Pour compenser cette perte, le gouvernement d'Ottawa devra débourser 3,6 millions de dollars par jour pour le pétrole importé.

Pétrole

Même si le Premier ministre du Canada est prêt à reprendre les pourparlers avec l'Alberta, toute entente est impossible. En fait, depuis le retour au pouvoir des libéraux, le 18 février 1980, le nouveau ministre de l'Énergie, Marc Lalonde, ne réussit pas à établir avec les Albertains un prix du pétrole. Peter Lougheed refuse tout arrangement qui lui donnerait moins que ce que proposait l'ancien chef du gouvernement canadien, Joe Clark, à l'automne 1979.

L'Alberta veut augmenter le prix de son pétrole, vendu 14,75 dollars le baril, de sorte qu'il atteigne 75 % du prix mondial. En revanche, le gouvernement Trudeau tient, de son côté, à lier le prix du pétrole intérieur à la production et aux coûts des produits de remplacement.

Alors que les Premiers ministres Trudeau et Lougheed se rencontrent les 22 et 23 juillet 1980, sans succès, un autre point de désaccord surgit : Ottawa désire imposer une taxe sur les exportations de gaz naturel. Révoltées, les provinces de l'Ouest considèrent ce projet comme une autre ingérence du gouvernement fédéral dans les compétences des provinces.

L'Alberta place le ministre Marc Lalonde devant le fait accompli, le 31 juillet, en augmentant de 2 dollars son baril de pétrole et en promettant une nouvelle hausse le 1er octobre.

Francophonie

Tandis qu'Edmonton tourne d'un cran le robinet du pétrole, le gouvernement fédéral achète au coût de 1,5 milliard de dollars la société Pétro-Fina. Ce sont, cependant, les consommateurs canadiens qui paient cette acquisition, puisqu'ils déboursent, à compter du 1er mars 1981, un demi-cent de plus pour le litre d'essence à la pompe.

Cette politique d'autosuffisance énergétique s'applique au moment où une enquête fédérale sur les coalitions révèle que les sociétés pétrolières canadiennes ont facturé 12 milliards de dollars en trop aux consommateurs, entre 1958 et 1973.

En novembre 1980, le différend Ottawa-Paris s'aiguise au sujet de la participation du Québec au sommet des pays francophones, à Dakar, au cours duquel on doit discuter de la création d'une sorte de commonwealth des pays francophones.

Le Québec, appuyé par la France, désire une représentation ministérielle au sein de la délégation canadienne, tandis que le ministre fédéral des Affaires extérieures, Mark Mac Guigan, n'accepte que la présence d'un fonctionnaire avec le titre de conseiller.

Le 22 novembre, quinze jours avant le sommet, le Premier ministre Trudeau arrive à Paris, à l'issue d'une tournée en Arabie Saoudite, au Nord-Yémen, en Égypte et en Allemagne, pour rappeler au président Giscard d'Estaing que le Canada n'a qu'une seule voix au plan international.

Personne, et surtout pas la France, dit-il, n'allait lui dicter la composition de la délégation canadienne à Dakar, d'autant, affirme-t-il, que la situation politique s'est éclaircie au Québec depuis le référendum du 20 mai, cette province ne pouvant plus aspirer à quelque rôle significatif au niveau international.

Le Québec n'obtient pas satisfaction, et la France décide, le 3 décembre 1980, de ne pas participer au sommet des pays francophones, que d'ailleurs Dakar annule. Ottawa affiche ouvertement son mécontentement, le 22 janvier 1981, et s'en prend à Paris, qui va, selon lui, trop loin dans la connivence avec le Québec. Et, pour bien souligner son insatisfaction, le gouvernement Trudeau soutient le boycottage par des députés fédéraux d'une réception à l'ambassade française.

La tension entre Ottawa et Paris n'empêche pas le Premier ministre québécois, René Lévesque, d'entreprendre, du 11 au 14 décembre 1980, une visite des capitales belge et française. Ses entretiens avec les dirigeants politiques donnent une nouvelle impulsion aux projets de coopération avec les deux pays.

À Bruxelles, il trouve un nouvel allié dans la communauté francophone de Wallonie, tandis que Paris donne un appui implicite au gouvernement Lévesque dans le débat constitutionnel, Raymond Barre souhaitant l'affirmation de la personnalité du Québec.

Décès du père de la Révolution tranquille

Le 12 décembre, le Québec est en deuil. Le père de la Révolution tranquille québécoise, Jean Lesage, meurt dans la vieille capitale, à l'âge de 68 ans. Après avoir été ministre à Ottawa, il devient Premier ministre du Québec en 1960. Sous son impulsion, la société québécoise se transforme radicalement jusqu'en 1966, année où il perd le pouvoir : réformes sociales, création d'un ministère de l'Éducation (en 1960, seulement la moitié des Québécois âgés de 13 à 16 ans fréquentaient l'école ; en 1965, ils étaient 80 % à y avoir accès) et nationalisation de l'hydroélectricité.

Argentine

Buenos Aires. 26 730 000. 10. 1,4 %.
Économie. PIB (75) : 1 934. Productions (75) : A 12 + I 40 + S 48. Énerg. (76) : 1 804. CE (75) : 6 %.
Transport. (*77) : 12 011 M pass./km, 11 567 Mt/km. (74) : 2 027 500 + 879 800.  : 2 001 000 tjb. (77) : 2 291 M pass./km.
Information. (75) : 164 quotidiens ; tirage global : *2 773 000. (75) : *21 000 000. (75) : *4 500 000. (75) : 774 200 fauteuils ; fréquentation : 82,2 M. (77) : 2 342 000.
Santé. (75) : 48 693. Mté inf. (70) : 59.
Éducation. (77). Prim. : *3 620 000. Sec. et techn. : *1 325 000. Sup. (77) : 619 950.
Armée.  : 139 500.
Institutions. République fédérale. Constitution de 1953, amendée par le Statut de la révolution (29 juin 1966). Président : général Roberto Viola ; succède, le 29 mars 1981, au général Jorge Rafael Videla.

Succession

Indifférent au boycott des JO de Moscou par les États-Unis, en juillet 1980, le général Jorge Rafael Videla, chef de l'État argentin, manifeste sa mauvaise humeur à l'égard de la politique des droits de l'homme du président Jimmy Carter, en accroissant les échanges de son pays avec l'URSS. En quelques mois, malgré l'embargo de Washington sur l'exportation des céréales à destination du marché soviétique, l'Argentine vend à Moscou 20 % de sa production de blé, une des plus importantes du monde occidental.