Dans ces conditions, les progrès de l'alphabétisation, de l'enseignement, de l'information, conjugués à une forte croissance démographique, multiplieront probablement par 5 dans les 10 ans à venir le nombre d'Africains francophones. Car, pour le moment environ 10 % seulement des citoyens des pays officiellement francophones s'expriment couramment en français.

Autre zone d'expansion spectaculaire : l'Amérique du Nord, où, depuis 1967, on assiste au réveil bruyant de la francophonie.

Le Québec (5 millions d'habitants), où depuis 1977 le français est devenu seule langue officielle, est un foyer de rayonnement culturel, qui diffuse la francophonie tous azimuts. À Ottawa même, les autorités ont adopté le bilinguisme et participent à toutes les assises de la francophonie ; dans les provinces canadiennes du Manitoba et de l'Ontario, en Acadie, mais aussi dans les États américains de Louisiane, du Maine, du Vermont, des équipes d'enseignants québécois se succèdent pour ranimer et déployer la francophonie.

Dans le Maine, l'adoption du français comme langue officielle a été rejetée par 1 voix seulement. Cette question devrait être réexaminée.

Certes, tout n'est pas rose, et la crise démographique grave que connaît le Québec — avec le taux de fécondité le plus bas du Canada — suscite des inquiétudes.

Mais, comme le remarque Hubert Joly, secrétaire général du CILF « jamais autant de personnes n'ont si bien parlé le français dans le monde ». Et ce phénomène ne cessera de prendre de l'ampleur, en Afrique et en Amérique, mais aussi en Europe. Le chef de la diplomatie égyptienne, Boutros Ghali, est catégorique : « Nous voulons, dit-il en février 1981, que le français retrouve sa place de première langue étrangère, ex aequo avec l'anglais. » Au Canada anglophone, en Suisse alémanique, en Belgique flamande, une proportion de plus en plus élevée de la population adopte le français comme deuxième langue.

Le français semble à court terme condamné à jouer les seconds rôles. Mais à quel niveau le français se situera-t-il derrière ses concurrents ? Sera-t-il le parent pauvre, qui se contente des miettes abandonnées par ses rivaux, ou jouera-t-il les brillants et remuants seconds, en poursuivant sa remontée spectaculaire en Amérique du nord et en Afrique ?

Ce sont les associations francophones et surtout les autorités des pays francophones — encore bien divisés, comme le montre le report delà Conférence francophone de Dakar en décembre 1980 — qui, par leurs politiques volontaristes, pourront éventuellement faire la différence.

Le programme d'action défini le 22 janvier 1981 par le HCLF propose plusieurs objectifs ambitieux : assurer la qualité du français, sa vitalité, lui redonner sa fonction de grande langue de communication internationale. Mais, plus que ces déclarations d'intentions, le démarrage prochain du centre émetteur francophone de Moyabi (Gabon), qui sera la station de radio la plus puissante d'Afrique, et la mise en place, en février 1981, à Kourou (Guyane française) de trois émetteurs à destination de l'Amérique latine feront progresser la cause du français.

Les principales organisations francophones

– Agence de coopération culturelle et technique (AGECOOP) ; fondée en 1970. Publications : Direct (mensuel), AGECOOP liaison (bimestriel). 19, avenue Messine, 75008 Paris.

– Alliance française ; fondée en 1883. Publication : Bulletin mensuel d'information de l'Alliance française. 101, boulevard Raspail, 75006 Paris.

– Association des universités partiellement ou entièrement de langue française (AUPELF) ; fondée en 1961. Publications : Universités (trimestriel), Revue de l'AUPELF (annuel). 173, boulevard Saint-Germain, 75006 Paris.

– Association internationale des parlementaires de langue française (AIPLF) ; fondée en 1967. Publication : Revue des parlementaires de langue française. 54, avenue de Saxe, 75015 Paris.

– Conseil international de la langue française (CILF) ; fondé en 1967. Publication : La clé des mots (semestriel). 103, rue de Lille, 75007 Paris.

– Haut comité de la langue française (HCLF) ; fondé en 1966. Publication : Media et langages (mensuel). 32, rue de Babylone, 75007 Paris.

– Union internationale des journalistes et de la presse de langue française (UIJPLF) ; fondée en 1952. Publication : La gazette de la presse de langue française (bimestriel). 3, cité Bergère, 75009 Paris.