Jeux Olympiques de la Grèce antique
Jeux panhelléniques – concernant l'ensemble du monde grec – qui se célébraient tous les quatre ans, depuis 776 avant J.-C., à Olympie, en l'honneur de Zeus et qui comprenaient non seulement des épreuves sportives, mais aussi des concours musicaux et littéraires.
1. De la légende à la réalité
Attribuée aux dieux et aux héros grecs, la création des Jeux relève de plusieurs légendes, dont celle qui conte qu'Héraclès, après avoir détourné le fleuve Alphée, aurait organisé avec ses quatre frères une course dont il couronna le vainqueur d'une branche d'olivier. La réalité historique rejoint cette genèse imaginaire et mythologique au ixe s. avant notre ère.
1.1. Une institution sportive en 776 avant J.-C.
La création officielle des Jeux remonterait à en fait 776 avant J.-C., date à laquelle un certain Koroïbos aurait remporté la course du stade (192,27 m, soit 600 fois la longueur du pied d'Héraclès), épreuve à laquelle se réduisaient les Jeux à l'origine. C'est d'ailleurs à partir de cette date que les Grecs ont compté le temps en olympiades (périodes de quatre années séparant la célébration de jeux Olympiques consécutifs).
Avant cette date, les jeux Olympiques n'auraient été que des jeux locaux arrêtés et modifiés à maintes reprises et sans grand impact en Grèce, semble-t-il, puisque l'Iliade et l'Odyssée d'Homère, œuvres datées de cette époque, n'y font guère référence.
1.2. Pour calmer la colère des dieux
Néanmoins la tradition relate qu'en 884 avant J.-C. des guerres ravagent le petit royaume d'Élide, où se situe Olympie, le « pays des sources », située dans une plaine de l'ouest du Péloponnèse au confluent de la rivière Kladéos et du fleuve Alphée.
Iphitos, qui dirige le royaume d'Élide, est désemparé devant ces conflits permanents et va consulter la pythie de Delphes. Celle-ci lui déclare que la colère des dieux ne pourra être calmée qu'à la condition que des jeux Olympiques soient organisés. De retour à Olympie, Iphitos réussit à convaincre Lycurgue, le puissant chef de l'armée de Sparte, d'autoriser la tenue des Jeux.
1.3. Un temps de trève sacrée
Olympie devient alors un territoire neutre, interdit à toute armée pendant la durée des Jeux, et dans le même temps un territoire sacré, reconnu comme tel par toutes les cités grecques. C'est ainsi que les jeux Olympiques prennent vie, par la création d'une institution sportive avec ses lois et ses règles.
2. Le cadre des jeux Olympiques à Olympie
Olympie est un sanctuaire dépendant de la ville d'Élis, où seuls résident les prêtres chargés des cultes. Ceux-ci gardent les temples et les trésors, car l'enceinte sacrée qui protège le bois sacré, l'Altis, renferme plus de 3 000 statues et de nombreuses richesses. Parmi celles-ci, la célèbre statue chryséléphantine (en or et en ivoire) de Zeus, œuvre du sculpteur Phidias, est l'une des Sept Merveilles du monde.
Pour accueillir les jeux Olympiques, les Grecs édifient un véritable « village olympique » associant les cérémonies religieuses aux foires commerciales et aux compétitions sportives.
Ainsi, autour de l'Altis, s'élèvent d'un côté le gymnase, la palestre, le prytanée, le léonidaïon, le théokolion et le bouleutêrion, et de l'autre l'hippodrome et le stade :
– Le gymnase sert à la fois à l'entraînement des athlètes et aux conférences des philosophes ;
– dans la palestre se déroulent les épreuves de lutte ;
– le prytanée est l'hôtel où sont hébergés les athlètes ;
– Le léonidaïon accueille les hôtes de marque ;
– le théokolion est réservé aux prêtres ;
– le bouleutêrion est l'endroit où siègent des juges-arbitres, appelés « hellanodices », qui président au bon déroulement des Jeux ;
– les compétitions de courses de chevaux et de chars ont lieu dans l'hippodrome, long de 125 mètres et large de 30 ;
– sur le stade (nom qui désigne alors non pas la piste mais sa longueur, égale à 196 mètres), toujours visible aujourd'hui sur le site, les athlètes s'affrontent dans trois sortes de courses à pied : le dromos (un stade), le diaulique (deux stades) et le dalique (course de fond de 24 stades).
