Afrique du Sud : activités économiques
Principale économie émergente du continent avec le Nigeria, l'Afrique du Sud, étant mieux intégrée sur les marchés mondiaux, a moins bien traversé la crise de 2008 que d'autres États d'Afrique subsaharienne. Le pays recèle des ressources minières considérables (métaux platinoïdes [plus de 90 % des réserves mondiales], or [2es réserves], diamants, chrome, manganèse, plomb, nickel, argent, uranium…), qui représentent environ 39 % de ses exportations. Ses premiers marchés sont l'UE (Allemagne), la Chine et les États-Unis. Cependant, outre l'état sanitaire préoccupant et le niveau élevé de corruption, qui pèse sur l'investissement, le taux de chômageatteint 33% et 61 % chez les jeunes — (2022), et les inégalités sont parmi les plus fortes au monde. Leur réduction est d'autant plus compromise que l'Afrique du Sud est le pays le plus touché par la pandémie de Covid–19 sur un continent africain relativement épargné . Après la récession de 2020 (- 6 %), la reprise, fragilisée par une grave crise énergétique, est estimée à 0,6 % en 2023.
● agriculture : 21,3 %
● mines et industries : 17,3 %
● services : 61,4 %
● agriculture : 2,8 %
● mines et industries : 24,7 %
● services : 72,5 %
1. Une économie puissante mais fragile
L'Afrique du Sud est la deuxième puissance économique du continent africain, derrière le Nigeria. Bien que dépourvue de ressources pétrolières, elle dispose d'atouts économiques considérables, mais l'or, qui a fait sa richesse – et qui demeure le premier produit d'exportation –, a considérablement perdu de sa valeur.
Si, en 1994, l'instauration d'une démocratie multiraciale et l'arrivée au pouvoir de la majorité noire ont constitué un tournant politique majeur, les statistiques indiquent que, deux ans après, les structures sociales et économiques n'ont pas été fondamentalement modifiées. En dépit de ses fortes potentialités, le pays, en proie au chômage (sans doute proche de 40 %), peine pour surmonter des handicaps structurels. Depuis 1993, le taux d'inflation est resté inférieur à 10 %. Mais les problèmes socio-économiques persistent, liés principalement à l'inégalité des niveaux de vie entre Blancs et Noirs, et à la gravité du sous-emploi (le chômage touchant, chez les Noirs, plus de la moitié de la population active). L'amélioration des conditions de vie des populations noires représente, aujourd'hui, l'un des principaux enjeux politiques. Dès 1994, un vaste programme de reconstruction et de développement (RDP) avait été lancé, dont l'objectif était de fournir logements, eau courante et électricité aux plus déshérités. Les résultats mitigés du RDP ont conduit à son abandon en 1997, et l'accent est mis désormais sur un programme macroéconomique (dénommé Growth Employment and Redistribution) visant à favoriser l'investissement privé dans les travaux publics et à stimuler la création de P.M.E. par des entrepreneurs noirs. Un taux de croissance élevé est indispensable pour satisfaire les exigences de la nouvelle majorité, mais la transition est progressive. La croissance dépend aussi de la conjoncture internationale, et les investisseurs étrangers restent encore prudents. Beaucoup d'incertitudes subsistent donc sur la capacité à effacer un apartheid économique, finalement plus long à abolir que l'apartheid politique.
2. Agriculture et pêche
L'agriculture n'occupe que 10 % de la population active et ne contribue qu'à hauteur de 3 % au P.N.B. et à 7 % des exportations ; elle satisfait cependant la majeure partie des besoins nationaux et permet de notables exportations. Les exploitants agricoles blancs monopolisent l'agriculture commerciale, employant 1 200 000 ouvriers agricoles, qui font vivre plus de 5 millions de personnes. Les rendements dans les anciens bantoustans – les terres les moins fertiles – restent dérisoires, et leur contribution, négligeable : les causes sont d'ordre sociologique (tradition de l'agriculture vivrière), écologique (érosion des sols) et économique (migrations des hommes vers les régions minières et industrielles, manque de capitaux).
L'Afrique du Sud est le 9e producteur mondial de maïs, qui constitue l'aliment de base de la population noire ; elle produit également du vin (7e rang mondial), de la canne à sucre, du blé, des oléagineux (tournesol, arachide), des pommes de terre et des fruits de verger (pommes, agrumes). Elle possède un important cheptel ovin (25 millions de têtes, 10e rang mondial), élevé surtout pour la laine (karakuls, mérinos), notamment dans la région du Cap, ainsi qu'un cheptel bovin d'environ 14 millions de têtes. Mais, en raison de l'aridité du climat, seulement 11 % du territoire sont cultivés, et l'élevage extensif des troupeaux occupe de vastes espaces. Aussi l'Afrique du Sud est-elle la principale partie prenante dans la réalisation d'un énorme complexe de barrages dans les montagnes du Lesotho voisin (Lesotho Highlands Water Scheme), qui offre déjà des réserves d'eau suffisantes pour l'irrigation de l'ancien État libre d'Orange.
