Traumatisés par l'incendie de l'ambassade d'Espagne le 31 janvier 1980 (Journal de l'année 1979-80), ils ont donné le nom du seul survivant de la tragédie, rapidement assassiné, Gregorio Yuja Xona, à un nouveau front de guérilla agissant dans le centre du pays.

La répression, organisée par des groupes paramilitaires d'extrême droite, se renforce d'autant. Selon un rapport d'Amnesty International, les massacres prennent l'allure d'un génocide et touchent toutes les couches de la population : paysans soupçonnés de fournir des vivres aux guérilleros, responsables politiques et syndicaux qui entendent jouer le jeu démocratique, avocats, journalistes et étudiants qui défendent la cause des opprimés.

C'est ainsi que, le 1er avril et le 1er juin 1981, des dizaines de paysans sont abattus à la mitraillette, dans le Nord-Ouest.

Dans cette répression, l'Église catholique n'est pas la moins atteinte. Des missionnaires quittent le pays et d'autres membres du clergé se réfugient dans la clandestinité. Aux victimes s'ajoutent des dizaines de milliers de paysans, errant par familles entières à la recherche problématique de terres et de travail.

Depuis la démission, le 1er septembre 1980, du vice-président de la République, Villagran Kramer, libéral, personne n'est en mesure de freiner la lutte impitoyable engagée pour sauver une oligarchie cramponnée à ses privilèges. Washington a repris en juin 1981 ses livraisons d'armes, mettant fin à l'embargo décrété en 1977 par le président Carter.

Guyana

Georgetown. 870 000. 4. *2,4 %.
Économie. PIB (76) : 562. Productions (76) : A 21 + I 33 + S 46. Énerg. (76) : 1 072. CE (76) : 62 %.
Transports. (74) : 6 M pass./km. (*77) : 28 400 + 14 700.
Information. (74) : 3 quotidiens ; tirage global : 120 000. (76) : *275 000. (75) : 37 500 fauteuils ; fréquentation : 8,6 M. (76) : 23 000.
Santé. (74) : 237. Mté inf. (72) : 50,5.
Éducation. (76). Prim. : 140 395. Sec. et techn. : *75 000. Sup. (73) : 2 307.
Armée.  : 5 000.
Institutions. État indépendant le 26 mai 1966. République proclamée le 23 février 1970. Nouvelle Constitution de type présidentiel (février 1980). Chef de l'État : Forbes Burnham, depuis le 6 octobre 1980 et confirmé par l'élection du 15 décembre 1980 ; succède à Arthur Chung.

Haïti

Port-au-Prince. 4 920 000. 177. *1,6 %.
Économie. PIB (76) : 250. Productions (76) : A 41 + I 19 + S 40. Énerg. (76) : 28. CE (76) : 9 %.
Transports. (76) : 18 700 + 2 400.
Information. (75) : 7 quotidiens, tirage global : 93 000. (76) : *95 000. (76) : *14 000. (76) : 18 000.
Santé. (76) : 418.
Éducation. (76). Prim. : 510 683. Sec. et techn. : *56 000. Sup. : 3 309.
Armée.  : 7 500.
Institutions. République. Constitution de 1946. Président à vie : Jean-Claude Duvalier ; succède, le 22 avril 1971, à son père, François Duvalier, décédé.

Poudrière

Plusieurs centaines d'arrestations parmi les hommes politiques et les journalistes marquent sans ambiguïté, le 29 novembre 1980, la fin de la timide libéralisation amorcée depuis deux ans.

Les prétextes invoqués sont la publicité donnée à la tragédie de Cayo Lobos (îlot des Bahamas d'où ont été expulsés à coups de matraquages, et même par les armes, 118 malheureux réfugiés haïtiens, jetés là par la tempête) et l'impertinence des questions posées lors de la conférence de presse du ministre Robert Galley, à Port-au-Prince le 22 novembre 1980.

Les vraies raisons du durcissement sont ailleurs : le départ du président Carter, garant du processus de libéralisation haïtien, et surtout la multiplication des incidents entre la police et la population misérable (la plus pauvre de l'Amérique latine). Le remaniement ministériel du 5 janvier 1981, qui fait d'un duvaliériste de la première heure, Édouard Berrouet, le ministre de l'Intérieur et celui de la Défense nationale, sonne l'heure de la manière forte.

La crise de l'agriculture et le sous-développement condamnent au chômage 80 % de la population active, faisant de l'île une véritable poudrière. Le scandale de la main-d'œuvre réduite à un travail extrêmement pénible dans les plantations de la République dominicaine, pour le plus grand profit du gouvernement de Jean-Claude Duvalier, est désormais connu du monde entier.