Afrique : population
Si les bords des lacs est-africains ont livré les plus anciens restes attribuables à des hominidés, les conditions naturelles et historiques n'ont pas contribué à faire de l'Afrique un continent très peuplé. De nos jours, la dégradation des ressources naturelles, l'effondrement des monocultures « rentières » conduisent à l'entassement, dans les bidonvilles des grandes cités, des masses d'hommes sans travail et sans ressources. Dans la deuxième décennie du xxie s., l'Afrique compte une trentaine de villes de plus de 1 million d'habitants, dont plusieurs dépassent les 10 millions. Dans les quinze dernières années du xxe s., la population urbaine est passée de 170 à 370 millions, soit une augmentation de 218 %. Les États d'Afrique
LES ÉTATS D'AFRIQUE État Superficie Nombre d'habitants Afrique du Sud 1 221 037 52 776 000 Algérie 2 381 741 39 208 000 Angola 1 246 700 21 472 000 Bénin 112 622 10 323 000 Botswana 581 730 2 021 000 Burkina 274 000 16 935 000 Burundi 27 834 10 163 000 Cameroun 475 442 22 254 000 Cap-Vert 4 033 499 000 centrafricaine (République) 622 984 4 616 000 Comores 2 235 735 000 Congo (République démocratique du) 2 344 858 67 514 000 Congo 342 000 4 448 000 Côte d'Ivoire 322 463 20 316 000 Djibouti 23 200 873 000 Égypte 1 001 449 82 056 000 Érythrée 117 600 6 333 000 Éthiopie 1 104 300 95 045 679 Gabon 267 668 1 672 000 Gambie 11 295 1 849 000 Ghana 238 533 25 905 000 Guinée 245 857 11 745 000 Guinée équatoriale 28 051 757 000 Guinée-Bissau 36 125 1 704 000 Kenya 580 367 44 354 000 Lesotho 30 355 2 074 000 Liberia 111 369 4 294 000 Libye 1 759 540 6 202 000 Madagascar 587 041 22 925 000 Malawi 118 484 16 363 000 Mali 1 240 192 15 302 000 Maroc 446 550 33 008 000 Maurice 2 040 1 244 000 Mauritanie 1 025 520 3 890 000 Mozambique 801 590 25 834 000 Namibie 824 292 2 303 000 Niger 1 267 000 17 831 000 Nigeria 923 768 173 615 000 Ouganda 241 038 37 579 000 Rwanda 26 338 11 777 000 São Tomé et Príncipe 964 193 000 Sénégal 196 722 14 133 000 Seychelles 455 93 000 Sierra Leone 71 740 6 092 000 Somalie 637 657 10 496 000 Soudan 1 844 797 37 964 000 Soudan du Sud 644 329 11 296 000 Swaziland 17 364 1 250 000 Tanzanie 883 749 49 253 000 Tchad 1 284 000 12 825 000 Togo 56 785 6 817 000 Tunisie 163 610 10 997 000 Zambie 752 618 14 539 000 Zimbabwe 390 757 14 150 000
(en km2)
(estimation pour 2013)
1. Les principaux groupes de population
Le continent africain a une population estimée à plus d'1,1 milliard d'habitants en 2013, dont les quatre cinquièmes vivent au sud du Sahara. La densité moyenne de la population (33 habitants par km2) est relativement faible, mais les disparités sont grandes : de vastes espaces (forêt équatoriale, déserts) sont peu ou pas peuplés, alors que certaines zones concentrent de nombreuses populations. Ces zones de fort peuplement sont situées, pour la plupart, sur les pourtours du continent, sans oublier l'exception que constitue la région des Grands Lacs, où les densités peuvent dépasser 300 habitants par km2.
La population africaine se divise en deux grands groupes :
– le groupe noir, qui domine largement, se compose de plusieurs branches. Le groupe mélano-africain, numériquement le plus important, est répandu du Soudan du Sud à l'extrémité méridionale du continent ; il comprend une multitude de peuples et d'ethnies, que distinguent davantage les habitudes culturelles et les affinités linguistiques que les critères « raciaux ». Les plus anciennement attestés des groupes actuels sont les Pygmées (dont certains sont restés de véritables chasseurs-cueilleurs) dans la forêt équatoriale, les Bochimans et les Hottentots en Afrique australe ;
– le groupe blanc aujourd'hui implanté en Afrique du Nord : Berbères et peuples sémitiques, essentiellement des Arabes, qui ont imposé leur langue à l'ensemble de cette région. D'origine austronésienne, la population malgache a reçu des apports africains, arabes et européens.
