Plus au sud, l'Australie assume de plus en plus activement ses responsabilités régionales. Grâce au voyage effectué par M. Michel Rocard au cours de l'été, la France a fait une rentrée diplomatique remarquée ; son action est considérée comme positive depuis que le référendum du 6 novembre 1988 en Nouvelle-Calédonie a laissé espérer une évolution lente vers une solution non violente, malgré des événements parfois tragiques.

Les pays du Pacifique s'organisent entre eux et les Européens peuvent s'inquiéter pour leur présence dans la région s'ils sont exclus de cette organisation de coopération économique régionale, préconisée par le Premier ministre australien, que l'on nomme déjà l'OCDE du Pacifique.

Jean-Pierre Gomane

Afrique

Ouvert le 24 juillet, le 25e sommet de l'OUA, depuis lors présidée par Hosni Moubarak, a élu Salim Ahmed Salim secrétaire général, grâce à un compromis surmontant les divisions entre anglophones et francophones. L'OUA a rappelé que l'Afrique réclamait toujours, mais en vain, une conférence sur sa dette, estimée à 237 milliards de dollars. L'annulation, par la France, de celle de 35 pays pauvres (soit 16 milliards de F), annoncée lors du 3e sommet de la francophonie (Dakar, 24-26 mai), a été bien accueillie, mais les pays africains dits « à revenu intermédiaire » attendent un nouvel effort.

Les politiques d'ajustement structurel ont été mises en cause. Pour la Banque mondiale, l'effort est probant : entre 1985 et 1987, les pays « ajustés » ont augmenté leur production agricole de 2,6 % l'an, leurs exportations de 4,6 % l'an, et, globalement, l'Afrique subsaharienne se porte mieux, avec 3 % de croissance en 1988 (Afrique du Sud exceptée). Pour les dirigeants africains, la pilule est plus amère : les investissements ont régressé, le service de la dette a été alourdi et la consommation des ménages a chuté. Les coûts sociaux de l'ajustement deviennent insupportables et des réformes économiques à visage humain sont préconisées. Le déblocage des négociations pour le renouvellement de la Convention de Lomé est survenu le 27 juillet. Mais les perspectives communautaires africaines demeurent incertaines, et le 12e sommet de la CEDEAO (Ouagadougou, 29-30 juin) n'a pu que constater l'enlisement.

En Afrique australe, le climat est plutôt à l'ouverture. L'arrivée au pouvoir de Frederik De Klerk à Pretoria, après la démission de Pieter Botha, le 15 août, est plus qu'un changement d'homme. Le dialogue engagé avec la communauté noire, la suppression partielle de la ségrégation à Johannesbourg (26 septembre) et surtout la libération de sept dirigeants de l'ANC le 17 octobre, dont Walter Sisulu, bras droit de Nelson Mandela, constituent une brèche dans l'apartheid. Entre le 7 et le 11 novembre, la Namibie a élu son Assemblée constituante, qui doit lui permettre d'accéder à l'indépendance.

Les négociations sur l'Angola s'intensifient grâce à de nombreuses médiations africaines, après l'accord de cessez-le-feu signé le 22 juin à Gbadolite (Zaïre). Des pourparlers de paix ont été engagés, le 7 août, au Kenya, entre le gouvernement mozambicain et la Renamo. La conciliation l'emporte aussi entre le Tchad et la Libye. Hissène Habré et le colonel Kadhafi sont parvenus à un accord, le 31 août, visant à régler pacifiquement la question de la bande d'Aouzou.

En contrepoint tragique, les pillages et les tueries réciproques entre Sénégalais et Mauritaniens, fin avril-début mai, à Dakar comme à Nouakchott, ont abouti à la rupture des relations diplomatiques, le 21 août, entre les deux pays, dans un contexte de haine et d'exode de populations de part et d'autre de la vallée du fleuve Sénégal, dont l'aménagement avive les tensions. De violentes émeutes ont ensanglanté Mogadiscio, le 14 juillet, et la guerre civile, déjà étendue au nord de la Somalie, a gagné le sud du pays. Alors que les dirigeants éthiopiens lancent des appels à la mobilisation contre la rébellion du Tigré, les négociations avec les maquisards d'Érythrée échouent, et le séparatisme gagne le Sud-Est. L'Éthiopie s'enfonce dans la guerre, et le Soudan, gouverné depuis le 30 juin par une junte islamique, est toujours en proie aux divisions.