Catherine Tastemain
Journaliste scientifique
Nobel 94 : les protéines G, relais de la communication entre cellules
Cette année, la récompense suprême en médecine et physiologie est allée à toute une famille de protéines, les protéines G, dont le rôle est essentiel à la vie des cellules : elles « traduisent », en quelque sorte, les signaux provenant de l'extérieur de la cellule et leur permettent de déclencher, cette fois à l'intérieur de la cellule, des processus vitaux. Martin Rodbell, 69 ans, et Alfred G. Gilman, 53 ans, tous deux américains, ont révélé la nature et la fonction des protéines relais.
Dans les années 70, Martin Rodbell, travaillant alors sur les récepteurs au glucagon au niveau du foie, montra que les cellules avaient besoin de 3 éléments indépendants pour qu'un message extérieur (hormone, neurotransmetteurs, cytokines, lumière) soit converti en réponse interne. Selon lui, il fallait un récepteur, un élément relais ou transducteur et un amplificateur. Cet élément relais, M. Rodbell décrivit son rôle et s'aperçut qu'il fonctionnait uniquement en présence de beaucoup d'énergie. Mais son identité resta mystérieuse jusqu'à ce que, quelque 15 ans plus tard, Alfred Gilman réussisse à l'identifier et à le purifier : la protéine G – ainsi nommée parce qu'elle se lie à la molécule guanosine triphosphate (GTP), hautement énergétique – était découverte.
Depuis, la liste des protéines G s'est considérablement allongée. Elles interviennent dans une multitude de processus vitaux, par exemple l'ouverture et la fermeture des canaux, la division cellulaire, la contraction musculaire et probablement beaucoup d'autres. Elles sont souvent la cible de toxines, comme la toxine du choléra ou celle de la coqueluche.