Un nouveau départ pour George W. Bush
Mal élu à l'élection présidentielle de novembre 2000, George W. Bush remporte un succès net aux élections de mi-mandat : renouvellement de l'ensemble de la Chambre des représentants, de 36 des 50 gouverneurs d'État et du tiers du Sénat.
Traditionnellement, ces élections sont défavorables au président nouvellement élu, les Américains profitant de cette occasion pour rappeler à l'équipe en place ses promesses de campagne. Là, il n'en a rien été : les républicains ont repris la majorité au Sénat, accentué la leur à la Chambre des représentants et gagné plusieurs postes de gouverneurs (Géorgie, Maryland, Ohio), même si les démocrates l'ont emporté en Pennsylvanie, au Michigan, au Wisconsin et en Illinois. Sur ce dernier point, plusieurs observateurs font remarquer qu'il s'agit peut-être d'un cadeau empoisonné, ces États ayant en commun d'avoir des finances publiques en net déficit, ce qui impliquera forcément des choix impopulaires aux nouveaux gouverneurs. La victoire des républicains est d'autant moins contestable que la participation électorale – toujours faible aux États-Unis – a été, cette fois, tout à fait honorable pour ce type d'élections, soit 35 % des inscrits.
Une opposition hésitante
Les analystes politiques hésitent quant à l'explication de cette vague républicaine : revirement des électeurs ou modification de la composition de l'électorat ? Sans soute un peu des deux. Une chose est sûre, cependant : depuis le 11 septembre 2001, le pays s'est soudé autour de son président, tandis que la poussée à droite de l'opinion s'est confirmée. D'autant que l'opposition démocrate n'a pas su trouver de langage alternatif. De fait, tout candidat ayant le front d'émettre des réserves à propos de la politique américaine vis-à-vis du terrorisme, de l'Irak ou des contrôles policiers à l'intérieur même du pays se trouvait immédiatement soupçonné d'esprit « non patriotique ». Ainsi, dans le Maryland, Kathleen Kennedy Townsend, propre fille de Robert Kennedy et gouverneur adjointe sortante de cet État acquis aux démocrates depuis trente-six ans, a subi une lourde défaite : elle avait osé axer une partie de sa campagne sur le contrôle des armes vendues aux particuliers...
Pour George W. Bush, la voie est libre désormais pour appliquer son programme, dont plusieurs éléments avaient été bloqués jusque-là au Congrès par les démocrates. À court terme, il va pouvoir instituer ce ministère de la Sécurité intérieure ; il va également pouvoir autoriser le versement de subventions publiques aux organismes privés à caractère confessionnel, ce qui n'était pas légal jusqu'alors du fait de la séparation de l'Église et de l'État.
Quatre autres champs d'action s'ouvrent aussi après la victoire du 5 novembre.
La poursuite de la baisse des impôts : mesure fétiche du président conservateur, cette baisse a été mise en application dès 2001, contribuant à provoquer le déficit du budget fédéral, pourtant excédentaire lors des années précédentes. Plusieurs démocrates avaient voté en faveur de la diminution de la pression fiscale, mais s'opposaient à sa pérennisation. L'administration en place va donc confirmer la baisse des impôts, malgré la hausse programmée des dépenses publiques, notamment dans le domaine militaire. Il est prévu d'ailleurs de financer en partie ce déficit en ponctionnant le système de retraite par répartition, garanti par l'État.
On touche là à la deuxième mesure prioritaire de l'administration Bush : la privatisation des retraites. Pendant sa campagne, le candidat républicain s'était prononcé en faveur d'une privatisation complète du régime des retraites, dont le financement devrait être assuré pour chaque salarié par un plan d'épargne individuel. La chute brutale de la Bourse et des scandales d'entreprises comme Enron (dont les salariés ont tout perdu, leur emploi, leurs actions et leur régime de retraite) avaient poussé le président à mettre son projet en veilleuse. D'autant que l'opposition démocrate s'était beaucoup dépensée sur ce point. L'entourage du président réclame maintenant une accélération résolue de cette privatisation. La loi sur l'énergie constitue un des autres objectifs majeurs de G. W. Bush, lui-même lié aux milieux pétroliers texans. Cette loi prévoit, entre autres choses, une accentuation des forages, notamment en Alaska. Jusque-là l'opposition avait réussi à bloquer le projet en faisant valoir les risques écologiques consécutifs à ces nouveaux forages dans une vaste région jusque-là préservée.