Pays maritime, ouvert sur deux océans, l'Afrique du Sud dispose, en outre, d'une importante flotte de pêche, qui fournit des poissons et des crustacés (anchois, sardines, langoustes…).
3. Mines et industries
Les ressources minières sont considérables. L'Afrique du Sud est ainsi le premier producteur mondial d'or, de manganèse, de chrome et de platine, dont elle possède 50 à 80 % des réserves planétaires. Elle extrait également de l'argent, du cuivre, de l'uranium, du titane, du vanadium, de l'antimoine, de l'amiante, du minerai de fer (7e rang), du plomb (12e rang), des diamants (15 millions de carats) et du charbon (270 millions de tonnes, 6e rang mondial). Exploité au Natal et au Transvaal, ce dernier est exporté bien meilleur marché que le charbon d'Australie ou des États-Unis. L'or demeure la première richesse du pays, grâce, notamment, aux mines du Witwatersrand. Pour pallier son manque de pétrole, surtout au temps de l'apartheid, où elle redoutait des sanctions économiques, l'Afrique du Sud s'est lancée dans la fabrication de pétrole synthétique à partir de charbon liquéfié. Le procédé, mis au point par une entreprise d'État, la Sasol, est coûteux, mais il permet de couvrir 40 % de la consommation du pays. Pour s'approvisionner en énergie électrique, l'Afrique du Sud avait financé la construction du grand barrage de Cabora Bassa, sur le Zambèze, au Mozambique, mais la ligne à haute tension de plus de 1 000 km entre le barrage et le Transvaal a été gravement endommagée durant la guerre civile qui a ravagé l'ex-colonie portugaise. L'Afrique du Sud dispose aussi à Koeberg, près du Cap, d'une centrale nucléaire : cette localisation s'explique par l'éloignement du bassin houiller. Cette centrale a été fournie par la France, ce qui lui avait permis, avec l'aide de divers pays occidentaux, de fabriquer des bombes atomiques que le gouvernement sud-africain a fait détruire en 1993. L'approvisionnement en électricité (fournit en majorité par le charbon) est insuffisant au regard de la demande.
En revanche, les gisements de fer sont relativement modestes, la bauxite est quasi absente et, surtout, le pétrole manque.
L'industrialisation de l'Afrique du Sud s'est opérée, dans une large mesure, à l'initiative du gouvernement, avec la création de trois grandes entreprises publiques : outre la Sasol, ce sont l'Escom (qui couvre 86 % des besoins en électricité) et l'Iscor (qui fournit 85 % de la demande intérieure en acier). La production industrielle est diversifiée, les principales branches d'activité étant la métallurgie, la sidérurgie, le textile, l'agroalimentaire, les constructions mécaniques, l'armement ou encore la chimie. Elles sont concentrées dans le Witwatersrand, première région industrielle du pays, dominée par Johannesburg, la capitale économique, et dans les zones portuaires (Le Cap, Port Elizabeth, Durban). Le secteur privé est contrôlé par quelques groupes puissants, comme l'Anglo-American (or et uranium), la De Beers (diamants), le magnat des tabacs, Rembrandt, ou encore le groupe né de la fusion, en 1997, de Goldfields et de Gencor dans le secteur minier. Les encouragements à la naissance d'un capitalisme noir après 1994 ont porté quelques fruits, avec, notamment, la création d'une société minière, la Johnnic, dont la direction a été confiée à l'ancien dirigeant syndicaliste Cyril Ramaphosa. Mais seulement 7 % des capitaux traités à la Bourse de Johannesburg sont des capitaux « noirs ». La plupart des grandes marques automobiles mondiales ont installé des usines d'assemblage en Afrique du Sud – excepté Peugeot et Renault, qui ont quitté le pays en 1986. L'activité portuaire se concentre à Durban, au Cap et à Richards Bay (le port minéralier pour le charbon), et l'Afrique du Sud prend une part active à la réactivation du « corridor » de Maputo, la capitale mozambicaine, qui dispose d'un port distant seulement de 550 km de Johannesburg.
4. Commerce et échanges
L'apartheid avait isolé le pays, aujourd'hui réintégré au sein de la communauté internationale. Les principaux partenaires commerciaux de l'Afrique du Sud sont la Grande-Bretagne, l'Allemagne, le Japon et les États-Unis. La balance commerciale est excédentaire. Les principales sources d'exportation sont l'or, les diamants, ainsi que d'autres métaux ou produits métallurgiques : l'Afrique du Sud se place au premier rang des pays exportateurs de minerais stratégiques. Les produits chimiques, l'outillage et le matériel de transport représentent également des sources de devises. L'Afrique du Sud tire aussi des ressources des services : commercialisation du diamant à l'échelle mondiale, trafic de transit pour le Lesotho, le Botswana et le Swaziland, mais aussi pour la Zambie, le Congo démocratique, le Malawi et le Zimbabwe. Le pays exporte aussi des armes, notamment vers d'autres pays africains, fabriquées dans les entreprises d'État créées au temps de l'apartheid.
Pour en savoir plus, voir les articles géographie physique de l'Afrique du Sud et population de l'Afrique du Sud.