Les Éthiopiens constituent un groupe intermédiaire entre l'Afrique noire, au sud du Sahara, et l'Afrique blanche, au nord. Ce peuplement s'est grossi, à partir du xvie s., mais surtout du xixe s., d'un apport européen : colons portugais, anglais, français et hollandais, qui ont répandu leurs langues.
Les religions offrent aussi une extrême variété : aux multiples croyances animistes de l'Afrique ancestrale se sont progressivement superposées les différentes expressions de l'islam et du christianisme.
2. Un héritage douloureux
L'esclavage a longtemps sévi. Pendant des siècles, des tribus guerrières se sont livrées à des razzias sur des groupes moins puissants. Elles vendaient les captifs – le « bois d'ébène » – à des marchands arabes et européens, portugais, puis anglais, hollandais et français. En Afrique occidentale, les Achantis (majoritaires dans l'actuel Ghana) et les Fons du royaume du Dahomey (actuel Bénin) étaient, entre autres, des chasseurs d'esclaves. À la lisière du Sahara, les nomades arabes et berbères (Maures et Touareg de Mauritanie, du Mali, du Niger) asservissaient les Noirs du Sahel. On estime aujourd'hui à près de vingt millions le nombre des Africains ainsi déportés jusqu'au xixe s., toutes destinations confondues (Amérique et Moyen-Orient).
Autres grands fléaux, les épidémies (choléra et, surtout aujourd'hui, sida) et les maladies endémiques (malaria, fièvre jaune, onchocercose, bilharziose…) touchent les populations les plus démunies du continent noir.
3. Une démographie galopante
La croissance démographique africaine est l'une des plus élevées du monde. Le taux annuel d'accroissement naturel s'élève à environ 4,6 % en 1996, alors que la moyenne mondiale est de 1,6 %. À un tel rythme, la population double en un quart de siècle. C'est en Afrique que l'on trouve les plus forts taux de natalité du monde (41 ‰, soit près de deux fois la moyenne mondiale). Le nombre moyen d'enfants par femme africaine s'élève aujourd'hui à 5,6, bien que l'allaitement prolongé des enfants, jusqu'à l'âge de 3 ans, limite théoriquement la fécondité durant cette période. La population africaine est donc jeune : sur les quarante-huit pays du globe dont la population de moins de 15 ans dépasse 45 %, trente et un sont africains. Cette situation pose de difficiles problèmes d'infrastructures (scolaires et sanitaires), et incite de nombreux Africains à effectuer des migrations interrégionales, intrarégionales et internationales. Les grandes migrations historiques, notamment de Bantous et de Peuls, stoppées par l'arrivée des colons, ont fait place à des migrations à caractère économique, saisonnier ou définitif.
Le programme de planification familiale, qui a donné quelques résultats dans les pays du Maghreb, se heurte à la dissémination rurale de la population en Afrique noire, où les filles sont deux fois moins scolarisées que les garçons.
Les taux de mortalité, dont la baisse à partir des années 1950 explique, en partie, la vertigineuse croissance démographique, demeurent élevés (15 ‰). Les taux de mortalité infantile sont presque partout supérieurs à 100 ‰. L'espérance de vie à la naissance dépasse à peine 40 ans pour des pays comme l'Éthiopie et la Sierra Leone. Les progrès sanitaires sont par ailleurs entravés par les guerres civiles qui affectent de nombreux pays (Mozambique, Angola, Éthiopie, Soudan, Tchad, Liberia, Somalie) et les famines qu'elles entraînent, comme en Éthiopie et au Soudan.
Les pays les plus densément peuplés sont le Nigeria (187 habitants par km2) et les deux petits États du Rwanda (447 habitants par km2) et du Burundi (363 habitants par km2). En Égypte, la population est, depuis des millénaires, concentrée sur les rives du Nil. Les autres zones à forte densité se rencontrent le long des littoraux du golfe de Guinée, de l'Afrique du Sud orientale et de l'Afrique du Nord, ainsi que sur les hauts plateaux éthiopiens.