3. Le déroulement des jeux Olympiques de la Grèce antique
3.1. La période précédant les jeux Olympiques
Un Grec ne devait pas mourir, disait-on alors, sans avoir assisté au moins une fois dans sa vie aux jeux Olympiques. Quand l'annonce solennelle des Jeux se propage, toutes les cités s'affairent donc en préparatifs afin de pouvoir compter sur des supporters parmi les 45 000 spectateurs qui pourront contempler ceux qui prendront part aux épreuves athlétiques ou aux concours d'art (en littérature, en sculpture, en musique et en architecture), en hommage à Zeus.
Toutes les cités grecques ou colonisées par les Grecs participent à ces compétitions qui symbolisent l'unité de la nation hellénique. La trêve olympique fait déposer les armes aux combattants, qui se retrouvent dans l'hippodrome et le stade.
Seuls les citoyens grecs sont admis à concourir ; en revanche les esclaves, les « barbares » (étrangers) et les condamnés sont exclus de la compétition. Les athlètes, inscrits un an avant leur participation aux Jeux, viennent s'entraîner dans le gymnase dès l'automne qui précède leur ouverture. Au même moment, les dix juges, les hellanodices, prennent leur quartier à Olympie. À la fin du printemps, ils accueillent officiellement les concurrents sélectionnés.
3.2. L'ouverture des jeux Olympiques
Les Jeux débutent avec le sacrifice de bœufs aux cornes dorés au temple de Zeus. Leurs entrailles sont brûlées à l'encens sur l'autel. Les hellanodices ouvrent la procession devant les athlètes, suivis des cochers, des entraîneurs, des représentants des cités grecques en tenue d'apparat. Arrivés devant la statue de Zeus, les athlètes se prosternent et prêtent serment de lutter loyalement.
Le soir, un nouveau sacrifice est offert à Pélops, autre fondateur légendaire des jeux Olympiques dont le nom a donné celui de Péloponnèse (île de Pélops) à la péninsule. La flamme, allumée par des jeunes filles vierges, va brûler durant les cinq journées que durent les Jeux. Dès le lendemain, les hellanodices tirent au sort les séries des épreuves éliminatoires de la course de vitesse, classent les lutteurs par paires et remettent aux chars leurs couleurs. Les juges contrôlent l'entrée dans le stade afin d'en interdire l'accès aux femmes. Seule la prêtresse de Déméter, déesse de la Fécondité, est admise aux Jeux et siège sur son autel face aux juges.
3.3. Le programme des jeux Olympiques
Du souterrain qui les conduit au stade, les concurrents apparaissent dans l'égalité de leur nudité. Le héraut fait l'appel des coureurs. Les Jeux vont commencer.
Après le premier jour consacré à la cérémonie d'ouverture, le programme est le suivant :
– le deuxième jour comprend les épreuves réservées aux enfants et aux adolescents, qui s'affrontent à la course à pied, à la lutte et au pugilat ;
– le troisième jour ont lieu les épreuves réservées aux adultes (courses à pied [dromos, diaulique, dalique], lutte, pugilat, pancrace ou ceste [lutte et pugilat]) ;
– le quatrième jour ont lieu les courses de chars (à quatre chevaux, à deux chevaux, à deux mulets), les courses à cheval, le pentathlon (course, saut, lutte, javelot, disque) et la course en armes ;
– le cinquième jour est consacré à la cérémonie de clôture.
