Technologies de la communication
La crise incite les industriels à réfléchir, à s'associer, à gagner du temps... Il s'agit d'éviter de ruineuses batailles technologiques ou de normalisation. L'année a été marquée par plusieurs initiatives communes qui tournent autour de la formidable bataille de la communication née de la convergence entre les télécommunications et l'informatique, les réseaux, l'édition électronique et l'audiovisuel... Dans ce nouveau domaine du « multimédia », la course aux alliances industrielles s'est récemment accélérée. Aux États-Unis où autour des grandes firmes qui dominent les marchés mondiaux de l'électronique et des loisirs se constituent des groupes puissants aux multiples ramifications. Ces mariages de « géants » visent à imposer des standards, à répartir les coûts élevés de R&D, à partager les risques... Cette révolution du « multimédia » rappelle les années d'effervescence autour de la naissance de l'ordinateur...
La télévision numérique (Direct TV) va démarrer dès 1994 aux États-Unis. Pariant sur l'explosion du tout numérique, les industriels de l'électronique et des télécommunications sont en première ligne sur trois grands axes porteurs. Tout d'abord, le « contenu » de ces transmissions numériques : banques de données, services à grande diffusion, musique, livres, films et cassettes... Vient ensuite la palette des « supports » techniques de transmission : réseau téléphonique, télévision par câble, satellites, réseaux hertziens... Enfin, les outils de « manipulation » de l'information par les logiciels d'exploitation et les terminaux : les ordinateurs personnels (qui évoluent vers des « communicateurs » ou PDA : Personal Digital Assistant), les systèmes électroniques de verrouillage ou de cryptage pour filtrer ces flux d'information. Les abonnés auront en effet à choisir entre 500 chaînes numériques. Les magnétoscopes aussi seront numériques, ce qui représente un saut technologique pour ces appareils qui assureront des enregistrements et des lectures de haute qualité sans distorsion ni défaut de synchronisation. Ils pourront surtout enregistrer plusieurs programmes en même temps parmi ceux diffusés par les différentes chaînes et transmis par le câble.
Concentration autour des grands groupes américains
Les rapprochements se poursuivent entre les spécialistes de la télévision par câble et les détenteurs de programmes. Viacom, quinzième câblo-opérateur américain, a pris en septembre le contrôle de Paramount Pictures pour donner naissance à l'un des plus puissants empires de communication au monde (6 milliards de dollars). D'autres regroupements se sont constitués autour de deux géants américains du câble : Time Warner (7 millions d'abonnés) et TCI (Tele-Communications Inc., 10 millions d'abonnés). Par le jeu subtil de filiales, ces deux compagnies s'étaient associées à des compagnies régionales de téléphone comme US West, l'une des huit « Baby Bell » issues du démantèlement d'ATT. Elles ont aussi investi dans les technologies du logiciel pour la télévision interactive en s'associant avec Microsoft (numéro un mondial du logiciel, créateur du système d'exploitation Windows des PC) ou Silicon Graphics, spécialisé dans les techniques d'images de synthèse... Finalement, en octobre, une autre « Baby », la Bell Atlantic, a racheté TCI, qu'elle a associé à Liberty Media, une société de programmes audiovisuels, afin d'avoir accès à plus de 22 millions d'abonnés au câble et au téléphone. Ces grandes manœuvres autour de Bell Atlantic marquent la naissance du plus grand groupe mondial de « distribution » d'information.
Le « boom » des mobiles renforce « Big Brother »
Près de 20 000 Parisiens sont déjà porteurs du Bi-Bop, combiné de poche qui permet de téléphoner directement depuis la rue. 2 000 bornes ont été implantées dans la capitale depuis le printemps dernier. Dans les voitures, 500 000 radiotéléphones sont aussi en service. Cette vogue des « mobiles » a aussi trouvé une application en contrôle des véhicules avec le « marqueur électronique » de la société Volback. Dissimulé à bord, il se déclenche lorsque la voiture passe à proximité d'une des 1 300 antennes de détection installées sur le réseau routier : ces passages enregistrés par des ordinateurs servent, entre autres, à suivre les déplacements des voitures volées. Volback compte déjà plus de 100 000 abonnés.