Asie du Sud-Est
Malgré un ralentissement des exportations, l'essor économique, priorité des pays d'Asie du Sud-Est, se confirme en 1996. La course aux investissements s'intensifie sans ralentir l'intégration régionale. L'Association des nations d'Asie du Sud-Est (ASEAN), créée en 1967, et qui regroupe la Thaïlande, la Malaisie, Singapour, Brunei, l'Indonésie, les Philippines et, depuis 1995, le Viêt Nam, a signé, au cours de son cinquième sommet (décembre 1995) un traité faisant de l'Asie du Sud-Est une zone sans armes nucléaires.
Privilégiant l'harmonie régionale, l'ASEAN souhaite intégrer d'ici à l'an 2000 les trois autres pays de la zone. Envers la Birmanie des généraux, à l'opposé de l'isolement prôné par les Occidentaux, elle pratique un « engagement constructif ». Ouvert aux grandes puissances mondiales, le forum régional de l'ASEAN (FRA), qui examine les problèmes de sécurité en Asie (sans d'ailleurs s'appliquer à les résoudre), est dominé cette année encore par les ambitions chinoises en mer de Chine du Sud, sources de tensions avec la plupart des pays de l'ASEAN. C'est par des mesures visant à renforcer la confiance que l'Association cherche à prévenir les conflits régionaux. La première réunion au sommet, Asie-Europe (ASEM), se tient à Bangkok, les 1er et 2 mars 1996.
Birmanie
Le SLORC (State Law and Order Restauration Council, la junte militaire au pouvoir) s'efforce de consolider son pouvoir dans tous les domaines : sécurité, économie, politique. En janvier, l'armée birmane obtient la reddition de Khun Sa, « Seigneur de l'opium », par la négociation. Les Américains réclament en vain son extradition : la production d'opium dans le Triangle d'or va continuer. Un nouveau cessez-le-feu avec les Karen, qui avaient déjà dû déposer les armes en 1995, met fin aux rébellions qui ont secoué l'est du pays depuis 1949.
Les investissements étrangers commencent d'affluer (France, Singapour, Thaïlande, États-Unis, Malaisie, Grande-Bretagne) mais restent limités par la crainte de l'instabilité politique. Le taux de croissance a atteint 7,2 % en 1995, porté par une forte progression de la production agricole (riz, pêche, bois). Suite à la libération en 1995 d'Aung San Suu Kyi, la grande opposante à la junte, le Japon reprend son aide, gelée depuis 1988.
Pour la même raison, le SLORC avait obtenu un début de reconnaissance internationale en devenant observateur à l'ASEAN. Il s'attire de nouveau les critiques de l'opinion internationale en reprenant sa répression contre l'opposante, qui mobilise ses compatriotes et appelle les touristes, les investisseurs et les pays de l'ASEAN à boycotter le SLORC. Fin mai, la junte lance l'épreuve de force en arrêtant 258 activistes pour empêcher le congrès de la Ligue nationale pour la démocratie, et en organisant des contre-manifestations. Suu Kyi poursuit ses conférences hebdomadaires devant chez elle, mais une nouvelle vague d'arrestations (559 personnes) et de brutalités provoque des sanctions des États-Unis et de l'Union européenne. Quoique divisée, l'ASEAN décide de retarder l'admission de la Birmanie.
Chrono. : 26/06, 26/07, 24/10.
Thaïlande
En juin, le cinquantenaire du couronnement du roi Rama IX (soixante-huit ans) est l'occasion de grandes fêtes. Aimé et respecté, le roi, quoique sans pouvoir, conserve une énorme influence. En revanche, le gouvernement de Banharn Silpa archa, en place depuis juillet 1995, accusé de corruption, d'infractions financières et de mauvaise gestion économique affronte une première motion de censure en mai, puis une deuxième en septembre. Tandis que la Bourse plonge, le Premier ministre obtient le soutien conditionnel de ses alliés en promettant de démissionner. Mais, déjouant le projet de son ministre de la Défense, Chaovalith Yongchaiyuth, qui espérait lui succéder, il appelle à des élections générales le 17 novembre. C'est le New Aspiration Party (NAP), la formation de Chaovalith, qui les remporte, permettant à l'ancien ministre de la Défense de devenir Premier ministre, à la tête d'une coalition de cinq partis politiques. Sa tâche sera rude, car le succès économique thaïlandais a connu des revers cette année. Bien que le revenu annuel par tête atteigne 2 500 dollars, les inégalités et la pollution inquiètent. L'essor des exportations ralentit tandis que les importations se maintiennent, augmentant ainsi le déficit de la balance des paiements, qui représentait en 1995 8 % du PIB. Le taux de croissance est retombé à 7 %.