La banque centrale japonaise continue de soutenir l'activité, en maintenant les taux d'intérêt à de très faibles niveaux. L'inflation très basse lui permet d'abaisser encore ses taux à court terme (0,6 %, contre 1 % en 1995). La politique monétaire soutient donc l'activité, permettant aux ménages et aux entreprises de s'endetter à moindre coût. En revanche, le dollar continue de s'apprécier par rapport au yen, pesant sur la compétitivité des entreprises japonaises : l'excédent commercial se réduit à nouveau en 1996 (1,4 % du PIB).
Les banques japonaises entament en 1996 leur redressement. Elles étaient très affaiblies par la crise immobilière du début des années 90, plusieurs sociétés de crédit immobilier, ou jusen, ayant fait faillite à la fin de l'année 1995. Les institutions de crédit japonaises ne parvenant plus à emprunter à des conditions satisfaisantes, malgré le faible niveau des taux d'intérêt, les marchés financiers, suspicieux, leur imposant une forte « prime de risque ». Le gouvernement met en place en 1996 un programme d'assainissement du secteur bancaire : la surveillance des engagements des banques est renforcée, les pertes accumulées par les jusen sont partiellement prises en charge par l'État. Le reste du système bancaire peut ainsi entamer sa remise à flot, en accédant au marché monétaire à des taux plus intéressants et en apurant progressivement les créances douteuses.
La croissance japonaise atteint son plus haut niveau depuis cinq ans (2,7 %) grâce au dynamisme de l'investissement public et de la consommation des ménages. D'une part, les revenus financiers et immobiliers cessent de diminuer, les salaires ont progressé sensiblement ; d'autre part, cependant, la perspective d'une majoration des impôts en 1997, la montée du chômage à partir du second semestre et l'anticipation d'une reprise de l'inflation en fin d'année incitent, dans un deuxième temps, les ménages à augmenter leur épargne de précaution. Au total, l'augmentation de leurs revenus permet celle de la consommation (3 %, contre 2,5 % en 1995). L'inflation reste négligeable (0,4 %, après – 0,1 % en 1995), les entreprises profitant de la reprise pour exiger de leurs salariés d'importants efforts de productivité. Les importateurs, quant à eux, réduisent sensiblement leurs marges pour compenser l'appréciation du dollar par rapport au yen (108 yens pour 1 dollar, contre 94 en 1995).
La progression de l'investissement est encore faible (6 %, contre 3 % en 1995), les capacités de production restant sous-utilisées, les entreprises japonaises ayant profité par le passé de taux d'intérêt extrêmement bas, pour financer à moindres frais leurs investissements. En revanche, à cause de l'appréciation du dollar et de l'augmentation des coûts de production, les délocalisations se poursuivent, essentiellement vers l'Asie.
Le mythe de l'emploi à vie à la japonaise n'a pas disparu avec la récession. Le nombre de salariés continue de croître, ce qui ne permet cependant pas d'éviter une explosion du nombre de demandeurs d'emploi : le taux de chômage a atteint le niveau historique de 3,5 % en 1996 mais reste nettement inférieur à celui des autres pays développés. Ce taux de chômage est la principale raison de la faible progression de la productivité (le rapport entre la production et les effectifs des salariés japonais a très faiblement progressé depuis le début des années 90) : d'après la Direction de la prévision, il y a au Japon 2,5 millions d'emplois excédentaires en 1996. L'ajustement initié cette année porte sur les départs à la retraite ou sur la limitation des heures supplémentaires, mais il pourrait ne pas être mené à son terme, car, en dépit de la crise, les entreprises continuent d'anticiper le vieillissement de la population, qui leur posera dans les années à venir de sérieux problèmes de recrutement.
Ralentissement en Allemagne
Après une nette décélération en 1995, la croissance allemande reste faible au premier semestre. Le rebond du second semestre est modeste, traduisant le manque de confiance des consommateurs et des entreprises dans la reprise. Comme l'activité se trouve contrainte par l'évolution des salaires et de l'emploi, ainsi que par une politique budgétaire restrictive, la croissance n'est que de 1 % en 1996, après 2,1 en 1995.