises entre Rotterdam et l'Allemagne. L'autre fleuron de la « plate-forme logistique » hollandaise est l'aéroport de Schiphol, dont l'extension est en cours, malgré l'entorse faite à la protection des espaces ouverts dans l'ouest des Pays-Bas. Si la flotte marchande néerlandaise a fortement décliné, les Néerlandais occupent des positions internationales très fortes dans la batellerie intérieure et le trafic routier, l'intégration à l'Europe ne pouvant que favoriser l'essor de ces branches. Les principaux partenaires commerciaux des Pays-Bas sont les pays de l'Union européenne (Allemagne et Belgique en tête). La balance commerciale et la balance des paiements courants sont excédentaires, mais leur importance rend le pays tributaire du marché mondial, vulnérabilité qui constitue, avec le chômage, le souci économique majeur du pays.
Les Pays-Bas tiennent également une place importante, en Europe, pour ce qui est des activités financières et des services aux entreprises. Les premières sont issues du commerce et remontent au xviie s., avec, pour centre principal, Amsterdam. La concentration actuelle y a été tardive mais rapide et s'est accompagnée d'une forte internationalisation (groupe ING, Robeco, ABN-AMRO). La Bourse d'Amsterdam a plus de difficultés à maintenir ses positions face aux grandes places européennes. En matière de services marchands, les Pays-Bas ont conservé des spécialisations anciennes (agronomie tropicale, poldérisation, travaux hydrauliques et portuaires) mais aussi considérablement élargi leurs activités (courtage, mercatique, ingénierie, cabinets de conseil), lesquelles sont concentrées dans l'ouest du pays. Quant à l'administration publique nationale, elle est localisée surtout à La Haye, siège du gouvernement.
La balance touristique des Pays-Bas est déficitaire, comme généralement en Europe du Nord. Alors que les Néerlandais vont de plus en plus passer leurs vacances d'été et d'hiver à l'étranger, les Pays-Bas accueillent surtout un tourisme de passage (villes d'art, champs de fleurs, littoral…), mais aussi un tourisme de séjour estival, où se côtoient Néerlandais et Allemands.