Afrique : activités économiques
La rapidité de la croissance démographique depuis le milieu du xxe s. bouleverse les données du développement social et économique, alors que les pays africains ont le plus grand mal à s'insérer dans la société industrielle et commerciale moderne, prisonniers à la fois des structures traditionnelles fondées sur une économie de subsistance et des monocultures rentières qui avaient été imposées par les colonisateurs européens (cacao, café, palmier à huile, arachide), ainsi que de l'extraction minière (pétrole, cuivre, manganèse, diamants, métaux rares et précieux), alors que les industries de transformation sont fréquemment insuffisantes.
1. L'agriculture
L'agriculture africaine se répartit en domaines distincts suivant les influences climatiques. Les régions subsahéliennes produisent des tubercules (manioc, igname, taro) et des céréales (sorgho, mil et petit mil), dont le cycle végétatif correspond à la saison des pluies. Plante amérindienne (comme le maïs, la pomme de terre et l'arachide), le manioc, malgré sa pauvreté en matières grasses, est devenu la principale source en calories des Africains. Les principales plantes d'exportation, introduites par les Européens, sont l'arachide et le coton. Au sud du Sahara, les Africains cultivent traditionnellement les terres des plateaux, selon un système de brûlis et de rotation des cultures, respectant une jachère pouvant atteindre vingt ans. Sur les marges de l'Afrique tropicale, millet, sorgho et maïs sont les céréales dominantes. Les terres ne sont pas fumées, agriculture et élevage n'étant presque jamais associés, sauf en Afrique du Nord. C'est munis de houes (petits instruments de labour manuels) que les Africains cultivent leurs terroirs. Une variante sahélienne de la houe, l'iler, est dotée d'un plus long manche. Cependant, c'est le feu qui demeure le principal outil de défrichement.
Avec l'explosion démographique, le paysan doit produire plus de nourriture, accélérer le rythme de la rotation des cultures, et donc raccourcir, voire supprimer, les jachères. Mais il n'abandonne pas la technique extensive de l'essartage, sans apport d'engrais. Les sols des plateaux, insuffisamment épais pour supporter des labours superficiels répétés, sont alors sujets à une intense érosion pluviale (lessivage) ou éolienne, et s'assèchent plus rapidement. Soutenus par l'aide internationale, certains États de la zone sahélo-soudanienne ont toutefois mis en place, au cours des années 1980, des programmes d'encadrement de la paysannerie et d'aménagement hydraulique (fleuve et embouchure du Sénégal, delta intérieur du Niger). Les Sud-Africains ont réussi à mettre au point une agriculture irriguée performante.
Dans les pays de la zone équatoriale et tropicale humide (où il y a peu ou pas de saison sèche) se sont développées, en plus de l'agriculture vivrière (notamment les tubercules), les cultures de plantations (bananiers, palmiers à huile, manguiers). La Côte-d'Ivoire est le premier producteur mondial de cacao, suivie en Afrique par le Ghana, le Nigeria et le Cameroun. La Côte-d'Ivoire et l'Ouganda sont de grands exportateurs de café. Le Liberia ainsi que le Nigeria, la Côte-d'Ivoire et la République démocratique du Congo (ex-Zaïre) produisent du caoutchouc naturel. Les États forestiers entourant le golfe de Guinée exploitent leurs ressources sylvicoles, comme l'okoumé, bois utilisé pour la fabrication du contreplaqué. Dans les zones montagneuses de l'Afrique de l'Est (Éthiopie, Kenya, Rwanda, Burundi), les formes d'agriculture sont en général beaucoup plus intensives ; selon les régions prédominent les associations céréales-tubercules, ou au contraire les plantations de café (Éthiopie) ou de thé (Kenya, Tanzanie, Mozambique, Burundi et Rwanda). Ces plantes sont souvent associées aux bananeraies. La banane, transformée en bouillie ou en bière, est un aliment essentiel de l'Afrique tropicale pluvieuse.
C'est avec la colonisation que sont apparues les cultures commerciales, qui se sont substituées aux cultures vivrières. Des associations de cultures demeurent cependant possibles, comme l'arachide – monoculture qui a fait un temps la grandeur de Dakar – et le mil dans le Sahel. Le maraîchage, exemple d'intensification agricole, a connu un développement récent, en particulier autour des grandes villes qu'il alimente en tomates, patates douces, haricots et oignons. Il contribue, en outre, aux exportations de contre-saison.
2. L'élevage et la pêche
L'élevage est traditionnellement pratiqué dans le Sahel et en Afrique de l'Est. Les Peuls, éleveurs de bovins (principal cheptel africain), sont les pasteurs les plus nombreux de l'Afrique occidentale, avec les Touareg et les Maures du Sahara, éleveurs de dromadaires et de petit bétail. En Afrique de l'Est, ce sont les Massaïs, les Turkanas ou encore les Somalis. Les sécheresses répétées ainsi que la volonté des États de mieux contrôler les éleveurs amènent une partie des pasteurs transhumants et des nomades à se sédentariser pour associer l'agriculture à leur élevage traditionnel.
Les produits de la pêche représentent moins de 5 % des prises mondiales. L'Afrique du Sud, la Tanzanie, le Sénégal, le Ghana, l'Ouganda et la République démocratique du Congo sont les principaux producteurs. La pêche maritime est importante au large des côtes atlantiques, longées par les eaux froides du courant de Benguela (hémisphère Sud) et celles du courant des Canaries (Afrique du Nord-Ouest). Au contraire, les pêcheries des eaux, plus chaudes, de la façade orientale du continent sont beaucoup moins développées. Un secteur de pêche artisanale piroguière – traditionnel mais dynamique – coexiste avec des navires industriels, encore peu nombreux, équipés pour la haute mer et la réfrigération du poisson. Certaines ethnies sont spécialisées dans la pêche continentale (sur les grands fleuves et le lac Tchad entre autres) ; c'est une pêche artisanale dont le produit est en général vendu aux consommateurs locaux (principalement sous forme séchée, salée ou fumée).