4. Une urbanisation récente
Dans la plupart des États africains, la population rurale est majoritaire et dépasse souvent 75 % de la population totale. Ce sont des régions où l'on trouve d'anciennes paysanneries : Mossis du Burkina, Haoussas du Niger et du Nigeria, Dogons du Mali, Ouolofs et Sérères du Sénégal, Amharas en Éthiopie, Kikuyus au Kenya, Hutus au Rwanda et au Burundi. Seuls la Guinée-Équatoriale, Djibouti, la Zambie, la Tunisie, la Namibie, la Libye et l'Afrique du Sud comptent une population urbaine majoritaire.
Mais l'explosion démographique et la crise structurelle de l'agriculture font affluer dans les villes un nombre toujours plus important de ruraux. Les agglomérations du Caire (11,5 millions d'habitants) et de Lagos (11 millions d'habitants) sont devenues deux des plus grandes métropoles du monde. Les autres grandes agglomérations, pour la plupart des ports d'origine coloniale, sont Alexandrie, Kinshasa et Casablanca (plus de 3 millions d'habitants). Alger, Abidjan, Khartoum, Le Cap, Johannesburg, Dakar, Ibadan, Addis-Abeba, Luanda, Dar es-Salaam et Maputo comptent de 1 à plus de 2 millions d'habitants. Les anciennes villes enclavées (Bamako, Tombouctou, Gao), ou plus récentes (Bangui, Yaoundé) sont restées plus modestes.
Les villes africaines sont généralement divisées en un quartier historique, un quartier des affaires moderne et des quartiers populaires où dominent des maisons individuelles de bois, d'argile, ou d'autres matériaux précaires (l'appellation « bidonville » est née dans les quartiers pauvres de Casablanca, au Maroc). Souvent démunies de toute infrastructure, ces zones d'habitats insalubres conservent un caractère rural ; la population y élève du bétail, exploite les ressources sylvicoles et cultive des vergers pour l'autoconsommation et pour l'alimentation de la ville en produits frais. Caractéristiques des villes du tiers-monde, les agglomérations africaines accueillent une population toujours grandissante et de plus en plus pauvre, qui nourrit un secteur économique informel et échappe à tout contrôle administratif, ne bénéficie pas, le plus souvent, d'une protection sanitaire, et n'a pas accès aux systèmes d'enseignement.
5. Les problèmes sanitaires
La situation sanitaire et épidémiologique de l'Afrique est préoccupante. L'espérance de vie à la naissance est certes passée de 40 à 54 ans entre 1966 et 1995, mais elle reste la plus basse des six continents. Les taux de mortalité infantile peuvent atteindre 143 ‰ (Sierra Leone, Guinée), contre moins de 10 ‰ en Europe. Les niveaux de vie, la malnutrition, les catastrophes naturelles, la rareté des aménagements en matière d'adduction d'eau ou de propreté publique sont autant de facteurs qui se conjuguent pour favoriser épidémies et maladies à l'état endémique. Les maladies tropicales sont loin d'avoir disparu : on a pu agir sur les milieux écologiques dans les cas de l'onchocercose et de la trypanosomiase, mais pas pour le paludisme, qui redevient une des causes majeures de décès dans le continent.
Le sida frappe l'Afrique de plein fouet : 70 % des personnes séropositives pour 12,6 % de la population mondiale. La région des grands lacs est très touchée (de 20 à 30 % de la population est séropositive), alors que l'Afrique de l'Ouest l'est moins (le Nigeria est quasi indemne). La prise de conscience de la gravité de la situation tant par les États que par les populations date de 1985. La baisse constante, en moyenne, des ressources budgétaires et publiques allouées à la santé (accélérée par l'application des plans d'ajustement structurels) depuis les années 1980 explique l'accès extrêmement inégalitaire aux soins et aux infrastructures médicales, l'absence de politique de prévention, la privatisation de la médecine, le coût élevé des médicaments, lesquels sont en outre rares et parfois obsolètes.
Pour en savoir plus, voir les articles géographie physique de l'Afrique et activités économiques de l'Afrique.