Le recensement de la population 1999
Le recensement de la population, le trente-troisième de l'histoire de France, qui a débuté le 8 mars 1999, est l'une des sources essentielles pour l'analyse démographique du pays. Il offre une photographie de la société française dans sa diversité et son évolution à l'aube du IIIe millénaire. D'abord simple comptage de population, il est devenu une opération plus significative, servant de base aux études économiques, financières et administratives françaises et européennes.
Le but d'un recensement est d'obtenir un ensemble de renseignements statistiques auprès de tous les membres d'une population. Périodiquement organisé, le recensement est l'occasion unique de disposer d'une photographie précise et actualisée de la population de la France et de ses logements. Neuf ans se sont écoulés depuis le dernier recensement, et, bien entendu, le visage de la France a changé. Effectué par le soin des maires, il est organisé par l'INSEE (Institut national de la statistique et des études économiques). Dernier recensement du siècle, il est le premier à faire l'objet d'une saisie par lecture automatique de documents. Les évolutions de la technique d'acquisition des données ont permis d'augmenter le nombre des renseignements recueillis et d'en affiner l'exploitation. Elles ont fait des recensements des bases d'informations, qui éclairent les choix et l'action des agents économiques, des gouvernements, des partenaires sociaux, en matière de rénovation urbaine, de politique de l'emploi, de la famille, de la protection sanitaire. Elles en ont fait aussi des mines de renseignements pour les démographes, sociologues, économistes et historiens.
Le recensement en Europe et dans le monde
Les périodicités. Les pays de l'Union européenne effectuent des recensements tous les dix ans environ, sauf le Danemark, qui a suivi jusqu'en 1970 un rythme quinquennal, et l'Irlande, qui maintient ce rythme depuis 1946.
Les méthodes. On distingue les pays à recensement classique et les pays à registres.
– Dans les pays à recensement classique, les informations sont recueillies comme en France, par l'intermédiaire de questionnaires remis à la population. Ces questionnaires sont remplis directement ou font l'objet d'interviews menées par des enquêteurs. Une majorité de pays, tant dans l'Union européenne que dans le reste du monde, utilise la méthode classique.
– Dans les pays à registres, les informations sur la population sont issues de registres permanents tenus par les municipalités, où chaque habitant doit déclarer tout changement de domicile ou de situation. Parfois, des enquêtes et un recensement partiel viennent compléter ces données.
La plus ancienne opération statistique
En France, le premier recensement moderne eut lieu en 1801 à l'initiative de Napoléon. Indiquant que le pays comptait 33 111 962 habitants répartis dans les 98 départements qu'il comptait alors, il ne représentait, comme d'ailleurs le suivant qui fut organisé en 1806, qu'un simple dénombrement par commune.
Si, en France, ils sont réapparus voilà plus de deux siècles, ailleurs, les dénombrements remontent à l'Antiquité. On en trouve les traces dans l'Assyrie, l'Égypte et la Chine anciennes, il y a près de cinq mille ans. Ces opérations, organisées pour répondre à des nécessités militaires ou fiscales, revêtaient par ailleurs, semble-t-il, un caractère sacré. En témoigne, plus près de nous, le double dénombrement effectué par Moïse et Aaron, qui a donné son nom à l'un des livres de la Bible (les Nombres, où figurent les effectifs des tribus d'Israël). Et, plus près, cette opération trouve ses lettres de célébrité dans le deuxième des trois dénombrements qu'ordonne César Auguste. C'est au cours de celui-ci que devait naître le Christ, loin de chez lui, sachant que chaque famille devait se faire dénombrer dans sa ville d'origine.
De la fin de l'Empire romain d'Occident au début de l'ère moderne, la pratique des dénombrements semble tomber en désuétude en Europe. On ne peut guère citer qu'une demande de Charlemagne en 786 – l'empereur souhaitant connaître le nombre de ses sujets de plus de douze ans – et un état des paroisses et des feux demandé en 1328 par Philippe VI de Valois. À cette dernière époque, dans ses frontières actuelles, la France aurait compté environ 19 millions d'habitants.