épicurisme
Doctrine des disciples d'Épicure.
Avec Hermarque, le premier successeur d'Épicure, Métrodore, Polystrate, Polyen, Leontion et Idoménée furent ses plus illustres disciples. À Rome, seul Lucrèce se fit l'apôtre de l'épicurisme dans un poème, le De natura rerum. Il y poursuit l'entreprise de libération spirituelle amorcée par son maître. Des divergences, toutefois, apparaissent. Tandis que la morale d'Épicure peut être décrite comme un réalisme désenchanté mais plutôt optimiste, la vision du monde qu'a Lucrèce est fondamentalement pessimiste : l'Univers et la vie sont dépourvus de sens, au point que la volonté de mettre l'homme en possession du bonheur se heurte au sentiment d'impuissance à réaliser ce dessein.
Dans le débat sur la scolastique qui culmina à la Renaissance et au xviie s., les partisans de la science nouvelle renouèrent avec l'atomisme et le sensualisme d'Épicure. Ainsi, des philosophes comme Gassendi et Hobbes, puis Diderot et Nietzsche, aux siècles suivants, ont pu être considérés comme épicuriens. La recherche du bonheur individuel, ce principe qui appelle à la réflexion pour éviter tout ce qui apporte en définitive plus de désagrément que de plaisir, a souvent été jugé – et déjà par Cicéron – comme une invitation à sombrer dans les plaisirs sensuels. Le caractère austère, voire ascétique, de la vie à l'écart du monde disparut avec d'autres recommandations du philosophe, dont le nom devint synonyme de concupiscence et dont les disciples furent qualifiés de « pourceaux ». De ce contresens est née la notion d'« épicurisme », qui repose sur un des plus surprenants malentendus qui aient frappé une pensée philosophique.