L'activité marque un creux au premier trimestre (– 0,4 %). Les conditions climatiques rigoureuses freinent l'activité dans le secteur du bâtiment, réduisant fortement l'investissement. Les augmentations de salaire consenties en 1995, qui ont été appliquées jusqu'au début de l'année, et celles qui sont négociées en avril ternissent encore un peu plus les perspectives déjà moroses des industriels, dont les parts de marché à l'exportation se réduisent, parallèlement à l'appréciation du Mark. Les ménages bénéficient, en début d'année, d'allégements fiscaux qui ne suffisent cependant pas à améliorer leur confiance. Au printemps, l'attentisme prévaut en Allemagne, où les ménages comme les entreprises attendent un signe de reprise.
Celui-ci ne vient pas de la politique budgétaire, globalement restrictive, le déficit public s'étant aggravé par rapport à 1995. Le respect des critères du traité de Maastricht à l'horizon de 1997 est l'objectif majeur du gouvernement. Les allégements de la fiscalité du début de l'année sont, dans un premier temps, plus que compensés par le relèvement des cotisations sociales des employeurs. Mais l'ampleur du ralentissement surprend les économistes : au printemps, il a fallu réviser à la baisse les prévisions de recettes fiscales, à la hausse les dépenses d'indemnisation du chômage. Les perspectives restent sombres pour 1997, et il est déjà acquis, fin 1996, que le déficit public allemand de 1997 ne pourra pas être ramené à 3 % sans le relèvement de la TVA préconisé par Bruxelles.
La Bundesbank surprend les marchés financiers en abaissant ses taux d'intérêt, bien que la masse monétaire croisse plus rapidement que prévu et que le déficit public dépasse les critères de Maastricht : l'absence de tension inflationniste aidant, elle choisit délibérément d'accompagner la timide reprise du second semestre. La détente de la politique monétaire allemande permet aux autres pays d'Europe de soutenir eux aussi leur croissance.
Le commerce extérieur est favorablement orienté au second semestre, soutenu par la reprise des autres économies européennes et la légère dépréciation du Mark. La production et les investissements, stimulés par des taux d'intérêt bas, se redressent en fin d'année, confirmant de meilleurs perspectives pour les entreprises. A contrario, la consommation est moins importante que durant la première partie de l'année : le relèvement des cotisations sociales, qui pèse sur les revenus des ménages, et l'augmentation du chômage (10,5 %) les incitent à relever leur taux d'épargne (12 %, contre 11,5 en 1995).
Un important pacte pour l'emploi est élaboré au début de l'année par le gouvernement et les partenaires sociaux pour tenter d'enrayer la hausse du chômage, tout en permettant d'améliorer la compétitivité de l'économie allemande. Il propose un abaissement des impôts sur les sociétés, une baisse du taux des prélèvements sur plusieurs années et, surtout, une réforme du marché du travail, très mal perçue par les syndicats (extension des contrats à durée déterminée, baisse des allocations de chômage). La mise en place du plan est beaucoup plus longue que prévue, toutes les branches ne l'ayant pas ratifié en fin d'année et son financement s'avérant difficile à assurer ; d'où la décision, en été, de geler les salaires des fonctionnaires. Le plan ne donne pas de résultat tangible en 1996 : les mesures prises sont essentiellement incitatives et les effets de la réduction du coût du travail sur l'emploi ne sont jamais perceptibles immédiatement.
Dans le reste de l'Europe, la reprise se confirme au deuxième trimestre, les décalages de conjoncture entre les pays de l'Union européenne se réduisant fortement. À l'exception des Pays-Bas et du Royaume-Uni, tous adoptent des politiques budgétaires restrictives, dont l'effet récessif est tempéré par des politiques monétaires plus appropriées que par le passé.
Europe du Nord
Au Royaume-Uni, l'économie repart au second semestre : le gouvernement repousse l'assainissement des finances publiques jusqu'aux élections, et, si la croissance est modérée en 1996 (1,9 %), les perspectives pour 1997 sont excellentes (de l'ordre de 3 %). La baisse des taux d'intérêt et la poursuite de celle du taux de chômage (7,8 %), réduit d'un quart en quatre ans, contribuent à maintenir la confiance des ménages. Les entreprises, bénéficiant de l'appréciation de la livre et de leur bonne situation financière, accélèrent leurs projets d'investissement en fin d'année.