La situation n'est guère plus brillante sur le front de la voiture électrique. Directement concernés par les souhaits des Californiens, les constructeurs US mesurent mieux que d'autres la gageure. Los Angeles s'étend sur plus de 100 km de long ; concevoir une voiture urbaine électrique revient à lui donner une autonomie d'au moins 200 km, exactement le double de l'autonomie des meilleurs véhicules actuels, et encore à des vitesses si basses qu'elles sont incompatibles avec la circulation sur les « highways » ! Voilà pourquoi l'industrie US tout entière s'est mobilisée pour mettre au point, au plus vite, la batterie miracle qui résoudra son problème. En violation des lois antitrust, et donc avec la totale complicité des autorités, a été créé l'ABC, American Battery Consortium, qui regroupe autour des constructeurs automobiles les grands noms de l'industrie électro/électronique ainsi que tous les grands laboratoires du pays. Là encore, un grand silence règne, même si des informations fragmentaires font déjà état de progrès décisifs... dans les chargeurs de batterie, devenus hyperrapides.

L'Europe, troisième grand marché automobile de la planète, ne néglige pas le futur mais doit gérer sa crise au quotidien. Voilà pourquoi l'année 1993 a vu le lancement de 11 nouveaux modèles, un score encore jamais atteint... et qui rassure à la fois sur la créativité technique européenne et sa capacité de défense. Citroën Xantia, Ford Mondeo, Lancia Delta, Mercedes-Benz C, Opel Corsa, Peugeot 306, Renault Twingo, Rover 600, Saab 900, Seat Ibiza/Cordoba, Fiat Punto, le renouveau est général, dans tous les pays et dans toutes les gammes. Il s'agit là d'une nouvelle génération de voitures européennes, en rupture avec la précédente sur deux points importants, l'équipement et la sécurité. Le ton a été donné par la Mondeo, première voiture « mondiale » de Ford, conçue par itérations successives entre Detroit et Cologne, à travers l'Atlantique par satellite. Point fort de la Mondeo vendue en France, un équipement de série comprenant climatisation, ABS, anti-patinage, barres de sécurité dans les portières et Airbag conducteur. Avec une conception des trains plus rigoureuse et un moteur Zeta 4 cylindres à 16 soupapes, la Mondeo a su séduire l'Europe, d'autant que son prix restait intéressant. Elle est le premier maillon d'une longue chaîne puisque même des petites voitures comme la Punto (remplaçant la Uno) sont aujourd'hui dotées des mêmes équipements sophistiqués. Sécurité et équipement, voilà donc les deux nouveaux axes de développement de l'automobile européenne, qui lui permettront de mieux lutter contre les Japonais et les Américains, déjà adeptes d'une telle philosophie. Est-ce à dire que les valeurs traditionnelles, brio, tenue de route, économie, sont oubliées ? Pas du tout, c'est une des caractéristiques majeures du produit automobile, il ne renonce jamais aux acquis obtenus précédemment. Voilà pourquoi l'Europe automobile est engagée dans une nouvelle course-poursuite, celle de l'allégement.

Saab plus fort qu'Apollo XI !

Les progrès de l'électronique sont proprement fabuleux, et l'automobile en profite largement. On peut s'en apercevoir en comparant un ordinateur Saab Trionic, gérant le moteur Saab Ecopower 1993, à celui ayant piloté la mission lunaire Apollo XI de 1969...

Avec ces chiffres, on mesure mieux pourquoi les moteurs modernes sont si bien dépollués : une électronique hyperpuissante et de taille réduite ajuste avec une précision absolue l'injection de carburant et l'allumage, en fonction de très nombreux paramètres.

Régime minceur

Avec l'adoption des catalyseurs sur tous les véhicules neufs, la pression écologiste sur les constructeurs européens est retombée d'un cran. Mais seulement pour les « polluants référencés », les HC, hydrocarbures imbrûlés, NOx, oxydes d'azote, et CO, monoxydes de carbone ; le CO, dioxyde de carbone, non toxique et indispensable à la vie des plantes, reste dans le collimateur. On l'accuse de favoriser l'« effet de serre », et donc de réchauffer indirectement la planète. En oubliant d'en favoriser la consommation par des arbres plus nombreux, on souhaite que les automobiles en produisent moins, en diminuant leur consommation.