3.4. La cérémonie de clôture des jeux Olympiques
La clôture des Jeux donne lieu à la remise des couronnes de feuilles d'olivier coupées avec une faucille d'or dans le bois sacré, l'Altis, qui aurait été planté, selon la légende, par Héraclès lui-même. Les athlètes primés reçoivent en outre un bandeau en laine rouge pour les cheveux. Une palme, symbole de la victoire, sera plus tard ajoutée à ces attributs.
Les cérémonies s'achèvent par un sacrifice à Zeus. Un grand festin avec musiciens réunit les athlètes victorieux, leur famille et leurs amis. Les héros repartent vers leur patrie sur un char tiré par quatre chevaux blancs Le champion est reçu en triomphe ; il reçoit une pension exempte d'impôts et on élève dans sa ville une statue à son effigie dans un lieu public.
4. Apogée, dérives et fin des jeux Olympiques de la Grèce antique
Le succès des Jeux dans la Grèce antique s'est traduit non seulement par un engouement pour les sports athlétiques dans l'éducation physique imaginée par les Grecs, mais également dans la philosophie et les arts.
L'intérêt pour l'hygiène, la santé, la beauté du corps autant que la formation du caractère va pénétrer les contrées éloignées conquises par la civilisation hellénique : l'Asie Mineure, l'Égypte, la Crimée, où sont implantés des gymnases et des stades jusque dans les plus petits villages. Néanmoins, les jeux Olympiques de l'Antiquité grecque n'ont été ni le « paradis perdu » que l'on évoque souvent en parlant des choses du passé, ni l'objet d'un culte incontesté par les Grecs eux-mêmes. Il y a eu des tricheurs ; des mécènes n'ont pas craint d'acheter des écuries avant les épreuves et de prendre des étrangers dans les équipes de leurs cités ; des athlètes ont tenté de se « doper », notamment en mangeant à l'excès de la viande ou en buvant des philtres.
La vision du sport en Grèce ne fit d'ailleurs pas l'objet d'un consensus et celle des Jeux, enthousiaste et idéaliste, qu'en donne le poète Pindare dans ses odes élogieuses aux vainqueurs n'est pas celle des penseurs comme Xénophon et Platon, qui développent des points de vue plus prosaïques, hygiénistes et militaristes.
La fameuse trêve olympique, elle-même, n'a pas été toujours respectée :
– en 420 avant J.-C., les Éléens interdisent aux Lacédémoniens de participer aux Jeux et tentent d'exercer un chantage politique, si bien que l'on craint une intervention armée pendant les Jeux ;
– en 364 avant J.-C., les Arcadiens s'emparent d'Olympie et prennent la place des Éléens pour organiser les Jeux. Ces derniers se présentent alors en armes pendant la célébration des Jeux ;
– enfin, en 332 avant J.-C., Caloppos achète ses adversaires du pentathlon mais se trouve démasqué ; les Athéniens refusent de payer l'amende qu'on inflige à leur athlète, suspendent leur participation aux Jeux mais sont obligés d'interrompre leur boycott car la pythie de Delphes leur refuse tout service tant qu'ils ne se seront pas acquittés de l'amende.
La décadence des jeux Olympiques a donc commencé avec des affaires de corruption. Plus tard, la civilisation grecque subit les influences de ses colonisateurs macédoniens puis romains jusque dans le programme olympique : les combats de gladiateurs, la lutte contre les fauves apparaissent, et la durée des Jeux s'allonge, allant jusqu'à six mois. L'idéal grec de l'excellence se pervertit de même que le panem et circenses des jeux du cirque.
Dédiés aux dieux multiples de la religion grecque, les Jeux ne résisteront pas au dieu unique des chrétiens. Nés de la religion, ils mourront ainsi par la religion. C'est l'empereur Théodose Ier, converti au christianisme et fortement influencé par saint Ambroise, évêque de Milan, qui décidera de les interdire purement et simplement en l'an 394.