P. F.

À quoi sert le G7 ?

Le sommet de Denver a surtout servi à introniser la Russie comme nouveau membre, grâce à la détermination du parrain américain. Pour le reste, eu égard au caractère hétérogène des discussions – économie, monnaie, maladies infectieuses, vieillissement de la population, Afrique, effet de serre, Bosnie, eau douce, Irak –, force est de constater qu'on n'y a pratiquement rien décidé et peu débattu. En revanche, on y a dépensé beaucoup d'argent et d'énergie en respectant, comme d'habitude, un consensus de façade.

Dollar fort, euro faible

5,20 francs en janvier 1997, 6,10 francs en septembre : le dollar s'appréciait de près de 20 % en neuf mois. Une bonne nouvelle pour la France. Un motif d'inquiétude pour l'Allemagne, alarmée par la perspective d'un euro « faible ».

Avec un déficit public maîtrisé, des chiffres de chômage et d'inflation au plus bas, des revenus des ménages en progression et des niveaux record de consommation, l'économie américaine entamait en 1997 la septième année d'un cycle continu de croissance, au plus grand profit du dollar. À la mi-année, la devise américaine accédait même au statut de valeur refuge face à la tourmente monétaire que connaissait l'Asie du Sud-Est. En France, la flambée du billet vert favorisait une légère reprise économique. Elle contribuait à améliorer les bénéfices des entreprises en gonflant la valeur de leurs opérations effectuées en dollars et en tirant à la hausse leurs exportations, moins chères et donc plus compétitives. Un dollar fort a l'inconvénient d'augmenter le prix des matières premières importées, comme le pétrole. Mais, tout au long de l'année, le cours de l'or noir baissait de près de 20 %, annulant l'effet haussier du dollar. Dopé, notamment, par les réallocations d'actifs asiatiques, la bonne tenue de Wall Street et les excellents résultats des entreprises françaises, le CAC 40 s'offrait le 3 septembre une hausse historique de 4,11 %.

L'inquiétude allemande

Jusqu'où allait monter le dollar ? À l'été, il atteignait un niveau pénalisant dangereusement les produits made in USA. Attentifs aux effets inflationnistes d'une possible surchauffe de l'économie américaine et à d'éventuels relèvements de taux de la Réserve fédérale, certains analystes prédisaient, dès septembre, une baisse du billet vert en 1998. Un scénario qui réjouirait grandement les autorités monétaires allemandes, inquiètes des conséquences sur le futur euro de la dépréciation du mark face au dollar. Les obligations du Trésor allemand sont en effet détenues à 40 % par des investisseurs étrangers. Chaque hausse de la devise américaine leur fait perdre de la valeur, incitant la Bundesbank à relever ses taux rémunérateurs, au risque d'entraîner à sa suite l'ensemble des taux d'intérêt européens et de casser net la reprise économique. Si tel était le cas, le principal critère de convergence vers la monnaie unique – un déficit public inférieur à 3 % du PIB en 1997 – ne pourrait être respecté ni par l'Allemagne ni par la France. L'union monétaire devrait alors se faire avec l'Italie, le Portugal et l'Espagne, des pays aux devises traditionnellement faibles. Face à une monnaie américaine triomphante, l'euro prendrait alors un bien mauvais départ. À moins que son lancement, prévu le 1er janvier 1999, ne soit repoussé.

J.-F. P.

Les Yo-Yo de la livre

Fin juillet, la monnaie britannique se hissait à près de 10,40 francs, son plus haut niveau en huit ans. Dopée par une économie qui connaissait un des taux de croissance les plus élevés d'Europe, elle bénéficiait alors d'un statut de monnaie à haut rendement. Mais, dès septembre, des signes d'essoufflement de l'activité apparaissaient. La livre plongeait alors à 9,60 francs, non loin de son seuil de support, confirmant qu'elle reste la monnaie la plus volatile du monde.

Les « tigres » dans la tourmente financière

Commencée le 2 juillet avec l'effondrement du baht thaïlandais, bientôt suivi par celui des monnaies philippine, birmane, malaise, indonésienne, singapourienne et hongkongaise, la crise financière en Asie du Sud-Est rappelait que les pays émergents peuvent subitement se transformer en « tigres de papier ».