Actualité mondiale

L'euphorie boursière

Malgré quelques replis occasionnels, Wall Street n'a cessé de battre des records depuis une dizaine d'années.
Le Dow Jones, l'indice qui mesure l'évolution des cours boursiers, n'a pas arrêté de monter : de 1 000 points en 1982 et 3 000 en 1992, il est passé à la fin juin 1997 à 7 500 points. De telles performances sont appréciées très diversement. Ainsi, pour le président de la Réserve fédérale américaine, il s'agit d'une « exubérance irrationnelle » qui peut annoncer un krach ; pour les analystes boursiers, il faut se montrer optimiste, voire euphorique, car ce n'est pas seulement Wall Street qui réagit à la hausse ; les grandes places boursières internationales sont également gagnées par cette euphorie.

À l'issue du premier semestre 1997, la plupart des grandes places boursières mondiales ont atteint de nouveaux sommets historiques. Le 20 juin 1997, par exemple, l'indice Dow Jones des trente valeurs vedettes s'est hissé à 7 796,51 points, soit un gain de 0,19 % par rapport à la clôture du 13 juin. Il s'agit du sixième record consécutif. Depuis le début de l'année, la Bourse américaine est montée de 19,59 % après une progression de 26,01 % en 1996. Quelque peu déconcertés au départ par la persistance de cette euphorie, les analystes boursiers américains n'en ont pas moins reconnu qu'il ne s'était pas produit depuis longtemps une convergence absolue et univoque de facteurs aussi favorables : dollar fort, taux d'intérêt bas, absence de tensions inflationnistes, baisse du taux de chômage (au niveau le plus bas depuis octobre 1975), performances remarquables des entreprises (entre la réduction des coûts et les gains de productivité) et surtout abondance des liquidités (donc d'argent frais).

Si depuis 1991 Wall Street a battu continuellement des records, c'est parce que les ménages américains ont investi toutes leurs liquidités disponibles. Ils ont ainsi préféré aux placements traditionnels (immobilier, assurance-vie, produits monétaires) les achats d'actions en Bourse sous le couvert de fonds communs de placement, acteurs désormais incontournables du système financier, et se sont même endettés à court terme. Enfin, Wall Street a également bénéficié d'un afflux de capitaux extérieurs provoqué par les conditions de financement avantageuses offertes aux investisseurs internationaux.

À Paris comme à New York

Comme les autres places financières internationales ont également connu la fièvre tout au long du premier semestre 1997, les analystes financiers ont estimé que la hausse boursière américaine s'était transmise aux Bourses européennes. Pour sa part, la place de Paris a suivi les traces des autres avec retard ; en approchant le seuil des 3 000 points, l'indice CAC 40 a battu un nouveau record historique ; les valeurs françaises ont progressé de 50 % entre septembre 1996 et juillet 1997. Cette euphorie persistante n'a pas été jugée tellement surprenante, car elle obéit à un scénario similaire à celle de Wall Street : reprise prévisible de la croissance sans inflation, amélioration de la rentabilité des entreprises en voie de restructuration dans de nombreux secteurs d'activité, attrait grandissant des investisseurs nationaux et internationaux pour les actions. Elle laisse tout de même un goût amer à tous ceux qui voient leur emploi menacé alors que la cote de leur entreprise ne cesse de monter.

G.R.

Profession : gourou

À la différence des places boursières européennes ou asiatiques, la Bourse de New York est dominée par deux sortes d'acteurs, souvent désignés du terme générique de « gourous ». Ceux-ci jouent le rôle d'oracle sur le marché des actions. La première génération des gourous regroupe des analystes boursiers attachés à de grandes maisons de courtage comme Merril Lynch, Solomon Brothers, Morgan Stanley ou Goldman Sachs. Ils prédisent l'évolution de la cote. La seconde génération est représentée par des consultants (tels ceux du cabinet new-yorkais Stern, Stewart and Co) qui recalculent le résultat opérationnel des entreprises afin d'optimiser leur utilisation du capital et d'améliorer leurs bénéfices.

L'après-Deng

À partir du milieu des années 90, alors que les apparitions publiques de Deng Xiaoping se faisaient de plus en plus rares, la Chine a offert aux yeux des Occidentaux l'image d'un État entraîné dans une croissance littéralement emballée, sur fond d'engourdissement politique apparent. En réalité, l'après-Deng avait déjà commencé. On sait que Jiang Zemin a tiré son épingle du jeu. Mais le statu quo politique affiché en 1997 pourrait bien voler en éclats.