3. L'industrie
L'Afrique est un continent où l'industrialisation demeure peu avancée et les voies de communication encore trop insuffisamment distribuées. On constate, presque partout, au cours des années 1980 et 1990, une régression économique associée à une baisse du niveau de vie, aggravant la paupérisation. Seuls l'Afrique du Sud et, dans une moindre mesure, les États de l'Afrique du Nord sont assez puissants économiquement pour limiter leur dépendance vis-à-vis des pays industrialisés. Or c'est justement l'un des maux dont souffrent les États africains. Leur richesse repose essentiellement sur l'extraction des ressources minières, quand ils en disposent en quantité suffisante, ou la transformation d'une partie des produits agricoles exportés.
L'Afrique continue de subir les effets déstructurants du « pacte colonial » : les colonies devaient fournir les métropoles en matières premières brutes, leur acheter des produits manufacturés et s'engager à ne pas développer d'industries concurrentielles.
Les recettes sont majoritairement constituées par la vente de matières premières, dont les pays africains sont parmi les premiers producteurs mondiaux : cuivre zambien, cobalt congolais et zambien (plus de la moitié de la production mondiale), diamants (Afrique du Sud, République démocratique du Congo et Botswana), bauxite (Guinée, 15 % de la production mondiale), uranium (Namibie, Niger et Gabon), or (Afrique du Sud, 25 % de la production mondiale), ainsi que l'argent, le fer et d'autres métaux rares. Le pétrole, dont le continent africain produit moins de 10 % du tonnage mondial brut, est exploité par le Nigeria, la Libye, l'Algérie, l'Égypte, le Gabon, ainsi que le Cameroun, le Congo et la Tunisie pour une moindre part. Le gaz est principalement produit par l'Algérie (2,4 % de la production mondiale). L'Afrique du Sud demeure la plus grande puissance industrielle d'Afrique : elle fournit près de 70 % de l'énergie électrique du continent, 45 % de la production minière et 40 % de la production industrielle. L'industrie contribue à 20 % dans la formation du P.I.B. des États du Maghreb et de l'Égypte, 45 % en Afrique du Sud, mais moins de 10 % au Mali et moins de 5 % au Niger.
Le tourisme est une activité en développement, en particulier en Égypte, en Tunisie et en Afrique de l'Est, qui dispose de prestigieuses réserves naturelles (Kenya, Tanzanie).
4. Les échanges
De nombreux pays africains produisent à peine de quoi nourrir leur population, et sont obligés d'importer de grandes quantités de céréales et de produits alimentaires, tandis qu'ils ont fondé leur développement économique sur l'exportation de matières premières : c'est là une des plaies des économies africaines. En dépit de l'aide internationale, la part du secteur alimentaire représente jusqu'au quart des importations. Mais la fluctuation et la baisse des prix à l'exportation (cacao, oléagineux), ainsi que l'apparition sur les marchés de produits agricoles concurrents – en particulier asiatiques (par exemple, la Malaisie pour le cacao) – plus compétitifs ont rendu les revenus de ces exportations plus aléatoires encore. Cela incite les États à diversifier leurs productions (par exemple, les cultures vivrières destinées aux pays déficitaires) et à augmenter les échanges commerciaux intracontinentaux, à peu près inexistants. Le commerce interafricain ne peut réellement émerger que si les voies de communication sont, elles aussi, suffisamment développées. La plus grande partie du réseau routier est constituée de pistes qui ne sont pas toujours carrossables. À elle seule, l'Afrique du Sud possède 43 % des voies ferrées de toute l'Afrique au sud du Sahara.
La part de l'Afrique dans le commerce mondial était tombée à 1,2 % au début des années 1990 (contre 4,7 % en 1980). Ses principaux partenaires sont l'Union européenne, les États-Unis et les pays en voie de développement. Les tentatives de regroupements régionaux ne permettent pas d'apercevoir, à l'heure actuelle, des signes d'amélioration au niveau économique.
La dette extérieure est certes moins élevée qu'en Amérique latine, mais elle évolue d'une manière plus rapide. Dix fois plus importante que l'aide étrangère, elle a augmenté deux fois plus vite au cours des années 1980. En Afrique, le remboursement annuel de la dette représente près de 30 % des recettes d'exportation. Il en découle une situation paradoxale : les États doivent rembourser plus d'argent qu'ils n'en reçoivent. Certains États, comme le Canada et surtout la France, ont consenti un important effort de réduction, voire d'annulation de cette dette. De leur côté, le F.M.I. (Fonds monétaire international) et la Banque mondiale imposent aux États africains des plans d'ajustement structurels (P.A.S.) draconiens, qui conduisent les gouvernements à réduire des dépenses publiques déjà maigres.
Au début du xxie s., les difficultés financières, la croissance démographique deux fois supérieure à la croissance économique, la faible productivité agricole, la déstructuration des économies tant rurales qu'urbaines, la corruption des gouvernements et des bureaucraties, la famine, les épidémies et les guerres civiles constituent autant de facteurs défavorables contribuant à la marginalisation du continent.
Pour en savoir plus, voir les articles géographie physique de l'Afrique et population de l'Afrique.