Micro à la main, avec des halètements, des sanglots et de grands silences, l'accusé se livre à un dernier numéro. Il demande pardon, dit que les souffrances l'habitent jour et nuit, puis s'adresse à sa femme et à ses enfants.
Et, en « bon professionnel », il repose le micro et se rassoit calmement. Mais il n'y aura pas de miracle : quatre heures plus tard, le jury le condamne à la réclusion criminelle à perpétuité, assortie d'une peine de sûreté de vingt-deux ans. Une condamnation qui laisse de marbre Jean-Claude Romand. Venu avec ses secrets, il repart avec.
Sur les bancs de la presse, un romancier a suivi avec attention les débats : il s'appelle Emmanuel Carrère. Il a obtenu le prix Femina 1995 pour la Classe de neige (P.O.L.), un roman inspiré par l'affaire du pédophile Van Geloven. Son prochain livre devrait être consacré aux mensonges et mystères de l'affaire Romand.
Renaud Vincent